samedi 1 septembre 2018

La Neuvième Heure

4e de couverture: Jim agite doucement la main en refermant la porte derrière sa femme Annie qu’il a envoyée faire des courses. Il enroule alors soigneusement son pardessus dans le sens de la longueur et le pose au pied de cette même porte. À son retour, c’est un miracle si Annie ne fait pas sauter la maison entière en craquant une allumette dans l’appartement rempli de gaz. 
Les chevilles enflées après une journée à faire l’aumône, sœur Saint-Sauveur prend la relève des pompiers auprès de la jeune femme enceinte et des voisins sinistrés de ce petit immeuble de Brooklyn. La nouvelle du suicide étant déjà parue dans le journal, elle échouera à faire enterrer Jim dans le cimetière catholique, mais c’est très vite toute la congrégation qui se mobilise : on trouve un emploi pour Annie à la blanchisserie du couvent où sa fille Sally grandit sous l’œil bienveillant de sœur Illuminata, tandis que sœur Jeanne lui enseigne sa vision optimiste de la foi. Et quand cette enfant de couvent croira avoir la vocation, c’est l’austère sœur Lucy qui la mettra à l’épreuve en l’emmenant dans sa tournée au chevet des malades. 

«Si j’étais Dieu, avait coutume de dire sœur Saint-Sauveur, je ferais les choses autrement.» À défaut de l’être, les Petites Sœurs soignantes des Pauvres Malades, chacune avec son histoire et ses secrets, sont l’âme d’un quartier qui est le véritable protagoniste du roman d’Alice McDermott.


Rentrée Littéraire 2018 (#1)

Pour débuter cette rentrée littéraire 2018, mon choix s'est porté sur le dernier roman d'Alice McDermott, "La Neuvième Heure". 
Je dois dire que depuis quelques années, je ne lis plus les 4e de couverture en entier de peur d'être spoiler (ou "divulgâché" comme disent nos amis québécois)...sauf que ce procédé est à double tranchant. Un résumé peut nous donner une mauvaise piste sur l"histoire du livre. 

C'est ce qui m'est arrivé avec "La neuvième heure". En lisant le début de la 4e de couverture, je pensais lire un livre sur le suicide d'un homme (Jim) dans un immeuble, suicide qui provoque un incendie, et les conséquences de ce suicide et de cet incendie sur les habitants de l'immeuble. Eh bien pas du tout. ceci n'est juste que le point de départ du roman et l'incendie est vite expédié, car à la fin du premier chapitre, quelques mois se sont passés. 
Ensuite, l'histoire, va alors s'intéresser à la veuve de Jim, Annie, sa fille Sally, et surtout, aux bonnes soeurs qui vont prendre cette veuve et son  enfant sous leurs ailes. 

Voilà, "La neuvième heure" est plus un roman sur les bonnes soeurs, que sur le suicide d'un homme et ses conséquences. 
Alors, cela ne m'a pas déplu,le roman est intéressant et la plume de l'auteure est des plus belles et maîtrisées. Elle dresse un portrait magnifique de cette congrégation de bonne soeur et donne à rencontrer un personnage fort intriguant et complexe en la personne de Sally, la fille d'Annie, qui va être élevée par les soeurs, dans la foi chrétienne. De plus, il n'y a pas de bondieuserie, chose que l'on pourrait craindre dans ce genre de livre. Sauf que je ne m'attendais pas à lire un roman sur les bonnes soeurs, et il m'a fallu une bonne centaine de pages pour me faire à cette idée et  prendre plaisir à ma lecture, quand l'idée à fait son petit bonhomme de chemin dans ma tête. 

Le roman est très beau et poétique: on sent comme une tragédie irlandaise qui se joue sous nos yeux. Ce qui a retenu mon attention dans le roman, c'est la complexité du personnage de Sally. Il se dégage de cette jeune fille devenue jeune femme, une dualité qui oscille entre le bien et le mal. On sent l'influence des Soeurs dans son éducation, qui amène son désir de marcher sur leurs pas, mais le diable est là qui se cache dans les coins et qui lui fait faire des choix différents. Elle oscille entre le bien et le mal et cette nuance de gris est des plus intéressantes. 
Alice McDermott nous conquiert aussi par les portraits des bonnes soeurs qu'elle dessine avec tendresse et humanité, leur donnant un visage des plus humains. En commençant par Soeur Saint Sauveur,qui sera sur les lieux de l'incendie et qui prendra en charge Annie et son enfant à naître. Puis viendra, Soeur Jeanne, qui deviendra amie avec Annie, et la vieille et douce Soeur Illuminata, blanchisseuse au couvent et qui se prendra d'affection pour la petite Sally. Je vous assure qu'après ce livre, vous aurez un autre regard sur ces dames de grande charité. 

Vous l'aurez compris, je ressors déconcerté par ce roman, car il ne m'a pas apporté ce que j'en attendais. C'est cependant, un fort joli roman que je vous recommande si vous voulez découvrir les bonnes soeurs sous un nouveau jour. Et rien que pour la plume de l'auteure, belle et raffinée, et pour le personnage ô combien complexe de Sally, ce livre vaut le coup d'être lu. Alors, à vous maintenant de vous faire votre opinion. 

Merci aux Editions de la Table Ronde pour cette jolie mais déconcertante découverte. 

Alice McDermott: La Neuvième Heure, (The Ninth Hour), La Table Ronde, collection Quai Voltaire, 282 pages, 2018


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