4e de couverture: Si aujourd'hui dans la musique tout se confond, se mélange, il n'en a pas toujours été ainsi. Je t'aime moi non plus explore les relations complexes de la chanson française et du rock au cours du dernier demi-siècle, pendant lequel la première a perdu son influence internationale face à la domination planétaire du second, qu'elle a épousé sans pour autant lui céder tout à fait.
Je t'aime moi non plus raconte avec ses acteurs cette autre histoire de la chanson française. Celle d'une génération prise entre son héritage littéraire et poétique, sa langue, et l'électrochoc qu'a constitué l'explosion du rock et ses avatars. Quand une tradition aussi glorieuse est percutée par une révolution étrangère, cela donne la Culture face à la contre-culture, les Anciens contre les Modernes, la recherche d'une identité nouvelle, Johnny, comme Bashung, Polnareff comme Renaud, Manset comme Souchon, Véronique Sanson comme Etienne Daho, jusqu'à Stromae...
De Serge Gainsbourg à Jean-Jacques Goldman dans ce premier volume, puis de Téléphone à Christine and the Queens dans le second (à paraître au printemps 2017), c'est celle aventure vécue en direct mais analysée avec le recul que le lecteur est convié.
Sortie prévue le 22 septembre 2016, en librairie.
Yves Bigot est peut être un nom qui vous dit quelque chose, que vous avez peut-être vu dans des générique télé, quand il était directeur des divertissements, jeux et variétés de France2, ou peut être avez vous lu ses chroniques dans "Libé". En tout cas, il connait bien le monde de la musique, et sait donc de quoi il parle dans ce livre, ayant même côtoyé tous les chanteurs dont il est question dans ce livre.
Ce livre est des plus intéressants, pour tous ceux qui aiment et sont curieux d'en savoir plus sur la chanson française, mais pas seulement. Il analyse finement, et sans prendre de gants, la barrière ténue entre la chanson française et le rock, dont beaucoup de chanteurs/chanteuses se sont inspiré, sans vraiment les égaler.
Yves Bigot parle sans langue de bois de cette générations de chanteurs (des années 60, 70, pour ce premier volume, même si on débute les années 80 avec Goldman) qui se sont retrouvés coincés dans un entre-deux, pas facile à combattre, celui de la grande chanson française (de Brel à Brassens en passant par Barbara et Ferré) mais également du rock, blues, voire jazz anglais et américain qu'ils vont découvrir dans ces années 50, 60 et dont ils vont vouloir s'inspirer, voir égaler, sans succès véritable. C'est que la France est très conservatrice et aime bien tout ce qui est littéraire, poétique et n'arrive pas à comprendre que le rock est plus un état d'esprit qu'une musique.
C'est assez complexe à expliquer, et l'auteur y arrive mieux que moi. C'est un livre des plus passionnants mais pas si abordable que ça. Rien que dans la préface, où l'auteur explique justement cette barrière entre tradition de la chanson française et l'arrivée du rock anglais et américain, j'étais un peu perdu, ne comprenant pas tout. J'ai essayé d'emmagasiner le plus possible d'information, mais pas évident de tout saisir.
Ce livre est génial pour tous ceux, qui comme moi, se passionnent pour la chanson française, et la musique en générale. De tout temps, j'ai été passionné et intrigué par elle (la chanson est une de mes passions (je suis chanteur à mes heures) et j'ai toujours voulu en savoir plus sur elle), ce livre est donc parfait pour moi. Yves Bigot s'y connait, côtoyant le monde de la musique depuis des années, que ce soit dans la presse écrite, la télé ou la radio. Il a donc plein d'anecdotes sur les chanteurs dont il parle. Et ils parlent d'eux sans concession, et sans passer la brosse à reluire, ce qui fait un bien fou, car on sent que ce n'est pas un livre de complaisance.
De Gainsbourg, à Goldman, en passant par Johnny, Renaud, Joe Dassin et Mort Shuman, Sylvie Vartan, les groupes des années 70 comme "Il Etait Une Fois" (oui, oui, j'ai été très surpris d'apprendre les influences de ce groupe que l'on résume, (à tort) à un slow "j'ai encore rêvé d'elle"), "Ange" ou "Magma", Gérard Manset, Yves Simon, Le Forestier, Sheller, Berger, Sanson...et plein d'autres ont tous été influencé par Dylan, les Rolling Stones, Hendrix, les Beatles...et tous ont voulu amener cette musique là dans leur propres morceaux, avec plus ou moins de succès.
Il est vrai que c'est passionnant de découvrir tout ça, mais pas de la manière dont je l'ai fait. En effet, j'ai lu ce livre linéairement alors que j'aurai dû le picorer, et piocher un chapitre par ci par là, de temps en temps, en commençant par les artistes qui m'intéressaient (ils sont nombreux dans ce livre): je n'aurai alors pas forcément remarqué certaines redondances dans l'écriture d'Yves Bigot (ce qui est normal quand plusieurs de ces artistes se côtoient, et que, donc, des anecdotes reviennent parfois car elles se télescopent ) et aussi, que certains chapitres m'ont plus intéressé que d'autres, ce qui est normal...même si je dois dire que certains parcours d'artistes que je ne connaissais pas bien comme Yves Simon ou Gérard Manset, m'ont beaucoup plu.
Un point positif en plus, c'est le choix fait par Yves Bigot de donner, à la fin des chapitres, pour chaque artiste, trois albums marquants: l"album phare (celui qui a eu le plus de succès), un classique (qui est entré dans la légende) et un album culte (l'incontournable n'ayant pas forcément eu de grand succès mais qui est devenu culte au fil du temps). Bien sûr, ces trois albums sont le choix d'Yves Bigot et un choix est toujours subjectif. Mais je trouve cette démarche superbe, car elle permet au lecteur d'aller plus loin dans la découverte (pour les artistes qu'il connait pas ou peu) en écoutant ces fameux albums, mais aussi de comparer ces choix avec les siens quand c'est un artiste que l'on connaît.
Un exemple: pour Michel Berger (comme par hasard!), Yves Bigot a fait ce choix que je trouve très pertinent:
L'album phare: Beauséjour (Warner ,1980)
Le classique: Starmania (Warner, 1978)
L'album culte: Chanson pour une fan (Warner, 1974) (p.193)
Ainsi, par trois albums, on peut découvrir l'univers d'un artiste et ainsi pousser la découverte, par delà ce livre.
Ce qui est aussi intéressant, c'est la façon dont Yves Bigot écrit les chapitres: il revient sur la carrière de l'artiste, en se focalisant sur la manière dont celui ci a été influencé par ses aînés, ou par la musique rock, blues, et comment il l'a mis en pratique dans sa musique, avec plus ou moins de succès, puis Yves Bigot, revient sur le personnel, en racontant des anecdotes sur ses rencontres plus ou moins heureuses avec le dit artiste. Cela rend la lecture plus vivante et moins figée, puisque l'auteur n'hésite pas parfois a gratter sous le vernis de la "star".
Au final, un livre des plus passionnant et intéressant, qui, même s'il n'est pas facile d'accès, de prime abord, est d'une richesse incroyable...et si on s'accroche, on passe des moments formidables. Il faut juste prendre son temps pour le lire...mais surtout, je pense que c'est un livre à picorer, dans le désordre.. de toute façon, on ne retiendra pas tout, et c'est normal, trop d'artistes sont évoqués pour qu'on puisse tout retenir...et certains artistes nous intéressant moins que d'autres , de toute façon, on n'oubliera son passage assez vite dans le livre.. Cependant, si la musique et la chanson française des années 60 à nos jours, vous intéresse, vous trouverez forcément votre bonheur dans ce Je t'aime moi non plus, dont je compte bien lire le 2e volume, pour continuer le voyage de la découverte de plus de 50 ans de chanson française, amoureuse d'une musique rock, dont nos fils riront un jour, de toute manière.
Merci aux Editions Don Quichotte pour cette musicale découverte.
Yves Bigot: Je t'aime moi non plus: les amours de la chanson française et du rock (Volume 1: De Gainsbourg à Goldman), Don Quichotte, 437 pages, 2016
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