jeudi 15 janvier 2015

Bloody Cocktail

4e de couverture: Hyattsville, Maryland, début des années 1960. Joan Medford, une jeune veuve soupçonnée d’avoir provoqué l’accident de voiture dans lequel a péri son mari violent et alcoolique, est obligée de trouver rapidement un travail pour obtenir la garde de son fils, placé chez sa belle-sœur qui la hait.
Grâce à l’aide d’un officier de police bienveillant, Joan devient serveuse dans un bar à cocktails de luxe, le Garden of Roses.
Là, elle fait la connaissance de deux habitués, Earl K. White III, un vieil homme d’affaires richissime, et Tom Barclay, un jeune homme fougueux nourrissant des ambitions politiques.


C'était un dimanche soir, il y a une quinzaine d'années. Je commençais à m'intéresser aux vieux films des années 30 aux années 60. L'un des moyens de les découvrir, à l'époque, c'était de regarder "Le Cinéma de minuit" sur France3. 
C'était donc un dimanche soir, minuit, je m'installe devant ma télé et je découvre un film fascinant, qui m'intrigue beaucoup et qui me marque encore. Ce film s'intitule Le facteur sonne toujours deux fois. Je ne l'ai pas revu depuis mais j'en garde encore un souvenir impérissable, à tel point que des images me restent encore en mémoire. 
C'est en voyant le bandeau bleu qui habille le roman Bloody Cocktail (mais qui n’apparaît pas sur la photo qui accompagne ce billet) et qui disait "L'ultime inédit de l'auteur de "Le facteur sonne toujours deux fois", que j'ai donc appris que ce film noir qui m'avait marqué était adapté d'un livre, d'une part et que Bloody Cocktail avait été écrit par l'auteur du roman de ce film marquant. (J'espère que vous suivez toujours). Ma curiosité  à alors été piqué et c'est pour ça que j'ai voulu le lire et le découvrir. 

Quelle belle idée a eu les éditions Hard Case Crime d'avoir retrouvé et publié ce manuscrit inédit de James Cain (et aux Editions de l'Archipel de l'avoir traduit). Ce roman est un petit bijou de roman noir, comme seuls les auteurs américains savent nous en donner. On retrouve dans ce roman toute l'ambiance des films noirs des années 40/50. J'ai retrouvé la même atmosphère que dans "Le facteur sonne toujours deux fois": l'histoire d'une jeune femme de 21 ans, veuve, Joan, qui, pour avoir la garde de son fils, qu'elle a perdu au détriment de son ex-belle soeur, décide de prendre un travail de serveuse dans un bar à Cocktail. Là, elle y fait la rencontre de Earl K. White, un vieux monsieur plein aux as, mais aussi d'un jeune homme de 18 ans, Tom, qui ne la laisse pas indifférent. 

Je ne veux pas trop en dire, sinon, je  déflorerai toute l'histoire et c'est dommage. D'ailleurs, je n'avais pas relu la 4e de couverture avant de me lancer dans ma lecture; Bien m'en a pris car j'ai été happé par ce roman, cette atmosphère, souvent malsaine et qui met mal à l'aise mais fascine en même temps.J'ai été embarqué dans cette histoire ou l'ambition, la cupidité et la trahison sont de mise, en tournant les pages sans m'en rendre compte. (Charles Adai, fondateur des éditions Hard Case Crime, dit très bien dans sa postface d'ailleurs, que quand on commence un roman de James Cain, on ne peut plus le lâcher avant la fin. Je lui donne tout à fait raison, car si cela n'avait pas été par manque de temps, je crois que j'aurai dévoré ce livre en une soirée.  Je reposais d'ailleurs le livre avec frustration, n'ayant qu'une envie: le reprendre). 

La force de ce roman est qu'il est raconté à la première personne: Joan,la jolie veuve devenue serveuse donne au lecteur sa version des faits. Le lecteur est alors en plein doute permanent, car il n'a qu'un seul son de cloche sur les événements qui se déroulent dans le livre. Il se sent alors proche de Joan, malgré les événements tragiques qu'elles traverse. Est ce une victime ou une femme fatale, une mante religieuse qui, pour s'en sortir, est prêt à toutes les bassesses? Le petit doute persiste même jusqu'au final magistral et qui laisse sur les fesses (je n'en suis pas encore revenu, c'est pour dire). Dans sa postface, Charles Adai raconte que James Cain avait écrit les 150 premières pages de son roman à la 3e personne avant de le reprendre depuis le début pour l'écrire du point de vue de Joan. Quelle idée de génie: la perception du roman n'est pas la même: j'ai souvent remarqué que le lecteur se sent plus impliqué dans un roman quand l'histoire est raconté du point de vue d'un personnage. Le point de vue d'un personnage dans un polar est encore plus fort car le lecteur n'a qu'un seul regard et n'a pas toutes les cartes en main pour savoir toute la vérité; Dans Bloody Cocktail, Joan nous confesse sa vérité dans cette histoire...ainsi le doute persiste et le lecteur se demande quoi penser de cette jeune femme. (Pour ma part, j'ai une petite idée sur la question mais je la garde pour moi, pour ne pas déflorer l'intrigue). 

Pour finir, j'aimerai tirer mon coup de chapeau au traducteur de ce roman: Pierre Brévignon. Il a su garder l'essence même de la plume de James M. Cain, en gardant le style des romans noirs des années 40/50, en y insufflant toutefois de la modernité, faisant de ce livre un véritable page-turner. Ce qui fait que le lecteur que je suis s'est cru dans les années 50, mais qu'il ne pouvait pas le lâcher, avant d'avoir le fin mot de l'histoire. 

Au final, un roman noir captivant, qui nous laisse pantois et une sueur froide dans le dos. Un roman qu'on ne peut lâcher avant la fin, écrit par l'un des maîtres du roman noir:  James M. Cain. Je n'ai maintenant qu'une envie: continuer ma découverte des romans de l'auteur, mais aussi revoir Le facteur sonne toujours deux fois. Un roman qui vous laissera sans voix. 

Merci aux Editions de l'Archipel  pour la (re)découverte de ce grand auteur de romans noirs. 


James M. Cain: Bloody Cocktail (The Cocktail Waitress), L'Archipel, 298 pages, 2014



2 commentaires:

  1. Malgré ton billet très positif ça ne me tente pas du tout, pourtant mon esprit clignotait dès le 1960 mais non le sujet ne me tente pas.

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    1. J'aurai cru pourtant. Comme quoi,tout le monde peut se tromper.

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