dimanche 25 octobre 2015

Les quatre filles du révérend Latimer

4e de couverture: Australie, début du XXe siècle. Les sœurs Latimer sont au nombre de quatre : Edda et Grace, les aînées, sœurs jumelles nées de la première union de leur père, un pasteur dont l’épouse est morte en couches ; Heather et Kitty, des jumelles également, filles de l’ancienne gouvernante du presbytère qui a épousé le révérend en secondes noces.
En 1925, les sœurs âgées de 18 et 19 ans fuient l’austérité du presbytère et l’autorité maternelle pour se former au métier d’infirmière dans l’hôpital de leur ville natale, en Nouvelle-Galles du Sud.
Là, chacune pourra aussi laisser libre cours à ses aspirations personnelles, dont la recherche de l’amour. Mais la Grande Dépression n’est pas loin, qui pourrait balayer bien des rêves d’émancipation dans une société encore très patriarcale…
Une grande fresque sentimentale qui s’attache à la destinée de quatre jeunes femmes énergiques et attachantes.


Colleen McCullough, grande auteure australienne, qui connut un énorme succès avec ses romans, dont "Les Oiseaux se cachent pour mourir", nous a quittée en janvier 2015. 

Je connais Colleen McCullough depuis longtemps: l'adaptation de son grand roman "Les Oiseaux se cachent pour mourir" a bercé mon enfance (Richard Chamberlain et Rachel Ward m'ont fait rêver).Mais, bizarrement, je n'ai jamais lu un seul de ses romans. (J'ai bien essayé étant ado de me replonger dans l'univers des "Oiseaux se cachent pour mourir" en lisant l'exemplaire de ma mère, mais je n'ai pas pu dépasser les premières pages: la grosseur du livre, la petitesse des caractères d'impression et le fait que je connaisse déjà l'histoire ont joué dans ce désintérêt. 

C'est pourquoi, quand les Editions de l'Archipel m'ont proposées de lire le dernier livre de l'auteure, j'ai foncé. 
Toutefois, je trouve cela étrange de découvrir l'univers et la plume d'un auteur par la fin. Car, oui, ce "Quatre filles du révérend Latimer" sera le dernier livre de Mrs Cullough. C'est comme ci on montait dans un train en marche. Mais cela ne m'a pas empêché de m'y plonger avec grand plaisir

Je peux vous dire que c'est avec curiosité qu'on se lance dans ce  roman. Déjà, de par son titre français (qui diffère du titre original): celui ci m'a fait immanquablement penser au roman de Louisa May Alcott. En un sens, il est très bien trouvé, car ces 4 soeurs Latimer ont des points communs avec les soeurs March. Leurs caractères forts et bien trempés, pour certaines, mais chacune à une personnalité propre, malgré leur gémellité (car ces soeurs Latimer sont deux paires de jumelles). Mais surtout leur entente et leur amour indéfectible qu'elles ont l'une pour l'autre. 
J'ai été embarqué dans une histoire, foisonnante qui nous emmène  dans l'Australie des années 20, juste après la 1ere Guerre et jusqu'à la grande Dépression de 1929, et au delà. J'ai trouvé cela très intéressant de voir ce grand bouleversement du côté Australien. C'est d'ailleurs pour ça que je suis toujours ravi de découvrir des romans (ou des séries) se déroulant en Australie, un pays fascinant que je connais peu finalement. 

L'auteur nous embarque dans une histoire forte, émouvante, et culottée. Car, les Soeurs Latimer n'ont pas leur langue dans leur poche et disent les choses telles qu'elles veulent qu'elles soient. Que ce soit Edda, Kitty, Heather et même Grace (qui s'affirmera au fil du temps), c'est la Femme à l'état pur qui nous est montré. Elles sont fortes, indépendantes, volontaires et donnent souvent des coups de pied dans les fourmilières. Ce féminisme m'a enthousiasmé et comblé. 

Colleen McCullough a surtout ce don de construire son histoire de manière très structurée. Chaque soeur va avoir son "moment de gloire", celui où l'auteur se focalisera sur elle: ce qui est très fort et bien mené, c'est que chacune a su trouvé un intérêt à mes yeux. Leurs histoires m'ont toutes enthousiasmées. 
Par le prisme de ces 4 soeurs, c'est le début du 20e siècle qui nous est conté, et plus particulièrement la Crise de 1929, qui va chambouler l'existence des soeurs Latimer. Chacune va connaitre son lot de malheur: de Grace, qui va vivre un drame lors de cette crise, mais qui l'a rendra plus forte, jusqu'à Kitty, qui va lier son destin à Charles Burdum (que j'ai peu aimé, je l'avoue), un britannique qui va tout faire pour se faire une place au soleil de Corunda. (Avec ce personnage, l'auteure nous montre également que les anglais n'étaient pas très appréciés des australiens, car malgré, leur langue commune, leurs caractères sont diamétralement opposés). 

En faisant des 4 soeurs, des infirmières, c'est à l'univers médical que nous convie Colleen McCullough (univers qu'elle connait bien puisqu'elle travailla dans le monde médical avant de se consacrer à l'écriture à 37 ans): et là, j'ai été ravi car j'aime beaucoup cet univers là dans les fictions (oui, j'aime pas beaucoup les hôpitaux dans la réalité); de plus, c'est fascinant de découvrir cet univers médical dans le contexte du début du XXe siècle, qui va connaitre les avancées les plus grandes en matière de médecine. Mais elle n'oublie pas non plus le côté politique (incarné par Charles Burdum), bien développé mais qui, malgré son intérêt certain, m'a moins charmé. 

En tout cas, j'ai passé un très bon moment avec cette saga culottée et piquante, avec des héroïnes au fort tempérament. Elle m'a permis d'en découvrir plus sur l'Australie et surtout, elle m'a fait découvrir (enfin) l'univers de Colleen McCullough, l'une des plus grandes auteures du XXe siècle, aux univers variés et fascinants. 

Au final, un très bon roman qui m'a fait passer d'agréables moments, et qui m'en a appris plus sur l'Australie, un pays des plus fascinants. Un roman avec 4 beaux portraits de femmes, qui ont un lointain cousinage avec les Soeurs March de Mrs Alcott., qui ont bercé mon enfance. Encore une fois, j'ai été plus que ravi de découvrir une nouvelle plume (même si celle ci s'est envolée vers les étoiles en début d'année, les mots qu'elles a écrits resteront à jamais) que je serai ravi de retrouver. Maintenant que ce premier pas a été franchi, rien ne me retient de retrouver le Père Ralph de Bricassart et la petite Meggie, en lisant "Les Oiseaux se cachent pour mourir",  pour un autre voyage vers le pays de mon enfance.

Merci à Camille et aux Editions de l'Archipel  pour la découverte de ces soeurs pas comme les autres. 

Colleen McCullough; Les Quatre filles du révérend Latimer, (Bittersweet) (traduit de l'anglais par Danièle Momont), L'Archipel, 453 pages, 2015



2 commentaires:

  1. Celui là je le lirai volontiers, la comparaison avec les filles du Dr March n'est pas pour me déplaire, ça a aussi bercé mon enfance!

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  2. je préfère préciser qu'il faut oublier le côté enfantin des filles du Dr March. Mais la relation entre les soeurs ressemble beaucoup à celle des filles March.

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