Un jour, il décide de partir. Pour aller à la guerre et prouver qu’il est un homme. Mais sur le plateau qui surplombe la vallée, nulle guerre ne sévit. Seuls se déploient le silence et les odeurs du maquis. Et une fille, comme un souffle, qui apparaît devant lui. Avec elle, tout s’invente et l’impossible devient vrai. Il lui obéit comme on se jette du haut d’une falaise. Par amour. Par jeu. Et désir d’absolu.
L'année 2018 débute bien avec la lecture du premier roman de Jean-Baptiste Andrea.
Ce roman m'a été chaudement recommandé par ma libraire qui m'a simplement dit qu'il était fait pour moi. Que c'était tout à fait le genre de livre que j'aimais...sans me dire ce qu'il racontait. Je suis donc reparti sans avoir lu la 4e de couverture et j'ai réussi a me tenir éloigné des critiques parlant de ce livre pendant six mois pour garder la découverte de l'histoire intacte..;et je dois dire que j'ai bien fait, car je suis entré dans ce livre en allant de surprise en surprise.
Ce conte initiatique (en tout cas, c'est comme ça que j'ai ressenti ce roman, qui dans son style poétique enferme beaucoup de magie) d'un jeune garçon différent m'a vraiment comblé. Et c'est là que je m'aperçois que ma libraire me connait très bien car elle a visé juste.
J'ai été ému, bouleversé par l'histoire de ce garçon dont on ne connait que le surnom que Viviane, la fille qu'il rencontre durant sa fugue, lui donne: Shell (de par le blouson qu'il porte et qui arbore le logo de la marque d'essence (les parents de "Shell" tiennent une station service où leur fils travaille, comme pompiste)).
Shell est un garçon différent des autres: il est un peu lent et n'a pas le cerveau aussi développé qu'un enfant de son âge. Et cette différence va faire qu'il va être l'objet de quolibets de la part de ses camarades. Tellement qu'à un moment ses parents décide de le déscolariser.C'est ainsi qu'il travaille à la station.
J'ai été bousculé par ce roman qui se déroule durant les années 60, lors d'un été qui va bouleverser la vie du jeune Shell. Dès les premières pages, j'ai été happé et je n'ai pas pu le lâcher avant la fin. J'ai aimé le style poétique de l'auteur: il a su retrouver les mots de l'enfance mais surtout, il dépeint à merveille le parcours initiatique d'un jeune garçon qui va passer de l'enfance à l'âge adulte: l'indépendance, la découverte du désir sexuel, mais aussi des premiers émois amoureux, sans que le petit Shell n'en est pas trop conscience.
Malgré ce regard d'enfant, qui n'a pas toutes les clés pour comprendre le monde qui l'entoure, l'auteur réussit, par petite touche, à faire comprendre au lecteur adulte que je suis, les non dits, et les drames qui se cache dans ce petit village, lors de cet été 1965, où tout change.
J'ai aimé les trois personnages principaux de ce roman: Shell, Viviane, qui garde leur imagination d'enfants (qui nous fait souvent défauts, à nous adultes), leur complicité, cet "amour de vacances" qui n'en a que le nom (les défis qu'ils se lancent comme pour se prouver quelque chose). Puis, il y a Matti, cet vieux berger qui va prendre sous son aile le petit Shell, que j'ai trouvé bien abandonné par sa famille.
Enfin, bref, vous l'aurez compris: ce premier roman est magnifique et bouleversant. Ma première belle surprise de cette nouvelle année qui commence.
Au final, un roman initiatique émouvant, sur la différence, le passage de l'enfant à l'homme qu'il va devenir, qui a fait chavirer mon petit coeur. Avec un personnage hors du commun, en la personne de Shell, qui, avec ses yeux d'enfant, nous ouvre les portes de son imaginaire. La plume délicate, poétique et émouvante de Jean-Baptiste Andrea a réussi là l'un des plus beau premier roman que j'ai pu lire.
L'année livresque 2018 débute de fort belle manière.
Jean-Baptiste Andrea: Ma Reine, L'iconoclaste, 222 pages, 2017
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