mercredi 26 septembre 2018

Le Grand Nord Ouest

4e de couverture: Fin des années 1930. Lorna del Rio quitte précipitamment les beaux quartiers d’Hollywood avec la petite Jessie et fonce vers le Grand Nord-Ouest du Yukon et de l’Alaska, sur les routes, par mer et jusque sur les anciennes pistes indiennes. Son périple croise les légendes de l’épopée de l’or et des trappeurs d’antan, avec pour seul guide une mystérieuse carte folle et ses munitions de première nécessité : son étole de vi­son, sa trousse à maquillage, son colt, une fortune volée dans le coffre d’Oswald Campbell, feu l’obèse papa de Jessie ; et surtout une sacoche pleine de vilains secrets. D’où vient-elle, que fuit-elle ? Que cherche l’intrépide pin-up, qui change de nom à tout bout de champ et ment comme elle respire ?
L’histoire de cette cavale, c’est Jessie qui, quinze ans plus tard, un soir d’avril 1954, la raconte à Bud Cooper, dans la banlieue d’Anchorage. Car qui d’autre que Bud tendrait l’oreille pour comprendre ce qu’a vécu Jessie, l’année de ses six ans, protégée par Kaska, l’Indienne gwich’in, puis réfu­giée dans une autre tribu, et enfin exfiltrée par l’homme que le FBI a payé pour “délivrer” la fillette ?

Rentrée Littéraire 2018 (#5)

Le nouveau roman d'Anne-Marie Garat nous invite à un grand voyage, autant extérieur, qu'intérieur, au pays du grand nord ouest alaskaïen. 

De cette première incursion dans le style et l'univers d'Anne Marie Garat, je retiendrai son style très littéraire, dans lequel j'ai eu un peu de mal à entrer au départ...puis vers la soixantaine de pages, je me suis immergé dans cette histoire fantastique. 
A quel beau voyage Anne Marie Garat nous convie, lors du périple de cette petite fille de 6 ans, emportée par sa mère vers le "Grand Nord Ouest de ses rêves"! Il y a de la magie dans ce roman, teintée de légendes amérindiennes qui, par l'intermédiaire de Kaska et Hermann, nous convie à un rêve fantasmagorique. 

C'est d'ailleurs la destination qui m'a amené vers ce livre: le grand nord  que je ne connais pas du tout, et tout comme la petite Jessie, je me suis laissé embarquer dans cette fuite en avant,porté par les rêves de cette petite fille de 6 ans. 

Alors, je vous le dis tout de suite, ce livre n'est pas simple et il se lit, ou plutôt se déguste, lentement. En premier lieu, le style de l'auteure, très travaillé, est un peu complexe, mais tellement poétique qu'on se laisse charmer (même si j'ai décroché sur certains passages, mon esprit revenait toujours dans ce grand nord ouest). Mais aussi la forme spéciale du roman. En effet, il n'y a aucun chapitre et saut de pages. Juste des paragraphes. Ce qui fait que je ne savais jamais à quel moment arrêter ma lecture (car oui, c'est un livre qu'il faut poser pour pouvoir laisser reposer son esprit et essayer de comprendre le but du voyage). Et puis, c'est qu'il y a une double narration en "je" qui s'installe: celle de la petite Jessie, 6 ans, et celle de Bud Cooper, pilote, qui recueille Jessie, 15 ans plus tard, et à qui cette dernière raconte son périple alaskaïen, quand elle avait 6 ans. Puis  progressivement, on prend un rythme lent et patient qui nous porte, car, mine de rien, il y a une histoire et un mystère, nommé Lorna Del Rio, la mère de la petite Jessie, qui s'installe: pourquoi a t'elle fuit à la mort de son mari, pour ces grandes étendues sauvages? Je vous assure que les réponses à ces questions vous étonneront. 

Malgré ses difficultés de lectures auxquelles je ne suis pas très habitué, j'ai beaucoup apprécié, la magie de ce roman et le voyage fantastique qu'il m'a procuré. Il y a  des légendes indiennes, Le petit Kid de Chaplin qui s'invite dans l'histoire, tout comme une certaine Alice, en la personne de Jessie, qui découvre son pays des merveilles. 
Toutefois, j'aurai un petit bémol, pour la fin. Le récit de Bud prend le pas sur celui de la petite Jessie (alias Qui Donnent ses dents, ou Niyah), ce  qui est logique puisqu'on avance dans le récit, mais j'aurai tellement aimé que la petite Jessie continue de nous raconter son périple.Son voyage intérieur et sa voix étaient si beaux.  Il y a également quelques répétitions de certains éléments de l'intrigue sur la fin, mais ceci n'est pas un reproche: bien au contraire, ils ont été salutaires pour tout remettre en ordre, en ce qui concerne l'histoire rocambolesque de Lorna et de sa petite fille. 

Au final, je ressors enchanté de ce roman. Une belle découverte qui m'a fait voyager au delà de mes rêves les plus fous. Le style travaillé et poétique d'Anne Marie Garat se prête bien à ces légendes amérindiennes. Et on a qu'une hâte: de prendre la route vers le Grand Nord Ouest de nos rêves: peut être y croiseront nous la route de Jessie, Kaska, Hermann ou Bud. Et pourquoi pas,au bout du voyage, réussir à trouver le chemin vers une vie rêvée. 

Merci aux Editions Actes Sud pour ce merveilleux voyage poétique vers le Grand Nord Ouest de "ses" rêves. 

Anne-Marie Garat: Le Grand Nord Ouest, Actes Sud, 316 pages, 2018


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