jeudi 7 avril 2016

Martin de La Brochette

4e de couverture: Grassouillet, affublé d'un anti-don pour les études, Martin de La Brochette est l'antithèse et le mal-aimé de sa très versaillaise famille BCBG.
Mais celui qu'"affectueusement" les siens surnomment "p'tit boudin", aidé d'un appétit hors norme pour la vie, n'a qu'une idée en tête : exercer, accompagné de sa femme rondelette qu'il aime plus que tout, la profession, inconcevable dans son milieu, qui l'attire depuis toujours.
Réussira-t-il à réaliser son rêve d'enfant?


Jubilatoire! Une petite bulle de rire, qui éclate dans notre vie et qui éclaire notre journée. 
Voilà ce qu'est Martin de la Brochette, le premier roman de Thierry des Ouches, dont j'avais découvert la plume, l'année dernière avec son 2e roman: "Dans le décor" (qui était beaucoup plus cynique et sombre, mais qui dressait un portrait sans concession du monde du cinéma). 

Ici, nous sommes dans la comédie pure avec un personnage, truculent (à la Audiard ), mais d'une gentillesse, qu'on ne peut que l'aimer. Martin est l'un des personnages les plus gentils que j'ai pu découvrir en littérature (mais attention, gentil, ne veux pas dire naïf, bien au contraire. Il a un regard lucide sur le monde qui l'entoure et à souvent la dent dure sur sa famille bourgeoise). Le portrait qu'il fait de sa famille est des plus virulent et cynique, mais toujours avec humour et finesse. Martin ne fait pas dans l'humour gras (ok, c'est un peu facile quand on a un boucher comme personnage principal), et c'est tout à fait plaisant. 

Il y avait bien longtemps que je n'avais pas ri à gorge déployée, en lisant un livre. Pour tout vous dire, j'ai même été pris d'un fou rire, plus d'une fois. Thierry des Ouches sait manier l'humour et cela donne du poids à son personnage (facile ici aussi, j'avoue), que l'on trouve tout de suite sympathique. C'est très joyeux, enlevé et il y a également une très belle analyse des milieux sociaux et le fait de ne pas se sentir à sa place. Martin se sent exclu dans ce monde bourgeois, lui, qui n'aspire qu'à une vie simple, avec Solange, sa femme, qui fait les même études que lui, mais en Charcuterie, alors que lui est boucher. J'ai été touché par leur amour et leur vie simples, et cela me les a rendu plus proche de moi et de mon quotidien. 

En définitive, s'il fallait trouver des défauts à ce roman, c'est sa brièveté. Il est vraiment trop court. J'étais trop bien avec Martin, et sa petite famille, en définitive, que j'en aurai bien repris un peu plus. Je suis un peu resté sur ma faim. Thierry des Ouches démontre surtout qu'il sait aller dans des univers différents avec brio et qu'il sait si bien les "photographier", nous montrant, le côté drôle, dur, touchant et cynique du monde qui nous entoure. Surtout, il manie l'humour avec intelligence. Son écriture est des plus jubilatoires et j'ai bien hâte de  retrouver sa plume  avec  son prochain roman. 

 Et un petit extrait pour conclure en beauté: 

Aidé par l'absence totale de centre d'intérêt, Louis est bon dans les études car il a fait naturellement ce qu'on lui a dit de faire quand il fallait le faire, animé par la seule reconnaissance que lui procuraient la bonne note et la satisfaction de sa maman chérie. Gueule d'ange, il n'y est pour rien et qu'il danse bien, tout le monde s'en fout, ça ne sert à rien. Sauf peut être a décrocher le gros lot, et il l'a fait notre champion du monde, notre intouchable à nous. Il l'a levé dans une soirée à l'Automobile Club de France, sur une valse. Une blonde superbe, mais conne comme deux balais. Et comme elle est authentiquement conne, elle ignore q'elle l'est par le fait même qu'elle l'est. [...]Une conne qui rit quand elle est belle, c'est comme un tour de magie, on se fait toujours avoir. (p.34-35)

Thierry des Ouches: Martin de la Brochette, Daphnis & Chloé, 165 pages, 2014


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