lundi 10 mars 2014

Les Jeunes mariés

4e de couverture: Depuis qu’elle est toute petite, Amina rêve d’ailleurs. De chocolat Cadbury et de pantalons à l’occidentale. D’hivers rigoureux et de discussions en anglais. De quitter le Bangladesh pour offrir un nouvel avenir à ses parents vieillissants. Quand, sur AsianEuro.com, elle fait la connaissance de George, un ingénieur américain de trente-cinq ans, elle accepte sans hésiter sa demande en mariage… Mais si la famille de George essaie tant bien que mal de l’accueillir, Amina perçoit dans l’atmosphère hypocrite des déjeuners dominicaux tous leurs préjugés. Sur sa religion, dans un contexte post-11 septembre encore brûlant. Sur le besoin qu’elle a de faire venir ses parents au plus vite, une fois obtenu son passeport américain. Quand s’ajoutent au fossé culturel les non-dits d’une relation apparemment sans histoires, les États-Unis cessent définitivement de ressembler à une terre promise pour Amina. 
Nell Freudenberger confirme son talent pour écrire l’exil. Ce portrait d’une jeune émigrée est aussi celui de deux pays que tout oppose, le Bangladesh et les États-Unis, dont elle capte avec une même justesse les contradictions.

Un écrivain est comme une éponge. Il absorbe tout ce qu'on lui dit pour en sortir le meilleur dans un futur roman. 
Une discussion dans un avion entre Farah Deeba Munni et Nell Freudenberger, six ans auparavant donna naissance au merveilleux roman "Les jeunes mariés". 
Ce roman est une histoire vibrante sur l'exil. Amina, jeune bangladaise, décide de se marier avec Georges, un ingénieur américain de 35 ans et ainsi concrétiser son rêve: venir vivre en Amérique. 
Le roman comporte 4 parties bien distinctes mais qui ont tous un point commun: l'exil. De la découverte d'un pays par Amina, jusqu'à ses désillusions sur celui ci, Nell Freudenberger décide de raconter la réalité brute d'une jeune femme exilée. Sans pathos, mais sans édulcorer non plus, l'auteur, par petites touches, fait découvrir au lecteur que malgré les bonnes volontés d'intégration, un étranger sera (et se sentira) toujours un étranger aux yeux des autres. Amina le comprendra à ses dépends. 

Il m'a fallu un peu de temps pour entrer dans ce roman. Mon intérêt était bien présent, mais je ne ressentais pas d'empathie avec les personnages. Puis, est venue, la révélation de la 2e partie (Anglais, langue étrangère), pour sentir un lien invisible se tisser entre Amina et moi. Son "combat" de tous les jours est admirable et j'ai eu du respect pour cela. J'ai été touché par ses efforts pour s'intégrer dans un monde qui va devenir le sien, à force de ténacité et de courage. 
Sa relation avec son mari, George, est l'une des pierres de l'édifice du roman: voir son évolution tout au long de ses trois ans fut d'un grand intérêt, surtout qu'elle évolue dans un sens peu favorable pour notre héroïne. Mais un amour se construit par la force d'un caractère et sa ténacité. 

Cependant, l'autre surprise du roman fut sa dernière partie: voilà que Nell Freudenberger, après avoir décrit la vie américaine d'Amina pendant les trois quart du roman, nous emmène dans le pays d'origine d'Amina: le Bangladesh. Ma surprise passée, j'ai trouvé que ce changement de décor était salutaire, simplement pour montrer qu'Amina est encore et toujours en exil. (cet exil qui traverse le roman de bout en bout) Américaine depuis 3 ans, elle se sent encore une fois étrangère dans  son pays d'origine  et ne retrouve plus sa place. Cette dernière partie dépaysante, ((lu d'une traite tellement elle était captivante) m'a déstabilisé car je ne voyais pas où l'auteur voulait en venir. (J'avais même imaginé ma propre fin, qui s'est avérée fausse au final, (et tant mieux je dirais) Les relations des personnages sont  encore une fois remis en question: malgré tout, la relation entre Amina et ses parents est celle qui fut la plus belle du roman. Amina a un tel respect et un tel amour pour ses parents que cela la rend admirable sur tous les points...malgré ses quelques doutes qui la ronge durant son séjour. 
Surtout, dans cette partie, l'auteur nous donne à voir un pays (méconnu pour ma part) tellement différent du nôtre que j'y ai trouvé beaucoup d'intérêt. 

Cette lecture s'est faite en trois temps: un petit temps d'adaptation (tout comme Amina, il a fallu que je trouve mes repères) pour m'acclimater avec les personnages, le temps des révélations qui ont émoustillé mon intérêt et le  temps de la  découverte: un fascinant voyage au Bangladesh qui ne me laissera pas intact. 

Au final, un très beau roman sur l'exil (et encore une fois un beau portrait de femme courageuse et forte) que Nell Freudenberger a construit après  une discussion dans un avion avec une femme "à cheval entre deux pays, qui lui a confié  sa vie, son sens de l'humour et ses souvenirs tout en [la] laissant libre de faire ce [qu'elle en voulait]"( p.429).
Voilà tout le talent d'un écrivain: donner du corps et une âme à une histoire qui n'est pas la sienne...et la retranscrire avec les mots justes. De plus, elle nous offre une autre vision de l'Amérique: celle vu à travers le regard étonné d'une femme en exil. En un mot: Admirable! 

Merci à Gwennaelle et aux Editions  La Table Ronde pour cette merveilleuse découverte.


Nell Freudenberger: Les jeunes mariés (The Newlyweds), La Table Ronde (Collection Quai Voltaire), 430 pages, 2014



2 commentaires:

  1. Il me tentait quand je l'ai découvert dans tes achats et ton billet confirme mon envie de le découvrir! Je vois que tu lis à L'est d'Eden, ça me fait penser que je n'ai toujours pas pris le temps de regarder le dvd!!

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    1. Héhé! Encore une fois, je fais du mal à ta wishlist! Je pense qu'il devrait te plaire.
      Et pour "A l'est d'Eden", il faut absolument que tu le regarde. Il fait partie des chef d'oeuvre du cinéma américain.

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