Résumé: Elles sont deux, Renée et Louise, qui, à peine sorties du couvent, vont suivre des destinées contraires. Faut-il mettre de la passion dans le mariage ? Ou y chercher un bonheur raisonnable ? Derrière cette « dispute », menée par correspondance, une lutte sourde oppose deux ambitions : Renée la sage n'exige pas moins de la vie que Louise la folle.
J'ai la plume de Balzac en horreur! Je la déteste depuis mon adolescence.
Cette détestation est venu de l'étude du "Père Goriot" faite lors du collège (en 5e ou 4e, je ne sais plus exactement). Vous ne pouvez pas vous imaginer (ou peut être que si, si vous avez ressenti la même chose que moi) combien j'ai souffert lors de cette lecture, soupirant devant les longues descriptions dont nous bassinait ce cher Balzac, cette plume que je trouvais lourde et incompréhensible.
Pourtant, il y a de cela 12 ans, j'ai acquis l'intégralité de "La Comédie Humaine" en 24 volumes, dans cette jolie petite édition que le journal "Le Monde" avait mis en vente. Je détestais Balzac et j'avais acheté l'intégralité de sa grande oeuvre en me promettant qu'un jour, je le lirais intégralement (et dans l'ordre qu'à voulu Balzac dans son plan Général (le Furne Corrigé, mis au début de chaque ouvrage). Je suis maso que voulez-vous. Alors, depuis 12 ans, j'ai fait des tentatives de lecture en lisant "La Maison du Chat qui pelote", "Le Bal de Sceaux," Mémoires de deux jeunes mariées" et "La Bourse". Mais je me suis arrêté là. Et n'ai jamais continué...et chaque année, je me dis: allez, cette année, tu te lances dans Balzac.
Et voilà qu'àprès plus de 12 ans, j'ai sauté le pas...et j'espère que j'irai plus loin que "La Bourse". J'ai décidé de lire un titre par mois (ou plusieurs si ce sont des nouvelles qui se suivent dans l'ordre). J'ai commencé en décembre avec la relecture de "La Maison du chat qui pelote" et "le Bal des Sceaux".
Et voici qu'en ce mois de janvier, c'est au tour de "Mémoires de deux jeunes mariées", d'être relu (car j'avais lu ce titre il y a 11 ans).
A ma grande surprise, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Beaucoup plus que la première lecture qui m'avait ennuyé au possible.
Dans ce roman épistolaire, nous suivons les parcours de deux amies, tout juste sortie du couvent et qui vont découvrir la vie et l'amour de deux manières différentes. j'ai aimé parcourir ces lettres qui nous dévoilent deux aspects de vies différentes et deux conceptions de l'amour diamétralement opposés: celui du mariage de raison en la personne de Renée, à qui l'on choisi de faire épouser un homme de 20 ans son ainé, Louis de l'Estorade; et celui de l'amour passion, en la personne de Louise, qui s'éprend de son professeur d'Espagnol Felipe Henarez. Durant une dizaine d'années, nous suivons le destin de ces deux femmes et je dois dire que chez Balzac, le mariage de raison l'emporte souvent sur la passion. J'ai d'ailleurs trouvé quelques similitudes entre ce roman et la nouvelle "La maison du chat qui pelote". Et la finalité est souvent la même.
En tout cas, ce fut un ravissement de lire cette plume que j'ai trouvé moins lourde que la première fois (les descriptions bien sûr sont là, mais comme c'est un passage obligé chez Balzac, j'ai pris mon mal en patience pour ensuite me plonger tout entier dans l'histoire. Et j'y revenais chaque soir avec plaisir voulant savoir comment la destinée de ces deux êtres allaient tourner. Je dois dire que j'ai eu une préférence pour la douce et raisonnée Renée, par rapport au comportement enfantin de Louise.
Le côté épistolaire rend la lecture de ce roman plus fluide et moins lourd qu'auparavant. Ou bien serais ce moi et mon côté quarantenaire qui commencerait à apprécier Balzac. Peut être. Si c'est le cas, j'en suis ravi, pour la suite de l'aventure.
La lecture de "Mémoires de deux jeunes mariées" fut une belle (re)découverte. Balzac y montre deux entités totalement contradictoire mais complémentaire (Renée et Louise), comme les deux faces d'une même pièce, nous démontrant quand même que le mariage de raison a un côté plus rassurant et gagnant que celui du feu de la passion qui se consume.
Pour une fois, la plume de Balzac m'a ravie et je serai content de retrouver certains personnages comme La Comtesse de l'Estorade et son mari dans d'autres romans, car, comme vous le savez, "La Comédie Humaine" est une "oeuvre-monde" ou certains personnages se rencontrent et se retrouvent dans plusieurs romans. Et c'est ça qui fait la particularité de ce grand oeuvre.
Balzac: Mémoires de deux jeunes mariées (La Comédie Humaine Volume 9), Classiques Garnier, 217 pages (p.156 a p.373), 2008
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