dimanche 29 janvier 2012

C'était pas à Marienbad

Le slow qui tue de la semaine me fait penser au cinéma. Un vieux film que l'on visionne un soir, blotti au coin du feu:

Viktor Laszlo: Canoë Rose



Bonne écoute!

Le coeur en dehors


4e de couverture: « Tu sais Charly, il faut aimer dans la vie, beaucoup... Ne jamais avoir peur de trop aimer. C'est ça, le courage. Ne sois jamais égoïste avec ton coeur. S'il est rempli d'amour, alors montre-le. Sors-le de toi et montre-le au monde. Il n'y a pas assez de coeurs courageux. Il n'y a pas assez de coeurs en dehors... »
Le héros de ce livre, c'est Charly, un gamin de dix ans, d'origine malienne, qui vit dans une cité de banlieue. Son regard innocent enchante le monde sordide dans lequel il évolue.


La première fois où j'ai entendu le nom de Samuel Benchetrit, ce fut pendant l'affaire Bertrand Cantat/Marie Trintignant. Marie Trntignant était son ex compagne, qu'il avait dirigé dans son premier long métrage, "Janis & John".
Puis, j'ai découvert qu'en plus d'être réalisateur, il était aussi écrivain. Pourtant je n'ai pas été très attiré par ses romans.
Mais voilà qu'un jour, lors d'une de mes ballades en librairie, je tombe sur son roman "Le coeur en dehors". Je me suis laissé tenter et j'ai bien fait.

C'est un roman plein d'humour, de poésie et de tendresse, qui malgré le sordide de la banlieue garde quand même un aspect positif, grâce à son personnage central: Charly. Ce gamin de 10 ans est génial. J'ai adoré le suivre dans ses pérégrinations dans cette banlieue parisienne où il ne fait pas souvent bon vivre. Pourtant Charly ne nous la dépeint pas tristement, malgré l'abandon que commence à connaître les cités qu'il traverse. Il y a toujours de l'espoir chez Charly.

Le lecteur va suivre ce petit bonhomme toute une journée: journée qui débute par ce fait marquant pour lui: une dame accompagnée de flics viennent chercher sa mère. Il est 8h. Charly va alors sécher l'école et partir à la recherche de son grand frère et ainsi essayer de comprendre pourquoi les flics s'intéressent à sa mère.
Lors de son périple, Charly, qui est un peu bordélique dans ses pensées (dans un même chapitre, on saute souvent du coq à l'âne) va nous dévoiler quelques souvenirs sur sa vie dans cette banlieue. Sa vie heureuse auprès de sa mère, de ses copains Karim, Brice, Yéyé. Il nous parle de son béguin pour Mélanie Renoir, qui habite dans un pavillon,proche de sa banlieue.

J'ai beaucoup aimé entendre la voix de Charly: il est drôle, touchant, curieux et cultivé pour son âge car Rimbaud, Hugo, Picasso, sont évoqués. Il trouve d'ailleurs étrange qu'on donne des noms d'artistes à des tours: Charly habite dans la Tour Rimbaud.
Le style de Samuel Benchetrit nous fait entendre cette voix. Il a su se mettre dans la peau de ce petit Charly. Je trouve ça très bien car cela permet au lecteur d'être proche de lui et de se sentir concerné par ses soucis.

Toutefois, j'aurai un petit bémol à faire: je trouve la fin trop abrupte. Certes la journée se termine mais une question reste sans réponse et cette question concerne la maman de Charly. Je suis frustré de ne pas savoir...alors j'essaye d'imaginer la suite. Mais ai je autant d'imagination que Charly? Pas sûr car il est très fort Charly pour l'imagination. Il a même eu un 18 en rédaction.

Samuel Benchetrit nous parle des banlieues,de l'abandon de ces dernières avec les centres commerciaux qui ferment, des problèmes de drogue, des sans papiers...mais il le fait avec humour, tendresse et poésie.

En conclusion, un court roman qui se lit rapidement et qui nous fait entendre la voix d'un chouette gamin qui nous parle des banlieues sans pathos, mais avec humour et tendresse, qui nous met du baume au coeur...et ça fait du bien. Pourtant, je reste frustré car j'en aurai voulu un peu plus.

Samuel Benchetrit: Le coeur en dehors, Le Livre de Poche, 248 pages, 2009

vendredi 27 janvier 2012

Michel Berger, celui qui chante #4

Écoute la Musique (quelle consolation fantastique) (1974)


Ton meilleur ami a un grand couteau
Celle que tu aimes te le plante dans le dos.
Tu t'étonnes et tu trouves ça curieux.
Tous tes rêves étaient bleus,
Tous tes rêves étaient roses
Mais la vie c'est autre chose.

Écoute la musique,
Envole-toi sur son tapis magique.
Écoute la musique,
Quelle consolation fantastique.

Tu veux t'envoler dans les nuages
Viendrais-tu partager mon paysage ?
Juste pour un amour de passage.
Tu fais des rêves bleus,
Tu fais des rêves roses.
Tu n'as pas besoin d'autres choses.

Écoute la musique,
Envole-toi sur son tapis magique.
Écoute la musique,
Quelle consolation fantastique.

Écoute la musique,
Envole-toi sur son tapis magique.
Écoute la musique,
Quelle consolation fantastique.

Envole toi, envole toi.
Envole toi, envole toi.
La musique te prend dans ses bras.

Écoute la musique,
Envole-toi sur son tapis magique.
Écoute la musique,
Quelle consolation fantastique.
Quelle consolation fantastique,
Quelle consolation fantastique.








En 1974, Michel Berger sort son deuxième album "Chanson pour une fan". C'est dans ce 2e album que se trouve la chanson "Ecoute la Musique (quelle consolation fantastique)". Cette chanson va être le premier succès de Michel Berger. Mais la consécration viendra 6 ans plus tard (en 1980) avec son 5e album "Beauséjour" qui ne comptera pas moins de 3 tubes dont une certaine "Groupie du pianiste". Mais ceci est une autre histoire.

jeudi 26 janvier 2012

"Être prof, c'est être quitté tous les ans, et faire avec."


4e de couverture: « Je vous ai accordé une salle. Une salle, vous savez, ça n'a pas de prix. C'est la 229, bâtiment G. G229. Allez chercher la clé chez la concierge. Bon, je crois que cet entretien est terminé. Nous nous croiserons souvent désormais. Bienvenue ici. » Je remercie le proviseur, mais il ne m'écoute déjà plus. Un proviseur, ça a beaucoup de choses à penser. Un prof, non. Un prof, ça ne pense qu'à une chose, ses classes. Puis soudain, il est de nouveau là, présent. Il me fixe. Il dit : « Le plus dur, dans le métier, vous savez, c'est de manier le on et le je. » Je réponds que euh, je ne suis pas sûr de comprendre. « C'est une institution, l'école. Vous entrez dans un bulldozer. Il faut arriver à en devenir membre sans perdre son individualité. Ce n'est pas aussi facile qu'on le croit, vous verrez. Le on et le je. Réfléchissez-y. Bonne chance ! »

L'année vient de commencer depuis quelques semaines et je retrouve déjà la plume de Jean-Philippe Blondel. C'est qu'elle m'avait manquée cette plume légère, tendre, poétique mais tellement vraie.
Dans ce roman autobiographique, Monsieur B., comme il se fait appeler dans le roman, comme un témoin anonyme qui nous livre sa vision du lycée, revient sur ses années d'enseignant. Je peux vous dire que ça fait un bien fou de lire un livre sur ce sujet sans qu'il soit négatif ni pathos. Enfin, un prof qui aime être prof et qui le dit. Je commençais à désespérer d'en trouver un, un jour, car tous ceux qu'on nous montre à la télé dans des reportages ou sur des plateaux, sont tellement négatifs, à la limite du pétage de plomb qu'on a l'impression qu'il ne fait pas bon être prof de nos jours. Attention, G 229, ce n'est pas non plus le pays des Bisounours, faut pas exagérer mais, même si des moments sont difficiles, le narrateur, ne garde que le positif en tête.

J'ai beaucoup aimé l'alternance des "on" et des "je". Monsieur B. nous parle de son expérience par des souvenirs propres comme cette femme qui vient le voir en réunion parents-profs et qui pose sa main sur son bras. Il veut lui parler des difficultés de son fils Mathieu à l'école et elle lui confie la terrible vérité: elle va bientôt mourir: "Au printemps, [elle] ne sera plus là". Tout ce qu'elle veut, c'est qu'on soutienne son fils dans la mesure du possible dans cette épreuve. Peu importe le travail qu'il fournit.
Quand j'ai lu ce moment là, j'ai eu une boule dans la gorge et je me suis demandé comment j'aurai réagi face à cette "confession".
Puis il y a tous les passages en "on" qui nous parle de la vie au lycée de manière générale. On rit, on s'engueule, on lit, on voyage également (ces fameux voyages pédagogiques en Angleterre qui m'ont bien fait rire et rappelé de bon souvenirs même si moi, je ne suis pas allé en Angleterre mais en Allemagne. Peu importe le pays, les souvenirs sont très proches).

En lisant ce livre, j'ai fait un voyage temporel vers mes propres années lycée: à chaque chapitre, j'avais un souvenir précis de mon expérience scolaire en tant qu'élève. Ce voyage nostalgique m'a fait un bien fou. Je me suis revu en cours de langue, dans la cour de récré. Mais le plus avec ce livre, c'est que j'ai enfin découvert cet endroit secret: la salle des profs que je n'ai connu que de brefs instants quand je devais déposer un devoir ou autre dans le casier d'un prof.
En fait, si vous voulez tout savoir, j'ai eu envie à certains moments de redevenir élève. Alors que je n'avais qu'une hâte, à l'époque: ne plus l'être. Mais je me rends compte à présent qu'il y avait de l'insouciance à être élève: je n’avais pas toutes les responsabilités qui incombe à un adulte. Mais bon, c'est le côté nostalgique qui parle.

En conclusion, je remercie donc Jean-Philippe Blondel de m'avoir invité dans sa salle pour me faire partager la vie de ce théâtre de poche qui sonne si vrai à nos oreilles et nous fait ouvrir notre propre boîte à souvenirs. Je vous assure qu'en lisant ce roman, on se réconcilie avec l'école et on se dit que tout compte fait, le lycée, c'était pas si mal.

Jean-Philippe Blondel: G229, Buchet-Chastel, 240 pages, 2011

mardi 24 janvier 2012

L'amour ouf


4e de couverture: A Dublin, Jackie et Johnser ont grandi là où "les choses ne changent jamais". ils voulaient s'en sortir. Ensemble. Alors pourquoi Johnser à t-il épousé Tara la lopsa? Et pourquoi Jackie s'est-elle mariée avec Jeffrey le baltringue?


Quelquefois, j'aime bien aller fouiller dans le fond de ma PAL pour y exhumer un roman qui y dort depuis des années. Voilà comment L'amour ouf a atterri entre mes mains après un sommeil d'un peu plus de dix ans (sa sortie date de 2000). Si je vous donne la date c'est que celle ci a son importance pour la suite.
L'action se déroule dans une petite ville, proche de Dublin, Ballyfermot. On y fait la connaissance de Johnser, jeune homme d'une famille ouvrière qui s'en sort comme elle peut: surtout qu'avec 18 enfants(!) (tous n'ont pas survécu),ce n'est pas facile tous les jours. Johnser (qui porte ce prénom étrange pour la raison simple que sa mère s'est trompé dans les prénoms: elle voulait lui donner le prénom John en hommage d'un fils ainé mort à la naissance. Sauf que ce n'était pas John qui était mort mais Jimmy. Ce qui fait que la famille s'est retrouvé avec deux John. Pour les différencier, ils l'ont appeler Johnser) est un jeune caïd qui traine avec sa bande le soir près du Naller. Un jour, il rencontre Jackie et ils tombent tous les deux amoureux. Tout se passe pour le mieux (Jackie n'est plus une "grosse vache" maintenant qu'elle sort avec l'un des garçons cool du lycée), jusqu'à ce que Johnser veuille coucher avec Jackie, ce que cette dernière refuse. Après un an sans nuage, Johnser va aller voir ailleurs et c'est là que leur vie va totalement changer.

Quand j'ai ouvert le livre et que j'ai découvert ce parler djeuns des banlieues, je me suis dit, "aïe aïe aïe, ça va pas le faire". Ben oui, le langage évolue tellement que le parler djeuns du livre (les termes verlans comme lopsa, zen (pour nez) ou ouf (pour fou)) ne correspond plus tellement au parler djeuns d'aujourd'hui (enfin je suppose). C'est en commençant ma lecture que je me suis fait la réflexion que j'aurai dû ne pas laisser trainer ce roman aussi longtemps dans ma PAL. Alors, la traductrice n'est pas en cause et a fait du mieux qu'elle a pu pour retranscrire le parler des banlieues du roman. Mais ce parler là à dix ans.
Mais bon, c'est un petit détail car après quelques pages, j'ai réussi a faire abstraction de ce style là pour me focaliser sur l'histoire qui m'a bien plu en définitive.
Deux voix se font entendre dans le roman: Johnser et Jackie (autre petit bémol: l'auteur aurait pu indiquer qui parlait à chaque début de chapitre car au départ, j'étais un peu dans le flou, ne comprenant pas tout. Puis, un temps d’adaptation plus tard, j'ai enfin pu entrer dans le roman). Un début de roman qui nous laisse pantois devant une situation (Jonhser et Jackie passent la soirée tranquille chez eux quand un individu sonne et entre en braquant un fusil vers Johnser) qu'on ne retrouvera que plus tard dans le roman, la suite étant un long flashback sur les vies de Johnser et Jackie.

Bon, je ne vais pas vous mentir, ce n'est pas le roman du siècle et le style parler des banlieue n'est pas trop ma came. Cependant, J'ai beaucoup aimé les personnages de Jackie et Johnser. Puis, l'auteur nous immerge dans la banlieue dublinoise, en Irlande, pas tellement joyeuse et j'ai trouvé cela intéressant. C'est un roman qui se lit vite et que je ne réussissais pas à lâcher facilement, bizarrement. J'avais toujours envie d'en savoir plus.

Par contre, je vais encore pousser un petit coup de gueule contre France Loisirs: les livres de la collection Piment sont souvent truffé de coquilles et c'est énervant. Très énervant."L'amour Ouf" ne déroge pas à la règle.
Je suis désolé mais quand je lis un roman, je ne suis pas là pour jouer les correcteurs (il y a des personnes qui sont payer pour ça).
Un exemple: dans le roman, Johnser a parfois du "Flic" dans ses poches, mais souvent, il n'a "Lien". Je suis désolé mais ça ne veut rien dire: Si Johnser avait du "Fric" dans ses poches mais souvent qu'il n'avait "Rien", là je comprendrais. Si encore ce n'était qu'une fois dans le roman, ça passerait, mais c'est que ça se répète un peu trop souvent à mon goût. Et cela se répète un peu trop souvent dans les romans de cette collection. Voilà pourquoi, j'essaye d'éviter les romans de la collection "Piment" le plus possible. Car je n'en peux plus de ces coquilles qui me gâchent la lecture.

Maintenant que j'ai poussé mon petit "coup de gueule", je vais pouvoir conclure.

L'amour ouf est un roman divertissant avec des personnages somme toute attachants ou énervants (Tara par exemple qui m'a exaspéré au plus haut point!) que j'ai lu rapidement malgré que ma lecture ait été gâché par de nombreuses coquilles et un style djeuns un peu "vieillot" à mon goût (mais la faute en revient à moi: je n'aurait pas dû laisser trainer ce roman aussi longtemps dans ma PAL).

Neville Thompson: L'amour ouf (Jackie loves Johnser, OK?), France Loisirs (Collection "Piment"), 325 pages, 2000

dimanche 22 janvier 2012

Let it Be

Le slow qui tue de la semaine est ma chanson préférée de ce groupe mythique:

The Beatles: Let it Be



Que dire de plus à part

Bonne écoute!

The King Arthur Of Gospel


4e de couverture: Dans le Harlem des années cinquante se nouent les destins de quatre adolescents : Julia, la jeune évangéliste qui enflamme les foules, Jimmy, son petit frère souffre-douleur, Arthur, qui manifeste déjà son talent de chanteur de gospel, et Hall, le frère aîné d'Arthur, qui s'apprête à partir pour la guerre en Corée.
Trente ans plus tard, la mort d'Arthur amène Hall à revenir sur leur jeunesse. Il tente alors de découvrir la folle logique qui a conduit la vie de ces êtres liés à tout jamais. Pourquoi Julia a-t-elle subitement cessé de prêcher ? Pourquoi le quartette s'est-il dispersé ? Pourquoi Arthur, l'empereur du soul, n'a-t-il jamais vraiment trouvé le bonheur malgré l'amour de Jimmy ? L'écriture sensuelle de James Baldwin, rythmée par les cris poignants du gospel, nous entraîne dans une Amérique rongée par la haine raciale et le mépris des minorités.
Ce roman bouleversant, dans lequel la violence et l'érotisme se mêlent à la tendresse et l'humour du poète, est un chant d'amour. Chant d'amour de Hall à Arthur et à ses frères noirs, dans un monde qui les rejette avec arrogance.


C'est grâce à mon libraire si j'ai lu ce livre. Après une discussion avec lui sur le roman de Richard Powers "Le Temps où nous chantions", (que nous avons adoré tous les deux), il me conseilla la lecture de ce roman de James Baldwin, les thèmes du livre étant similaires. Je peux vous dire que mon libraire a bien fait car c'est un très bon roman.
Je n'ai pas lu beaucoup de romans où les héros sont tous afro-américain et j'ai trouvé cela intéressant d'avoir la vision afro-américaine de la ségrégation. Hall, le narrateur et frère ainé d'Arthur, nous plonge dans cette Amérique des années 50 où le racisme est omniprésent, surtout dans le Sud (les passages du livre se déroulant dans le Mississippi m'ont fait froid dans le dos).

Le roman est un long flashback que déroule Hall quand il apprend la mort de son frère Arthur dans un bar londonien (sa mort est juste évoquée mais jamais "montrée", même à la fin. C'est au lecteur d'imaginer la scène). Il y a alors deux familles et quatre personnages qui se détachent: Hall, le narrateur, qui partira pour la guerre en Corée, avant de devenir le manager d'Arthur. Arthur, son frère, qui chante du Gospel dans les églises et qui deviendra une célébrité partout où il passera, Julia Miller, la fille des Miller ami de leurs parents, petite fille évangéliste qui a neuf ans, prêche dans les églises, qui sous ses airs arrogants cachera une réelle souffrance par la suite (à la mort de sa mère, elle vivra un véritable enfer qui la changera à jamais) et Jimmy, le frère de Julia, qui souffrira de l'indifférence de ses parents qui vouent un culte malsain à leur fille.

C'est un roman foisonnant où la musique, la religion, la solitude, les combats pour une certaine liberté (Martin Luther King et Malcolm X sont évoqués: j'ai trouvé étrange qu'Arthur et les autres ne soient pas au courant des actions de ces deux hommes. C'est d'ailleurs Arthur qui dit à son frère qu'au Canada, les gens sont plus au courant qu'eux, qui vivent à New York), la déségrégation qui se met progressivement en place,l'homosexualité s'entremêlent dans ce roman qui nous interpelle pour ne plus nous sortir de la tête.

Mais, même si j'ai aimé lire ce roman, il ne m'a pas autant fait vibrer que "Le Temps où nous chantions" de Richard Powers. Même si les thèmes se rapprochent (la musique, la condition des noirs, les années 50-60), les deux livres ne m'ont pas parlé de la même manière et cela est dû au style des auteurs: celui de Powers est poétique, majestueux, celui de Baldwin est plus cru et plus direct. Après avoir fini le livre de Powers, j'ai pleuré. En tournant la dernière page du roman de Baldwin, j'ai eu un petit pincement au coeur et un regard différent sur la ségrégation. En clair, le livre de Powers m'a touché au coeur, celui de Baldwin a chamboulé mon cerveau.

Un dernier point que je n'ai pas évoqué: New York: retrouver la ville qui ne dort jamais a été un réel bonheur: surtout qu'il m'a emmené dans le quartier d'Harlem que je ne connais pas. C'est toujours fantastique de redécouvrir cette ville à travers la littérature.

En conclusion, un roman fascinant, foisonnant, qui m'a interpellé et que je n'oublierai pas de sitôt. Même s'il ne m'a pas touché sentimentalement comme l'avait fait "Le Temps où nous chantions", il m'a donné un autre regard sur la condition des noirs aux États Unis.

James Baldwin: Harlem Quartet (Just above my head), Stock (collection "La Cosmpolite"), 694 pages, 1987,1991,1998,2003