Bientôt, la guerre éclate, et Homs commence à disparaître sous les bombes. Pour Nour et sa famille, un choix s’impose alors : rester et affronter la violence ou s’enfuir et traverser les sept mêmes pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord qu’ont sillonnés, neuf cents ans plus tôt, les cartographes qu’elle admire tant.
Jennifer Zeynab Joukhadar nous offre, pour son premier roman, une histoire de toute beauté qui nous bouleverse le coeur.
J'étais curieux et fasciné de découvrir cette histoire, et, en même temps, un peu peur d'être perdu dans ces histoires de légendes et de pays lointains. Oui, il n'est jamais facile de se laisser emporter ailleurs, loin de sa zone de confort. J'attendais donc le bon moment pour le découvrir.
Comme j'ai été en arrêt maladie cette semaine, je me suis dit: il est temps de partir à la rencontre de la plume de Jennifer et quelle belle surprise cela fut.
Et la peur que j'avais, s'est vite estompée devant la plume fluide et poétique de l'auteure. Elle nous conte avec des mots majestueux, deux histoires si proches et pourtant si lointaines: celle de Nour, qui vient de perdre son père et qui vient de quitter Manhattan avec sa famille pour retourner en Syrie. Nous sommes en 2011 et la guerre en Syrie a débutée. Pour conserver le lien que Nour entretenait avec son père, Nour raconte au figuier de la maison, son conte préféré: celui que son père lui racontait: celui de la jeune Rawiya, qui décide d'aller à la rencontre d'Al Idrisi, un cartographe. Nous sommes au XIIe siècle. La jeune fille va ainsi parcourir les pays du Moyen Orient et découvrir les merveilles de ce monde oriental.
Ainsi ,le lecteur est ballotté entre deux époques et deux histoires, pas si lointaine, puisque Nour et sa famille sont obligé de fuir la Syrie, après le bombardement de leur maison. Ainsi, la petite Nour et la jeune Rawiya, parcourent les mêmes routes à deux époques différentes.
On oscille alors entre le conte oriental (la partie Rawiya) qui rappelle les "Milles et une Nuits" et le roman contemporain, qui nous emporte, auprès d'une famille fort sympathique, sur les routes de l'"Orient, de La Syrie, à l'Algérie, en passant par la Jordanie et l'Egypte. Et tout cela, avec une poésie qui transpire à chaque ligne et qui nous touche le coeur.
J'ai énormément aimé ce livre et j'ai été touché par la famille de Nour, et de toutes les personnes qu'elle rencontre. L'auteure nous embarque dans une histoire forte et difficile (il y a des moments très durs dans le roman, comme peut l'être cette partie du monde), mais cela est contrebalancé par le côté onirique et conte par l'intermédiaire de Rawiya et son voyage à travers l'Orient.
Je rassure ceux qui ne sont pas très attiré par les contes orientaux, que l'histoire de Rawiya est raconté au compte goutte à chaque début de chapitre, entre 5 et 10 pages. Ainsi, on ne ressent pas l'ennui, et bien au contraire, l'auteure nous laisse sur notre faim à chaque fois.
Pour ma part, j'ai aimé les deux aspects du roman: deux histoires qui se complètent et font un tout homogène et beau.
Je peux, en tout cas, vous assurer que vous allez être charmé par la famille de Nour, sa mère, et ses deux soeurs (même Zahra, qui m'a paru la moins impliquée, au départ, trouvera le chemin de votre coeur).
Au final, un premier roman magnifique, qui m'a bouleversé. Un premier roman qui nous raconte l'histoire de cette partie du monde, qui, depuis longtemps est dévasté par les guerres et les errances. Eh bien ce roman, nous redonne l'espoir en la vie et en l'amour. Un magnifique roman qui nous rappelle qu'il ne faut jamais perdre espoir et que la famille est plus importante que tout. C'est elle qui raconte notre histoire et que, même en errance, on retrouve toujours le chemin de son foyer, où qu'il soit. Une belle leçon de vie, tout simplement.
Merci aux Editions Les Escales pour cette superbe découverte.
Jennifer Zeynab Joukhadar: La carte du souvenir et de l'espoir, (The Map of Salt & Stars), Les Escales, 424 pages, 2018
Jennifer Zeynab Joukhadar: La carte du souvenir et de l'espoir, (The Map of Salt & Stars), Les Escales, 424 pages, 2018
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