lundi 23 novembre 2015

La Partie de chasse (Belfond Vintage Saison 3, Volume 14)

4e de couverture: Angleterre, automne 1913. La grande partie de chasse traditionnelle bat son plein sur les terres de sir Randolph, pour le plus grand plaisir de ses invités. Mais, cette fois, flirts, rivalités et trahisons vont avoir raison de l'étiquette et provoquer ce que tout bon aristocrate se doit d'éviter à tout prix : un scandale.

Grand classique de la littérature anglaise du xxe siècle, La Partie de chasse dépeint avec une délicieuse cruauté les derniers jours d'une aristocratie dépassée, sourde aux premiers échos de la Grande Guerre, accrochée avec la force du désespoir aux vestiges de sa splendeur d'antan.


Un lecteur doit trouver le bon moment pour lire un livre. 
En effet, il se peut qu'il y ait quelquefois des rendez vous manqué. C'est ce qui m'est arrivé avec "La Partie de chasse" d'Isabel Colegate lors de ma première rencontre avec ce roman.  
J'avais voulu lire ce livre en avril 2015 (j'avais même lu une cinquantaine de pages), quand je me suis aperçu que ce n'était pas le bon moment. En effet, ce roman parle de chasse et se passe en automne. J'ai alors refermé le livre en me promettant de le ressortir à la période automnale. 

C'est donc en ce mois de novembre que j'ai repris le livre (en le recommençant depuis le début) en espérant cette fois ci ne pas l'abandonner (car cela voudrait dire que ce livre ne voulait pas de moi). 
Encore une fois, mon instinct de lecteur ne m'a pas trompé. Je suis entré dans le livre à pas feutré, découvrant un monde aristocratique des plus cruel et charmant à la fois, pour ne pas le lâcher avant d'arriver à la dernière page. 
C'est qu'Isabel Colegate sait y faire pour accrocher son lecteur. Dès la première phrase du livre, elle annonce qu'un drame va se produire. (Celui ci n'arrivera quasiment qu'à la fin du roman) Le lecteur est alors happé et veut savoir ce qui va arriver. J'ai même été jusqu'à extrapoler pour savoir ce qui allait déclencher l'inévitable, cherchant à savoir qu'elle serait l'éventuelle victime. Pourtant, ce n'est pas un roman policier. C'est juste moi qui cherchait à savoir. 

Cependant, malgré cette phrase d'accroche, ce livre n'est pas bourré d'action. Bien au contraire. Il prend son temps pour nous présenter les nombreux personnages (je me suis même un peu perdu dans tous ces noms, au début; cherchant à savoir qui était  qui, et qui faisait quoi) et se focalise plus sur les pensées et états d'âme des personnages que sur les actions en elle même. 
En fait, ce roman se déroule sur une seule journée: celle de la partie de chasse. (Bon, il y a aussi la préparation de celle ci la veille, qui permet justement au lecteur de faire connaissance avec tous les protagonistes). 
C'est dans un monde désuet où nous emmène Isabel Colegate, un monde aristocratique, qui, au début du XXe siècle, et le conflit qui se prépare (la Première guerre mondiale) voit son monde s'écrouler. On sent qu'ils vivent dans un autre monde et qu'ils ne sont pas préparé à ce qui va se dérouler. 

C'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose mais ce n'est pas là l'essentiel: je me suis laissé bercé par la plume de l'auteur et j'ai suivi cette partie de chasse avec plaisir et intérêt (moi qui n'aime pourtant pas ce "sport"). Isabel Colegate ne dresse pas un portrait très joli des aristocrates, mais elle ne les juge pas. Elle nous les montre tels qu'ils sont. Elle n'oublie pas pour autant les domestiques, même si elle ne leur donne pas une part très importante (à mon grand regret car ils ont fait partie de mes personnages préférés, comme Ellen, par exemple). Celui qui restera mon personnage préféré est Osbert, 10 ans,  le petit fils de Sir Randolph, qui, le matin de la chasse, voit sa cane s'envoler et qui fera tout pour la retrouver, aidé d'Ellen, avant que les chasseurs ne l'abatte par mégarde. 

C'est un roman anglais dans la pure tradition qui m'a charmé et qui m'a rappelé l'univers de "Downton Abbey", mais aussi "Gosford Park" (pour ce que j'en ai vu, car je n'ai pas encore regardé le film dans son intégralité. Ce livre m'a d'ailleurs donné envie de le (re)voir). Ce n'est donc pas un hasard que Julian Fellowes (créateur de "Downton et scénariste de "Gosford",   signe la préface de ce roman. 
Préface que j'ai lu à la fin de ma lecture du livre (car j'ai toujours peur de me faire spoiler l'intrigue. Je lis donc toujours les préfaces après avoir lu le livre). Justement, c'est en lisant cette préface que j'ai compris que j'avais lu un très grand roman (moi qui ne pensait lire qu'un petit roman anglais un peu désuet) et que je n'avais pas totalement compris toute sa portée. (Pourtant, c'est le propre des romans de la collection "Belfond [Vintage]": faire découvrir des romans qui ont compté et marqué leur époque) Il sera bon que je le relise un de ces jours.
Ce que j'aime également dans les romans de la collection "Belfond Vintage" ce sont les bonus (les préfaces ou les postfaces) écrit par de grands auteurs (Annie Proulx pour "Le pouvoir du chien" de Thomas Savage; Eric Emmanuel Schmitt pour "Après minuit" d'Ingmar Keun, Julian Fellowes pour cette "Partie de chasse"...) qui donnent un éclairage intéressant sur le roman. Ce qui fait la richesse de cette collection. 

Au final, un roman anglais au charme que l"on croit désuet mais qui nous donne à voir un monde qui se délite pour progressivement disparaître. C'est même un constat un peu amer qui se présente à nous à la fin du roman: l'aristocratie va rester ancré dans le XIXe siècle et quasiment ne pas survivre à la 1ère guerre. D'ailleurs, les années vingt allait sonner le glas de ce monde là. C'est pour ça que Sir Randolph condamnait avec obstination cette période (les années 20) de l'histoire. (P. 318)

Merci à Brigitte et aux Editions Belfond  pour cette charmante découverte. 

Isabel Colegate: La Partie de chasse (The Shooting Party) (traduit par Elizabeth Janvier), Belfond (Collection Belfond [Vintage]), 318 pages, 1987 (pour la traduction française), 2015 (pour la présente édition)



4 commentaires:

  1. Tu as su trouver les mots qui sont venus piquer ma curiosité...

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    1. Ouf, j'ai donc réussi a faire un billet tentant. Je n'étais pas très sûr de moi en l'écrivant, n'arrivant pas à retranscrire ce que j'avais ressenti. J'espère qu'il te plaira.

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  2. Même si tu fais référence à Downtown Abbey, que j'adore, cette lecture ne me tente pas trop. Au fait, j'ai vu ton chouchou (l'acteur de Brothers and sisters) dans un film récemment, il me semble que c'est dans Crazy Amy :)

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    1. Ah Matthew! Bon, ben cela fera deux fillms à voir avec lui, puisqu'il est aussi dans le film de Christian Carion "En mai, fais ce qu'il te plait". Merci pour l'info. Cela me fait d'ailleurs pensé qu'il faudrait que je reprenne la vision de la série "The Americans".

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