lundi 18 novembre 2013

Le Rouge et le Noir

4e de couverture: « C'était un petit jeune homme de dix-huit à dix-neuf ans, faible en apparence,avec des traits irréguliers, mais délicats,et un nez aquilin. Qui eût pu deviner que cette figure de jeune fille, si pâle et si douce, cachait la résolution inébranlable de s'exposer à mille morts plutôt que de ne pas faire fortune. Dès sa première enfance, il avait eu des moments d'exaltation. Alors il songeait avec délices qu'un jour il serait présentés aux jolies femmes de Paris, il saurait attirer leur attention par quelque action d'éclat. Pourquoi ne serait-il pas aimé de l'une d'elles, comme Bonaparte, pauvre encore, avait été aimé de la brillante Mme de Beauharnais ? Depuis bien des années, Julien ne passait peut-être pas une heure de sa vie sans se dire que Bonaparte, lieutenant obscur et sans fortune, s'était fait le maître du monde avec son épée. Cette idée le consolait de ses malheurs qu'il croyait grands, et redoublait sa joie quand il en avait. »

Attention Spoilers (je raconte l'intrigue  du roman et son dénouement, donc, ne lisez pas si vous voulez garder le suspens)

Antoine Berthet, fils du maréchal-ferrant du village de Brangues, remarqué par le curé pour sa vivacité d'esprit, entra au séminaire, puis le quitta pour raison de santé. Il devint précepteur des enfants d'un dénommé Michoud, et, accessoirement l'amant de son épouse. Après un court séjour au grand séminaire à Grenoble, dont il fut exclu, Berthet redevint précepteur dans une famille noble, les Cordon dont il fut chassé après que le père eu découvert sa liaison avec sa fille. Dégoûté de n'être pas reconnu et considéré à l'aune de son intelligence, il devait retourner dans son village natal et, durant la messe dite par son ancien bienfaiteur, tirer un coup de pistolet sur celle qui avait été sa maîtresse, Mme Michoud. Il fut guillotiné à Grenoble, le 23 février 1828; il avait 25 ans. (p. 673 Postface)

Fin des Spoilers

Cet Antoine Berthet, protagoniste de ce fait divers, devint sous la plume de Stendhal, Julien Sorel. 

Julien Sorel: ce nom est connu de beaucoup de personnes, même ceux qui n'ont pas lu une seule ligne du "Rouge et le Noir". 
Pour ma part, c'est la 2e fois que je lis ces (mé)saventures. 

"Le Rouge et le Noir" est le premier "classique" que j'ai lu pour mon plaisir: j'avais 16 ans. J'avais été intrigué par un extrait du roman que j'avais étudié en cours. J'ai alors voulu en lire plus. 
Le roman se compose de deux grandes parties bien distinctes: la première qui raconte la vie de Julien à Verrières et sa relation avec Mme de Rênal et une deuxième, qui conte ses aventures parisiennes. 
Je me souviens que j'avais aimé la première partie: la relation entre Julien et Mme de Rênal que je trouvais très romantique. La partie "parisienne" du roman m'avait lassé et mon intérêt n'était revenu que dans les derniers chapitres: ceux du drame qui se joue devant les yeux du lecteur. 

C'est avec l'arrivée dans ma bibliothèque d'un nouvel exemplaire du "Rouge et le Noir" que j'ai effectué cette relecture, 20 ans plus tard. Mon avis a sensiblement évolué. 
Tout d'abord, j'ai cette fois ci préféré la 2e partie du roman, à la première. La relation de Mme de Rênal et Julien m'a laissé indifférent. J'ai préféré le petit jeu de séduction et de pouvoir qu'exerce Julien sur Mathilde de la Mole. J'ai également trouvé que Julien Sorel n'était pas le romantique que j'avais imaginé adolescent: j'ai vu en lui un être ambitieux, prêt à tout pour réussir, quitte à se jouer des femmes, à les séduire, quitte à détruire leur réputation. Je n'ai vu aucun romantisme dans sa démarche: serais-je devenu sans coeur? Pas spécialement. Simplement, je pense que j'ai compris le livre autrement. 

La plume de Stendhal est un peu difficile d'accès, ne nous voilons pas la face: il m'a fallu quelques pages pour entrer dans son écriture. Toutefois, j'ai trouvé cette écriture très belle, romantique: le Rouge et le Noir, malgré son époque bouleversée par beaucoup de changement est plus un roman psychologique que politique (les chapitres "politiques" sont très peu nombreux et pourtant captivants: la mission de Julien pour le Marquis de la Mole font parti de mes préférés.): c'est un roman "d'amour" et de passions amoureuses, où les discours intérieurs sont légions. Et justement, j'ai trouvé le personnage de Mathilde très intéressant cette fois ci: j'ai aimé son caractère fort qui, certes, peut être agaçant à la longue: un tempérament de jolie petite fille riche, mais qui m'a légèrement plu aux tourments de Madame de Rênal. 

Pourtant, c'est madame de Rênal qui tient le haut du pavé et qui retrouve ma grâce dans les derniers chapitres: ceux ci sont d'une beauté sans pareille. Le final est d'un romantisme exacerbé qui a encore une fois fait palpiter mon petit coeur: car si Julien se joue de ces femmes, ces dernières lui donnerait tout ce qu'elles possèdent: jusqu'à leur âme. D’ailleurs, Stendhal dresse deux jolis portraits de femmes dans ce magnifique roman. 
Pour moi, le "Rouge et le Noir" est un grand roman d'amour: l'amour de deux femmes pour un ambitieux qui n'en méritait peut être pas tant. 

Voilà un classique de la littérature française qu'il faut lire au moins une fois dans sa vie: il y a deux choses essentielles dans ce roman: le Rouge de la passion et le Noir du drame. Deux éléments qui font le sel de la vie. 

Stendhal: Le Rouge et le Noir, Archipoche: "La Bibliothèque du Collectionneur", 687 pages, 2011
















6e roman lu dans le cadre du challenge "La Littérature fait son cinéma". "Le Rouge et le Noir" fut adapté par Clade Autant Lara en 1954, avec Gérard Philipe et Danielle Darrieux. 
Une prochaine adaptation signé Mathieu Amalric est en production. 







2 commentaires:

  1. J'avais hâte de lire ton billet quand j'ai lu que tu lisais ce roman. C'est également une lecture qui a marqué mes années lycées, et je pense en lisant ce que tu dis que pour ma première lecture moi aussi j'ai plus apprécié Julien Sorel en héros romantique, et peut-être que mon regard serait différent à présent. Ta phrase de conclusion est superbe! Bravo!

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    1. J'imagine que beaucoup d'adolescent(e)s voient Julien comme un héros romantique. Nous sommes donc dans la moyenne. Merci du compliment pour ma phrase de conclusion.

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