lundi 24 avril 2017

Leopard Hall

4e de couverture: Anna Emerson, secrétaire de vingt-cinq ans, s'apprête à quitter Melbourne pour retourner sur sa terre natale du Congo : Karl, son père qu'elle n'a pas revu depuis dix-huit ans, est malade. Sur le lit de mort du vieil homme, Anna fait un serment : veiller sur Leopard Hall, sa villa remplie d'oeuvres d'art pillées aux Africains. Mais tout est remis en question lorsqu'elle découvre que Karl n'est pas son père biologique.
Pourquoi sa mère ne lui a-t-elle rien dit ? En quête d'indices sur son passé, Anna se lance sur les pistes aux côtés d'Eliza, mystérieuse photographe américaine. Mais dans ce pays fraîchement indépendant, livré aux rebelles simbas, les tensions sont vives, parfois sanglantes, et les deux femmes voient leurs chemins se séparer brutalement...

D'un palace colonial abandonné sur les bords du lac Tanganyika à un hôpital de mission dans la jungle, Anna finira-t-elle par trouver les réponses qu'elle cherche ? Et si c'était à Leopard Hall, ce lieu auquel elle tente d'échapper, que le destin lui avait donné rendez-vous ?


Leopard Hall est une saga comme je les aime: une saga qui me fait voyager (ici, au Congo), me fait rêver, et si en plus elle m'apprend des choses, c'est un bonus non négligeable. 
Il y a quelque temps, j'avais lu une saga (Le pays du Soleil Rouge) qui aurait pu rassembler tout ça, sauf que j'en suis sorti insatisfait. 
Ici, ce n'est pas du tout le cas: j'ai adoré ce livre. Tout d'abord pour son côté exotique (les paysages du Congo nous sont dévoilés avec maestria (je dois dire que Katherine Scholes réussit ses descriptions, à tel point qu'on s'y voit); mais aussi son côté historique: ici l'indépendance du Congo qui mena à la guerre Civile, dans les années 60, et tout ça à travers deux personnages forts et attachants: Anna et Dan. 
Anna, cette jeune australienne, qui apprend que son père, qu'elle n'a pas revu depuis près de vingt ans, est mourant et qu'il lui demande de revenir au Congo pour la voir une dernière fois. D'abord réticente, elle finit par arriver à Albertville, et va en découvrir plus sur son passé, et sur ce père qu'elle a peu connu. 
Dan, ensuite, ce militaire d'une cinquantaine d'années, organisateur de Safari pour riches européens, qui décide d'abandonner tout ça, pour s'engager comme mercenaire, pour combattre les Simbas (les rebelles qui se battent contre le nouveau gouvernement Congolais). 
Nous allons alors suivre ces deux personnages dans des périples plus dangereux les uns que les autres, dans un pays ravagé par la guerre. D'ailleurs, plus on avance, et plus Dan prend de l'importance, parfois au détriment d'Anna (mais ce n'était pas pour me déplaire). 
Bien sûr, Anna et Dan, sont entouré de personnages enthousiasmant, comme Eliza, une femme riche, qui va accueillir Anna chez elle, et qui va se retrouver pris dans les conflits, mais aussi tous les mercenaires qui sont sous les ordres de Dan, (et dont les noms m'échappent), qui nous embarquent dans cette croisade sanglante. 

L'originalité de cette saga, c'est que Katherine Scholes évite la sempiternelle histoire d'amour qu'on peut parfois trouver dans ce genre d'histoire, et heureusement, car dans ce contexte, elle aurait été je pense, malvenue. Car Katherine Scholes ne nous épargne pas: c'est un texte dur, violent, par moments (les massacres des Simbas nous sont décrit dans des scènes parfois insoutenables), âpre, et qui vous prend aux tripes. On est fasciné, par les paysages, mais parfois aussi révolté et au bord de l'angoisse pour tous ces personnages qui vivent devant nos yeux, devant la violence des combats et de la vie au Congo.  
De plus, nous apprenons beaucoup de choses sur ce conflit Congolais, sur la lèpre, qui sévissait et qui sévit peut être encore aujourd'hui, sur les enjeux de chacun. 
J'ai trouvé aussi que le récit était bien amené et que les situations n'étaient pas factices, ou faciles: elles le sont peut être, mais je trouve que Katherine Scholes s'en est  bien sorti car cela ne s'est pas trop vu. En revanche, je me suis tout de même demandé ce qui reliait les deux histoires (car Anna et Dan ne font pas le même parcours dans ce pays en guerre) et, l'auteur nous donne l'explication, même si je l'avais un peu deviné avant de l'avoir. 

Au final, une saga magnifique qui vous transporte dans un pays superbe, malgré les atrocités qu'il a connu. Une histoire forte, prenante, et qui ne vous lâche pas, avec un style âpre, dur, et qui ne nous épargne rien (il faut avoir le coeur bien accroché, et si vous êtes sensible, lancez vous tout de même, en sautant les passages trop durs, car cette saga vaut vraiment le coup. Une saga qui me fait voyager, tout en apprenant des choses sur l'histoire du pays visité, avec des personnages forts, c'est tout ce que je demande, et avec Leopard Hall, tout cela était au rendez-vous. J'en sors donc ravi et vous le recommande chaudement. 

Merci aux Editions belfond pour ce voyage aux pays des Léopards, et pour la découverte de cette nouvelle collection qu'est "Le Cercle". 

Katherine Scholes: Leopard Hall, (Congo Down), Belfond (Collection "Le Cercle"), 636 pages, 2017


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