4e de couverture: Angélique, devenue en secondes noces marquise du Plessis-Bellière, croit avoir triomphé des obstacles qui la séparaient de la cour de Louis XIV.
C'est compter sans les pièges diaboliques que lui tend son mari, le cruel et glacial Philippe du Plessis-Bellière, ce jeune dieu chéri des princes et du Roi. Furieux d'avoir été forcé d'épouser cette femme trop belle et trop intelligente, il a juré de se venger et de briser à tout jamais ses ambitions. Ces deux êtres d'exception s'affrontent en un combat âpre et sans merci, arbitré par le Roi lui-même dont les sentiments à l'égard d'Angélique, se révèlent étrangement ambigus.
Risque de Spoilers sur les tomes précédents.
C'est un fait indéniable: La saga cinématographique "Angélique" (qui a pourtant bercé mon enfance) a détruit l'image de la saga littéraire "Angélique".
Pour ce billet, je ne vais pas vous redire mon amour pour cette saga littéraire que j'ai découverte il y a quelques années. Ce serait de la redite par rapport aux tomes précédents.
Ici, j'ai plutôt envie de faire un comparatif entre le roman et le film qui en a été tiré dans les années 60. Un comparatif ou le livre sort grand gagnant. (Pour l'occasion, j'ai revu le film en diagonale peu après la fin de ma lecture).
Lire "Angélique", c'est redécouvrir l'histoire de France, et plus particulièrement le règne de Louis XIV, sous un autre angle, à travers un personnage féminin fort (et bien loin de l'image que le film en a donné) qui se trouve être à même l'égale des hommes (ce tome 3 en est une nouvelle preuve puisque Angélique est sollicité par Colbert et le Roi pour ses connaissances du commerce maritime, de part son commerce du chocolat. Puis, le roi lui confie une mission: être la porte parole de la cour envers Bachtiary Bey, l'ambassadeur de Perse).
Déjà, le premier changement important entre le roman et le film, c'est que le roman est beaucoup plus complet (ce qui est normal me direz vous dans une adaptation). Ok. Mais là, c'est quand même beaucoup car le film commence par la mort de Philippe (second mari d'Angélique), lors de la guerre des Flandres. Evènement qui arrive après plus de 300 pages dans le livre. Ce qui fait que le film a zappé tout le mariage et les rapports difficiles entre Angélique et son second mari (Philippe est un être odieux dans le roman, une image qu'il avait plus adoucie dans le film. Les pièges qu'il met en place pour discréditer Angélique sont diabolique comme l'enlèvement de sa femme pour l'empêcher d'assister à la chasse du Roi, afin de la discréditer aux yeux de ce dernier), mais aussi la présentation de la Cour, racontée de fort belle manière par Anne Golon: on croise ainsi tous les personnages emblématique de cette époque, la Reine, Mlle de la Vallière, première favorite du Roi, Mme de Montespan, "amie" d'Angélique à l'arrivée de celle ci à la Cour; Colbert, mais aussi Monsieur frère du roi, sans oublier Mme Scarron, à qui l'on prédit un grand avenir, d'après une voyante. Anne Golon nous raconte la Cour dans sa splendeur mais aussi dans ses plus sombres couloirs, et l'affaire des Poisons est évoquée plus d'une fois en la personne de La Voisin, que Barcarolle, le nain de la Cour des Miracles à bien connu.
Le film débute donc avec l'affaire du Bey de Perse et l'histoire de la Moumie, qui débute le 2e volume de mon édition. Et ce que l'on remarque, c'est que là où le film a retenu une intrigue de captivité et une histoire de fesses (car le Bey enferme Angélique, afin de la soumettre à lui,)le livre démontre qu’Angélique, en fin stratège, essaye d'apprendre les coutumes du pays persan, tout en inculquant à Bachtiary Bey, les coutumes de la Cour de France. Et elle y arrive sans succomber aux charmes de l'ambassadeur persan.
Même pour le prince Hongrois, Cirkoczy, qui demande l'aide du roi pour préparer une révolution en Hongrie, on découvre alors plus une intrigue politico géographique, en voyant les liens entre certains pays d'Europe, plutôt qu'une simple histoire de coucherie (alors oui, Angélique succombera aux charmes du Cirkoczy, mais c'est juste pour nous montrer que c'est une femme libre, veuve de surcroît. Donc, elle se donne à qui elle veut. C'est elle qui mène la danse.)
Autre différence entre roman et film: les enfants d'Angélique: Florimond et Cantor. Ils sont absents du film (seul une petite présence dans l'une des premières scènes du film et c'est tout), tellement absent qu'on pense qu'Angélique est une mère indigne qui ne pense qu'à elle, en délaissant ses enfants, alors que c'est tout le contraire. Elle fait tout pour leur donner une belle situation: Cantor deviendra l'un des petits pages d'un ministre qui partira en mer, parce qu'il trouve qu'il a une jolie voix. Sa disparition en mer lors d'une attaque pirate sur les mers orientales montre bien la douleur d'Angélique, qui fera alors, tout pour protéger son aîné Florimond, devenu page au service du Maître de Bouche, à la Cour du Roi et qui aura un rôle important dans la dernière partie du roman.
Petit aparté (attention Spoilers sur le tome suivant: "indomptable Angélique": lors de la disparition de Cantor en mer, on apprend que le navire sur lequel il se trouvait, a été attaqué par un navire du Rescator. Quand on connait la suite (grâce aux films), on se dit qu'il y a peut être une chance que Cantor ait réchappé à la mort, connaissant qui se cache sous l'identité du Rescator.
Fin des Spoilers.
Je trouve fort dommage que le film se focalise sur les histoires de fesses, plutôt que sur les intrigues historiques et politiques, qui sont beaucoup plus passionnantes. Et surtout, le livre donne une autre image d'Angélique beaucoup plus belle que celle du film. C'est un tel gâchis!
C'est donc une bonne nouvelle que les Editions de l'Archipel réédite les romans (même si c'est une longue mise en place), en espérant qu'ils aillent jusqu'au bout de la saga qui est difficilement trouvable dans son édition d'origine.
Le personnage d'Angélique mériterait d'être réhabilité aux yeux du grand public, et faire "oublier" les films (tâche très difficile). Pourquoi ne pas réadapter la saga, (mais pas au cinéma comme ce fut le cas, il y a 7 ans, et on a vu l'échec que cela a fait) à la télévision, dans une série, qui permettrait d'avoir le temps d'adapter le plus fidèlement possible ces longs romans passionnants. Une belle série historique d'envergure, qui redonnerait ses lettres de noblesse à l'un des personnages féminins, les plus emblématiques de la littérature française.
Vivement l'année prochaine pour que je me plonge avec délice dans la suite de ses aventures.
Anne Golon: Angélique Tome 3: Angélique et le Roy, Vol 1, J'ai Lu, 376 pages, 1959
Anne Golon: Angélique Tome 3: Angélique et le Roy Vol 2, J'ai Lu, 338 pages, 1959
J'aime pas les films. Bon je me suis tapé toute la série pendant le temps des fêtes, la télé étant ouverte toute la journée chez ma mère, mais les livres, les livres... j'aime!
RépondreSupprimerJe remarque que la découverte des livres (que j'aime également) va changer mon point de vue sur les films qui ne sont vraiment pas à la hauteur. Et puis, Angélique garde une place dans mon coeur car c'est grâce à cette saga que j'ai découvert les blogs et que je me suis lancé dans l'aventure, il y a huit ans. Et c'est grâce à certaines blogueuses, dont tu fais partie, qui m'a donner envie de lire la saga Angélique. Donc merci!
Supprimer