John Grisham, grand auteur de thrillers judiciaires, dont j'apprécie énormément la plume et la maîtrise du suspense, a aussi voulu s'essayer à d'autres genres.
Cette "Dernière récolte" fut donc le premier roman non judiciaire que Grisham publia (en suivront d'autres comme "Pas de Noël cette année", "Le dernier match" ou "Calico Joe") après les succès de "La Firme, "L'affaire Pélican" ou "Le Client".
J'avais envie de retrouver la plume de John Grisham mais pas forcément dans une intrigue judiciaire. J'avais envie d'autre chose. C'est ainsi qu'en fouillant dans ma Pile Grisham qu'il me reste à lire, je suis tombé sur ce roman sudiste en tout point. Et...j'ai adoré!
J'ai aimé retrouver la plume trépidante de John Grisham, très fluide, mais aussi avec une sensibilité qu'on ne voit pas dans ses thrillers. En fait, j'ai trouvé génial que l'auteur se mette à hauteur d'enfant pour nous raconter cette histoire initiatique. Car, en effet, en suivant le parcours du jeune Luke, du haut de ses 7 ans, il nous donne de belles leçons de vie et sur la manière dont son petit héros rempli de rêves sportifs et d'ailleurs, va réussir à grandir sous les yeux et les secrets des adultes. Dans l'histoire de Luke, on sent quelque chose de très personnel qui plane, comme si l'auteur nous racontait un pan de sa jeunesse sudiste. Comme si le petit Luke, c'était lui.
On ressent toute la chaleur et les temps incertains du Sud des Etats Unis, les rancoeurs aussi de ces petites villes. Il m'a aussi beaucoup rappelé les romans de Steinbeck (en particulier, "Les Raisins de la colère"), s'inscrivant ainsi dans la tradition des purs romans sudistes américains. Bien sûr, on ne se refait pas et même si l'aspect thriller n'est pas là, Grisham sait maintenir un suspense avec des scènes angoissantes où la violence n'est pas loin (très bien incarné par Hank, l'un des saisonniers de la famille Chandler), surtout quand elles sont vus par un regard d'enfant.
En dressant le portrait de toute une galerie de personnages, Grisham nous parle également de lutte des classes et cette différence entre propriétaire terrien, qui cultive le coton, ces saisonniers, (qu'il viennent des collines ou qu'ils soient Mexicains) qui viennent pour la cueillette du coton ou ces métayers, qui sont tellement pauvres qu'ils ont du mal à survivre dans cette Amérique d'après guerre (la Seconde). Et cette autre guerre qui fait rage en Corée et qui laisse planer une ombre angoissante au dessus de la tête des Chandler, matérialisé par le jeune oncle de Luke, Ricky, dont la présence flottera dans le récit comme un fantôme.
Il y aurait encore tant à dire sur ce roman foisonnant qui nous embarque dans le Sud des années 50, comme le sport (et le baseball en particulier) ou la notion de nouvel espoir et changement de vie pour le petit Luke, pour lequel sa mère veut un autre destin que celui de fermier.
En tout cas, ce fut un réel plaisir de retrouver la plume vive et saisissante de John Grisham avec une petite pointe de nostalgie sur ce Sud des Etats Unis qui m'a tant fasciné. Je vous conseille vivement cette dernière récolte.
John Grisham: La dernière récolte, (A painted house), Pocket, 456 pages, 2002
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