samedi 28 novembre 2015

Des mensonges dans nos têtes

4e de couverture: Deux jeunes filles vont braver leur entourage respectif pour vivre librement
 
Les filles sont faites pour se marier… Les Noirs et les Blancs ne doivent pas se mélanger… Une fille ne doit pas embrasser une autre fille… Linda ne doit pas aimer Sarah.
Rien que des mensonges?
1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent — parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté.
C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent… mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer — parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les coeurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…


Je voulais lire ce roman car  son sujet me plaisait : la déségrégation aux Etats Unis et plus particulièrement dans le Sud, là où la Ségrégation était la plus forte.

Voilà un roman qui m'a beaucoup remué, de par sa violence et son injustice. En effet, les premières pages, vu sous les yeux de Sarah, jeune noire qui intègre un lycée blanc pour la première fois,  sont d'une rare intensité qui vous prend aux tripes. Entre insultes, coups et humiliations, l'auteur ne nous épargne rien. C'est même parfois à la limite du supportable. Mais ceci est nécessaire pour bien montrer ce qui se passait à la fin des années 50 dans le Sud profond des Etats Unis. Je pense même que c'était pire dans la réalité.

« Des mensonges dans nos têtes » nous fait entendre deux voix : celle de Sarah, donc, une jeune fille qui va faire partie des premiers noirs à intégrer un lycée blanc, 5 ans après que la Ségrégation ait été déclarée anticonstitutionnelle par la Cour Suprême des Etats Unis. A travers son regard, c'est toute la haine des gens  du Sud (les blancs) qui transparaît et qui m'a fait tellement mal au ventre. Puis, il y a la voix de Linda, une lycéenne blanche, raciste par principe, puisqu'elle a été élevée comme cela et qu'elle ne s'est jamais posé la question du bien fondé de la ségrégation. On a donc deux sons de cloches discordants, qui donnent un ensemble concret à cette situation. 

En alternant ces deux points de vue, l'auteur va nous montrer deux facettes:  la vision de cette mentalité sudiste, et le courage des enfants noirs pour prendre leur destin en main et faire bouger les lignes, quitte à prendre beaucoup de risque.
La rencontre entre Sarah et Linda va tout chamboulé et changer le regard de Linda sur « les gens de couleur ».

J''ai trouvé cette histoire bouleversante et j'ai souvent eu le cœur au bord des lèvres et quelques larmes. De plus, Robin Talley en rajoute une couche en incluant l'homosexualité dans cette équation, puisqu'elle va faire naître un sentiment amoureux entre Sarah et Linda. Leurs questionnements et leurs angoisses par rapport à ce qu'elles prennent pour de l'anormalité (n'oublions pas que nous sommes dans le Sud profond des Etats Unis, à la fin des années 50) m'a énormément ému. C'est aussi pour cela que j'ai été très proche de Sarah et Linda.
Il faut dire que Linda est un personnage que je n'ai pas pu détesté, même au départ quand elle s'en prend violemment à Sarah, car j'ai bien compris qu'elle avait été élevée comme cela et qu'elle ne pouvait penser autrement. C'est justement sa rencontre et ses échanges vifs avec Sarah qui va la faire évoluer. Il faut dire aussi qu'elle a un père exécrable, qui ne fait pas attention à elle, et qui déteste tout le monde.

Vous l'aurez compris, j'ai adoré « Des mensonges dans nos têtes ». Ce roman  nous fait nous poser des questions en nous bousculant assez violemment (je crois que c'est le premier roman que je lis sur cette période, qui soit aussi percutant) dans notre être intérieur. Un roman bouleversant qui garde tout de même une note d'espoir. Je le conseille à tous ceux qui sont intéressé par cette période de l'histoire américaine, mais aussi pour ceux qui aiment les belles histoires d'amitié/d'amour.

Au final, un roman très touchant qui nous fait nous poser des questions sur le genre humain, qui bouscule nos convictions, avec deux jeunes filles, Sarah et Linda, que je n'oublierai pas de sitôt. Une belle leçon d'amour que je vous recommande chaudement. 

Merci à Camille et aux Editions Mosaïc pour cette vibrante découverte. 



Robin Talley: Des mensonges dans nos têtes (Lies we tell ourselves), Mosaïc, 347 pages, 2015



4 commentaires:

  1. tu confirmes la bonne impression que j'ai eue en lisant d'autres articles au sujet de ce roman. Il est dans ma pile te ne devrait pas y rester longtemps.

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  2. Je l'ai noté chez une blogueuse juste avant, ça me fait beaucoup penser à Sweet Sixteen, je ne sais plus si tu l'as lu.

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    1. No, je n'ai pas lu "Sweet Sixteen",même si j'en ai entendu beaucoup de bien, mais j'ai pensé que ce serait peut être trop jeunesse pour moi. Peut être je me trompe complètement sur ce livre. Mais, je crois qu'il traite du même sujet, en tout cas.

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