lundi 28 mai 2018

Power

4e de couverture: " Ici, comme dans les autres ghettos, pas d'artifice à la Marilyn, ni de mythe à la Kennedy. Ici, c'est la réalité. Celle qui macère, mendie et crève. " 1965. Enlisés au Vietnam, les Etats-Unis traversent une crise sans précédent : manifestations, émeutes, explosion des violences policières. Vingt millions d'Afro-Américains sont chaque jour livrés à eux-mêmes, discriminés, harcelés. Après l'assassinat de Malcolm X, la communauté noire se déchire entre la haine et la non-violence prônée par Martin Luther King, quand surgit le Black Panther Party : l'organisation défie l'Amérique raciste, armant ses milliers de militants et subvenant aux besoins des ghettos. 
Une véritable révolution se profile. Le gouvernement déclare alors la guerre aux Black Panthers, une guerre impitoyable qui va bouleverser les vies de Charlene, jeune militante, Neil, officier de police, et Tyrone, infiltré par le FBI. Personne ne sera épargné, à l'image du pays, happé par le chaos des sixties.

Pour leur premier titre, les Editions Stéphane Marsan ont mis la barre très haute avec le dernier roman de Michaël Mention. 

L'auteur français va nous plonger dans l'univers des Black Panthers, avec son style si particulier. 
Bien évidemment, le nom des Black Panthers ne m'était pas étranger: un admirateur de l'Amérique des Sixties, comme moi, avait déjà rencontré ce nom plus d'une fois, mais c'était juste un nom. Je l'avais rencontré dans certains romans ou films, mais je n'avais jamais eu une vision de l'intérieur. C'est ce que nous propose Michaël avec ce roman  et ce, en deux temps. 

Tout d'abord une première partie (What we want), où il nous raconte la naissance du mouvement "Black Panthers", créé par Bobby Stills et Huey Newton. Le roman commence très fort par l'assassinat de Malcolm X, et dès ces scènes là, on est pris aux tripes avec une sensation de vertige qui ne nous quittera pas avant la fin. C'est une première partie passionnante de bout en bout, mais pour ma part, elle n'est que la mise en bouche de ce qu'il va nous proposer par la suite: un voyage abyssale qui va nous entraîner dans un univers sombre jusqu'à la plus noire des folies. 

Cette fameuse 2e partie (What we believe) va alors se concentrer sur 3 personnages: Charlène, une adolescente noire de 16 ans qui va devenir militante chez les Black Panthers, Neil, un flic d'origine irlandaise de Los Angeles, plein d'idéalisme et de naïveté, qui va voir son monde bouleversé par la mort de son coéquipier, et qui va perdre ses illusions,et Tyrone, un taulard, que le FBI va faire sortir de prison, en l'infiltrant dans l'organisation des Black Panthers. 

Alors, dès les premières pages,  on sait que ça ne finira pas bien, mais à ce point là, j'étais pas préparé. Franchement, ce roman c'est un uppercut qu'on se prend en pleine face. Le style percutant et viscéral de Michaël Mention vous prend aux tripes, jusqu'au malaise, mais on ne peut s'empêcher de continuer à lire. Ce livre est tout simplement génial et, même s'il faut avoir le coeur bien accroché, sur certaines scènes, c'est une superbe radiographie de la fin des années 60 qui nous est offert par cet auteur génial. Tout m'a plu dans ce roman: le style, l'histoire, les personnages, tellement vivants qu'on tremble pour eux. J'ai ressenti plusieurs sentiments à leur égard; je les ai aimé, mais aussi détesté devant certaines de leurs actions. Ils ont plusieurs facettes, à laquelle on adhère où pas, mais c'est en cela qu'ils sont super vivants à mes yeux et que j'y ai cru. 
Pour moi qui aime tant cette période de l'historie Américaine (celle des Sixties et plus particulièrement de 1965 à 1969 et un peu au delà ici), là j'ai été servi: entre l'assassinat de Malcolm X. Ceux, de Luther King, de Bobby Kennedy, l'affaire du Zodiac, également évoquée, mais aussi Charles Manson, et l'affaire Sharon Tate (l'un des passages les plus difficiles à lire pour moi, et ce, malgré le fait que je le pressentais depuis plusieurs pages), les apparitions des créateurs du mouvement Black Panthers, Bobby Stills, Huey Newton, mais aussi Angela Davis. Tout ceci m'a parlé. 
Sans oublier la musique de cette époque là: les Stones, James Brown,Les Beatles, Etta James, Led Zeppelin,  la musique Funk. La playlist de ce bouquin est hallucinante et Michaël Mention l'intègre parfaitement bien dans son récit. 

Que vous dire, à part que ce roman est une bombe, qui va devenir un classique de la "littérature américaine". Oui, tout simplement. Il a sa place parmi les plus grands livres américains et son auteur est français. La classe! En tout cas, c'est l'un des romans les plus percutants et les plus puissants sur le mouvement des Black Panthers, de sa naissance, jusqu'à sa chute, qui existe. C'est clairement pour moi, un indispensable. 

Au final, un roman essentiel qui nous parle de ce mouvement (Les Black Panthers) qui bouleversa les Etats Unis et les Sixties. Un roman coup de poing qui vous prend aux tripes et vous bouleversera jusque dans votre chair. C'est tout simplement admirable! Un roman qui me restera en mémoire longtemps et que je vais avoir un peu de mal à digérer, tellement il m'a bousculé, au plus profond de mon être. Power est un roman appelé à devenir culte! 



Michaël Mention: Power, Stéphane Marsan, 456 pages, 2018


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