Paul, Charles, Nicolas, Louise, Eléonore, Jeanne et les autres appartiennent à une même famille. Réunis dans un chalet pour fêter à la fois Noël et l’anniversaire de Louis, le patriarche, ils racontent tour à tour le huis clos dans lequel ils se retrouvent, le temps d’une soirée, coincés par la neige. Ouverture des cadeaux, ivresse, retrouvailles, guirlandes et cotillons, la magie de Noël opère jusqu’à ce que les vieux démons, les secrets et les cadavres dans le placard fassent irruption.
Un roman à la Festen, à la fois cruel, acide et drôle.
Vous prendrez bien un dessert? est Le roman de la Frustration. Le roman qui vous laisse sur votre faim (un comble pour un repas de famille, vous ne trouvez pas!). C'est comme si l'auteure nous présentait une mise en situation et les prémisses d'une saga, avec la présentation des personnages et qu'elle nous laissait, pantelant, prêt à partir pour les aventures de la famille Labarre, et puis...non, j'arrête ici..
En fait, Sophie a inventé un livre-jeu: elle nous présente les personnages, les relations et les liens qui les unissent, les mises en situations et nous laisse sur un cliffhanger, en lançant au lecteur ce petit défi: à vous d'imaginer la suite. Comme si Sophie avait crée son propre atelier d'écriture.
Ce roman est tout simplement sensationnel pour ça: avoir inventé la frustration, mais surtout, de laisser le lecteur faire un travail d'imagination.
Si la frustration est là, c'est que Sophie a un don particulier pour croquer des personnages hauts en couleur qu'on aime adorer ou détester (et ils sont nombreux dans cette famille de malades (comme le pense Abibatou, la camarade de classe que Louise, la fille de Charles et Marie-Odile, a invité, pour qu'elle ne se retrouve pas seule) à être détestable. Il est plus facile pour moi de lister les personnages que j'ai adoré, que le contraire, comme Lucille et Nicolas, ou Eléonore, leur fille. En tout cas, ce sont eux qui paraissent les plus équilibrés, dans cette famille de dingues. Mais il y a aussi les personnages qui ne semblent pas être ce qu'on pense d'eux comme le Patriarche Louis ou Jeanne, sa femme.
L'originalité de ce roman se trouve également dans sa construction: chaque chapitre nous présente le point de vue d'un personnage, de Paul (le petit garçon délaissé de Bénédicte et Gérald) à Jeanne (la Matriarche du clan) en passant par Charles (le fils aîné), Nicolas (le mari de Lucille, la dernière fille des Labarre), Bénédicte (la fille aînée, aigrie): quasiment, tous les membres de la famille vont avoir droit à son chapitre. Alors, c'est sensationnel car, on entre dans leurs pensées intimes en cette journée de 24 décembre, mais c'est aussi un peu casse tête, au début, car, je me suis souvent demandé, à chaque début de chapitre, quel était ce nouveau personnage et quel lien il avait dans le clan Labarre. En tout cas, Sophie a une plume chaleureuse, pince sans rire, et même acide, qui m'a comblé au possible.
Au final, un roman qui m'a énormément plu et dont je vous conseille la lecture, surtout en ces fêtes de fin d'années, car, même si les Labarre sont une famille de "cinglés", je suis persuadé que, comme moi, vous trouverez des similitudes avec votre famille et que vous avez probablement vécu des réunions de famille mouvementées, comme les Labarre. On s'y retrouve tous un peu. Je vous garanti qu'après cette lecture, vous ne verrez plus vos réunions de familles de la même manière.
Et pour répondre à la question du titre: j'accepte le dessert et, je dirais même que j'en reprendrais un autre morceau, de ce dessert succulent, tellement il m'a comblé et frustré.
Merci à Sophie pour sa gentillesse lors de notre rencontre.
Merci à Eléonore et aux Editions Daphnis & Chloé pour cette confiance toujours renouvelée.
Sophie Henrionnet: Vous prendrez bien un dessert?, Daphnis & Chloé, 189 pages, 2015
Sophie Henrionnet: Vous prendrez bien un dessert?, Daphnis & Chloé, 189 pages, 2015
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