lundi 12 mars 2018

Le poids de la neige

4e de couverture: À la suite d’un accident, un homme se retrouve piégé dans un village enseveli sous la neige et coupé du monde par une panne d’électricité. Il est confié à Matthias, un vieillard qui accepte de le soigner en échange de bois, de vivres et, surtout, d’une place dans le convoi qui partira pour la ville au printemps, seule échappatoire.
Dans la véranda d’une maison où se croisent les courants d’air et de rares visiteurs, les deux hommes se retrouvent prisonniers de l’hiver et de leur rude face-à-face.
Cernés par une nature hostile et sublime, soumis aux rumeurs et aux passions qui secouent le village, ils tissent des liens complexes, oscillant entre méfiance, nécessité et entraide.
Alors que les centimètres de neige s’accumulent, tiendront-ils le coup face aux menaces extérieures et aux écueils intimes ?

Depuis le début de l'année, j'ai décidé de laisser le choix à ma libraire concernant l'une de mes lectures. Au mois de janvier, ce fut Sous les serpents du ciel d'Emmanuel Ruben. Et, au mois de février, son choix se porta sur le dernier roman de Christian Guay Poliquin, Le Poids de la neige. (lecture que je viens juste d'effectuer en mars, mea culpa) paru aux toutes nouvelles Editions de l'Observatoire.
La seule chose que je lui demande, c'est de ne pratiquement rien me dire sur le titre choisi, et de mon côté, je ne lis pas la 4e de couverture. Ainsi, je rentre à l'aveugle dans le roman et me laisse emporter (ou pas) dans l'histoire.

Je dois dire que ce procédé est magique, car cette lecture m'a fait ressentir des sensations particulières, me laissant porter dans un monde inconnu où deux personnages cohabitent dans la même maison. L'un est une victime d'un accident de voiture qui le laisse cloué au lit (le narrateur dont on ne connait pas le nom) et Matthias, un vieil homme qui trouva refuge dans cette maison et qui pris la décision de s'occuper de l'accidenté à la demande des personnes du village en échange d'une place dans le prochain convoi. Un village bloqué par la neige et surtout par la Panne (qui semble être électrique et propagé au pays tout entier, mais on en saura pas plus...et vous non plus). D'ailleurs, j'en ai déjà trop dit.

Le poids de la neige est un roman des plus fabuleusement étrange, car je n'ai pas réussi, tout au long de ma lecture, à le ranger dans une catégorie. Est ce un roman contemporain? Ou un roman post apocalyptique (cette fameuse panne est dû à quoi?)? Tout simplement car je n'arrive pas à situer l'action dans le temps et  dans l'espace (on ne sait pas où l'histoire se passe. Je dirai au Canada mais ne suis je pas influencé par la nationalité québécoise de l'auteur).
Alors, ne vous attendez pas à de l'action dans ce huis clos (tout se déroule lors d'un hiver dans cette maison où cohabitent ces deux hommes d'âge différents (Matthias est un vieillard, et le narrateur, un jeune homme), mais qui vont devoir survivre ensemble, malgré leurs différends parfois, vous seriez déçu.
Non, ce qui retient l'attention dans ce roman, c'est l'ambiance qu'installe Christian Guay Poliquin. Une ambiance de "fin du monde", où la neige englobe tout et où l'on avance sans trop savoir où l'on va. Je vous assure que l'auteur sait installer un suspense insoutenable qui vous fait tourner les pages rapidement afin de savoir où tout cela va nous mener.
Avec une écriture d'une poésie qui fait que, malgré ce huis clos, qui pourrait paraître étouffant, on ne se sent pas oppressé, juste intrigué.

Ce livre est fabuleusement génial et je ne voudrais pas trop en dire pour ne pas vous gâcher l'expérience qu'il m'a fait vivre. Honnêtement, j'ai eu du mal à le lâcher avant d'avoir eu le fin mot de cette histoire. Une fin qui pourrait en frustrer plus d'un car elle ne dévoile pas tout, sur ses personnages. Comme si ce n'était qu'une parenthèse. Mais la vie continue au delà du roman...sauf qu'elle n'appartient qu'aux personnages et plus au lecteur. Pour ma part, cette fin me convient, car pour moi, l'essentiel n'était pas là...mais dans ce huis clos et cette "confrontation" de deux univers différents: celui de Matthias et celui du narrateur, qui lui trouvera une conclusion

Petite précision qui a son importance: le livre est composé de courts chapitres qui sont numérotés...sauf que le roman débute par le chapitre "Trente Huit" pour se terminer par le chapitre "Sept", en passant par certains chapitres comme le "Deux Cent Cinq" répétés plusieurs fois). Alors, ne vous inquiétez pas, cette numérotation à une explication (qui arrive vite dans le roman si on y fait attention). Ce qui instaure une petite originalité de plus à ce roman, qui n'en manque pas.

Au final, un roman surprenant, d'une fraîcheur bienvenue et qui m'a complètement scotché. J'ai beaucoup aimé, que ce soit les personnages énigmatiques (car on sait peu de choses sur eux), l'ambiance hivernale, un peu "fin du monde" et qui me fait découvrir une plume de toute beauté. Et c'est une plume québécoise. Comme quoi, il faudrait que je me penche plus sur cette littérature.
Je vous conseille vivement ce roman qui vous emportera loin, malgré son huis-clos hivernal, et je vous conseille d'y entrer sans rien connaître de l'histoire. La lecture n'en sera que meilleure.

Christian Guay Poliquin: Le poids de la neige; Les Editions de l'Observatoire, 251 pages, 2018



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