dimanche 7 octobre 2018

Les Jours de silence

4e de couverture: Porté par une grâce et un style uniques, ce roman d’apprentissage livre le portrait complexe d’une famille du Vieux Sud pétrie de littérature, mais incapable de trouver les mots pour exprimer ses grandes joies et ses infinies douleurs. Convoquant Poe, Wolfe, Faulkner ou Salinger, Phillip Lewis livre un futur classique des lettres américaines.
Sur un contrefort élevé des Appalaches se tient une étrange demeure, curiosité de verre et d’acier, que chacun, dans le petit village d’Old Buckram, prétend maudite. C’est ici que vivent les Aster.
Il y a le père, Henry Senior, intellectuel autodidacte, homme de lettres révolté dans une contrée hostile aux bibliophiles. La mère, Eleonore, femme insoumise et lumineuse, qui partage ses journées entre la contemplation de la nature environnante et l’élevage de pur-sang. La cadette, Threnody, adorable fillette affublée d’un prénom imprononçable tiré d’un poème de son père. Et, au milieu, se tient Henry Junior, petit garçon sensible et attentif, qui passe le plus clair de son temps caché dans la bibliothèque, à regarder, fasciné, la figure paternelle noircir, jour et nuit, les feuillets qui composeront le roman de sa vie. 

Des années plus tard, Henry Junior n’a qu’une idée : quitter Old Buckram. Fuir pour devenir un homme ; fuir les montagnes et ce silence intranquille qui le ronge ; et, surtout, fuir pour tenter de comprendre ce qui a poussé son père, un matin, à abandonner les siens, en emportant avec lui son mystérieux manuscrit… 

Rentrée Littéraire 2018 (#7)
Un premier roman (vraiment?) fort envoûtant, aux tons gothiques qui n'est pas sans rappeler Poe, dont l'âme flotte tout au long de ces pages. 
J'ai pris le temps de découvrir ce roman. C'est une histoire forte et ténébreuse, qui nous dresse le portrait d'un jeune homme, hanté par ce père, avocat, se rêvant écrivain et vouant une passion pour les livres, qui les abandonne, alors qu'il est en pleine adolescence. Dans la pure tradition du roman d'apprentissage à l'américaine (et j'adore toujours autant en lire. D'ailleurs, les passages à l'université ont été mes préférés, comme souvent), Phillip Lewis nous emporte dans un abyme très sombre, dans lequel le jeune Henry se trouve plongé à son corps défendant, cherchant à tout pris à en sortir, quitte à abandonner lui aussi les siens, en prenant l'excuse de ses études universitaires. 
C'est étonnant comme ce roman m'a capté, mais en même temps, m'a fait prendre le temps de le découvrir. En effet, je n'ai pas pu le lire d'une traite, tellement il a un côté dérangeant parfois, et cela est dû à la maison où habite la famille du jeune Henry (et que l'auteur décrit fort bien): cette sorte de manoir, aux pièces immenses fait froid dans le dos et tout comme la soeur d'Henry, Threnody, on a envie de la quitter au plus vite: c'est d'ailleurs pour ça que les passages à l'université, plus lumineux, sont des pauses bienvenues dans ce récit aux notes noires que ces paysages parfois morbides, faisant penser à la lande anglaise (alors qu'elle a souvent les attraits lourds et moites du Vieux Sud), nous étouffe quelque peu. 
Au gré des pages, j'ai découvert le parcours d'Henry, son passage de l'enfant à l'âge adulte, qui se fait par touche de mystères et de révélations fracassantes, qui m'a tenu en haleine. Car oui, le lecteur a envie de savoir pourquoi le père d'Henry les a abandonné et où il se trouve. La révélation, qui sera fera dans les dernières pages du roman, sera des plus surprenantes. Tout au long du roman se dégage un côté gothique (déjà rien que par la maison de la famille)...mais il ne faut pas oublier que l'on se trouve en Caroline du Nord et que le racisme est très présent et se dévoile à travers le personnage du père de Story, la fille dont Henry est amoureux, et qui, elle aussi part à la recherche du secret de ses origines. 
En fait, tout le roman est traversé par des silences qui étouffent les personnages et le lecteur. Mais parfois, les silences ne sont ils pas plus salutaires que des vérités terribles? Au vu du roman, la question peut se poser et apporter une réponse potentiellement positive. 
C'est également un très beau roman sur la littérature: le père d'Henry est un amoureux des livres, collectionneur dans l'âme, mais lecteur avide de tout savoir (et sa bibliothèque en ferait rêver plus d'un): ainsi plusieurs auteurs sont cités, de Poe, à Faulkner (que Henry Senior voudra sauver des flammes (enfin ses écrits) en passant par Camus. En cela, ce roman est aussi fait pour les amoureux des livres. 
Au final, un premier roman majestueux et envoûtant, qui ,avec des accents gothiques, nous conte l'histoire d'un jeune homme qui essaye de grandir en cherchant à savoir qui était ce père qui les a abandonné, tout ça, parce qu'il ne pouvait devenir celui qu'il voulait être. Un roman très beau qui, avec étonnement, va vous bouleverser. Une nouvelle plume que je vous encourage à découvrir. 
Merci aux Editions Belfond pour la découverte de ce nouvel auteur. 
Phillip Lewis: Les jours de silence, (The Barrowfields), Belfond, 426 pages, 2018



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire