4e de couverture:Après le succès de Mississippi,
Hillary Jordan revient avec un roman au suspense haletant, situé dans
un futur proche effrayant de réalisme, un pamphlet virulent contre les
dérives totalitaristes de nos sociétés puritaines et intolérantes.
Une Chrome. Une Rouge. Pour Hannah Payne, la sentence est tombée.
Pendant seize ans, la jeune femme devra porter sur sa peau la couleur de
son crime, celui d'avoir aimé un homme marié, un pasteur, et d'avoir
supprimé le fruit de cette passion illégitime pour protéger son amant.
Mais dans une Amérique où les droits des femmes sont niés, l'avortement
est sévèrement puni. Ici, l'Église a pris le pas sur l'État et dicte sa
loi implacable.
Aucun pardon, aucune réinsertion possibles : stigmatisée aux yeux de
tous, rejetée par les siens, Hannah doit affronter la haine et la
violence des hommes. Seule.
Centres de redressement, groupuscules extrémistes, pour les Chromes le
danger est partout. Une solution : fuir. Mais où ? Et comment ? Car dans
un monde paranoïaque, à qui peut-on encore se fier ?
J'avais été époustouflé par le premier roman d'Hillary Jordan, "Mississippi". Quand un nouvel auteur réussi son premier roman, il est toujours attendu au tournant pour le 2e. Sera t'il aussi bien, aussi fort, aussi bouleversant?
Au premier abord, j'ai été surpris par le choix d'Hillary Jordan: elle change complètement de genre, se frottant au difficile genre dystopique (très en vogue surtout en littérature young adult). Elle nous entraine dans un monde régit par la religion. Comme tout monde issue de la dystopie, celui ci est sombre et sans grand espoir.
Pourtant, Hillary Jordan a réussi à rendre ce monde aussi réel que le nôtre: le lecteur y croit et reste scotché devant les évènements que vit Hannah.
Composée de cinq parties, le roman nous raconte l'histoire d'Hannah, qui est devenue une Chrome pour avoir avorté de son amant: Aidan Dale, pasteur et ministre de la foi. Devant son nouveau statut et sa nouvelle couleur de peau (Rouge), Hannah va ouvrir les yeux et voir son comportement et sa foi changer. Le doute va s'insinuer en elle et va la faire évoluer pour devenir celle qu'elle veut être. Elle va se battre devant l'adversité, se faire une nouvelle amie en la personne de Kayla, jeune métisse, tout aussi rouge qu'elle et qu'elle rencontre au centre des Henley (deuxième étape de son long chemin vers sa rédemption): peut être la partie la plus abjecte du roman.
Même si ce roman, n'a pas la force de "Mississippi", il interpelle le lecteur de la même manière. C'est un roman qui choque notre conscience, qui nous fait nous poser plein de question sur l'évolution du monde, sur nous même, par l'intermédiaire d'Hannah, un personnage attachant, fort et fragile à la fois.
C'est aussi une réflexion sur la foi de chacun mais également du rôle de l'église dans la société: quand l'église devient l'Etat, voilà ce qu'il pourrait devenir, une dictature colorée (puisqu'il y a des couleurs différentes selon les crimes, inoculé par un virus: du Jaune, pour les crimes les moins graves comme les vols, au Rouge pour les crimes d'innocents: avortement, meurtre... et Bleu pour les pédophiles ce me semble) qui font de ces gens des parias.
Malgré son côté dystopie, on ressent l'histoire du Sud dans les mots de l'auteur: la haine raciale contre les Chromes, les Jaunes ou les Bleus, l'injustice...
Toutefois, j'ai été un peu déçu par la dernière partie: le dernier voyage d'Hannah m'a semblé simple: j'aurai voulu qu'Hanah connaisse plus de déconvenue durant ce voyage solitaire. En même temps, elle en voit déjà de belles dans les premières parties. Cela aurait peut être été trop: la surenchère n'est pas très bonne pour la crédibilité de l'histoire. Puis , "Ecarlate" n'est pas un roman d'action mais plus de réflexion. Comme vous pouvez le voir, je relativise ma déception en me disant que l'auteur à fait un bon choix pour son histoire.
Un roman psychologique sur la condition d'une femme qui par amour, a avorté et a été punie, comme Eve au jardin d'Eden, cueillant la pomme.
Au final, un deuxième roman, tout aussi maitrisé que le premier. Un personnage féminin fort et faible qui prendra en main son destin, en s'interrogeant sur ses choix et le sens qu'elle veut faire prendre à sa vie. Des questions que le lecteur peut aussi se poser. Un roman de dystopie, tellement réel que le lecteur y croit. Un deuxième roman réussi.
Une grande auteure vient de naître en confirmant son talent avec ce 2e roman.
Merci à Brigitte des Editions Belfond pour cette découverte.
N.B.: En exergue du roman, il y a un extrait de "La lettre écarlate" de
Nathaniel Hawthorne. Ce 2e roman d'Hillary Jordan a probablement un
rapport avec celui de Hawthorne. Comme je n'ai pas lu ce dernier, voilà pourquoi, je n'ai pas mentionné ce lien entre les deux romans dans mon avis. Je le signale juste à la fin de celui ci.
Hillary Jordan: Ecarlate (When She Woke), Belfond, 421 pages, 2012
Je le lis très bientôt car je n'ai su résister à sa superbe couverture en VO. Tous les avis semblent d'accord avec toi: bon début mais c'est moins bien après.
RépondreSupprimerEn fait,c'est surtout la dernière partie qui m'a semblé un peu rapide et moins mouvementée. Mais au final, je pense que l'auteur a fait le bon choix.
SupprimerJ'espère qu'il te plaira et je suis impatient de lire ton avis.