dimanche 31 janvier 2021

Quelqu'un de bien

 

Résumé: Généraliste dans le Luberon, Caroline Serval exerce son métier avec passion et dévouement, aux côtés de sa sœur Diane, secrétaire médicale. Devant la pénurie de médecins qui sévit dans la région, elle doit accepter de plus en plus de patients, au détriment de sa vie privée. Sa seule perspective est de recruter un confrère pour agrandir le cabinet. Cependant, qui acceptera de s'établir dans ce village de Provence, certes magnifique mais loin de tout ?

Caroline et Diane fréquentent régulièrement les frères Lacombe. Paul et Louis vivent tous deux dans la propriété viticole de leur père désormais installé en maison de retraite. Paul, attaché à la terre et à la vigne, produit un vin nature, tandis que Louis, informaticien, vient de quitter Paris pour retrouver ses racines.

Les uns et les autres assument leurs choix personnels, et pourtant l'adversité guette. Entre les vocations chevillées au corps, les élans du cœur et les lourds non-dits familiaux, ces quatre-là vont devoir reconsidérer leur existence pour avancer. L'occasion donnée à chacun de se demander qui il est réellement, et d'essayer de se prouver qu'il est quelqu'un de bien.

Troisième incursion dans l'univers de Françoise Bourdin et je peux dire que je m'y sens toujours aussi bien.

Je comprend parfaitement le succès des romans de Françoise Bourdin. D'une écriture simple, délicate et des dialogues qui sonnent juste, elle réussit à nous raconter des histoires bien dans l'air du temps, qui nous parlent. Bien que l'histoire semble simple, avec parfois des intrigues faciles et déjà usité, qu'on les devine rapidement (mais en même temps, la vie n'est elle pas un éternel recommencement et les secrets et conflits familiaux ne sont ils pas souvent les mêmes dans beaucoup de familles). Heureusement, ce n'est pas ça que je recherche dans les livres de Mme Bourdin. J'y recherche des personnages authentiques, dans lesquels on se retrouve, et auxquels on s'attache. C'est encore le cas dans Quelqu'un de bien: la galerie de personnages qui nous font face sont des plus attachants, à commencer par Caroline, douce, volontaire, généreuse et combative, (encore un beau personnage de femme forte dont l'auteure à le secret)qui mène sa vie de médecin du mieux qu'elle peut, aidé en cela par sa soeur Diane, drôle, aux petits soins pour sa petite soeur, intransigeante parfois, mais toujours à l'écoute. 
Les personnages masculins ne sont pas en reste avec les frère Lacombe, Louis et Paul, diamétralement opposés et qui vont s'affronter pour le coeur de la belle Caroline. 

Ce roman est un bonbon que l'on déguste avec l'envie d'y revenir souvent et avec plaisir. C'est doux, léger et bienfaisant comme le soleil du Lubéron, lieu rêvé de ce roman. 
En racontant son histoire, Françoise Bourdin, n'oublie pas de nous parler de sujet très actuel tel que la désertification des campagnes et plus particulièrement ici, des déserts médicaux. En effet, Caroline, médecin généraliste recherche un associé pour l'aider au cabinet, totalement submergé par le nombre de patients qui défilent lors de ses longues journées. Alors, Caroline réussira a trouver la perle rare en la personne de Clément, (nous sommes dans un roman), mais malgré cela, l'auteure aura eu le temps de nous dire la situation précaire dans laquelle sont les petits villages sans médecins, car les jeunes, ne veulent pas venir s'enterrer dans ces petits lieux pourtant charmants, mais loin de tout. 
Dans Quelqu'un de bien, elle parle aussi du conflit de génération entre Jean-François (le père) et Paul (le fils) Lacombe pour l'exploitation viticole, en nous parlant de nouvelles façon de faire du vin en le faisant plus nature et plus bio. 
Deux sujets, qui sont bien dans l'air du temps et que l'auteure nous raconte avec justesse. C'est cela qui fait la force des romans de Françoise Bourdin. La justesse. 

Ce nouveau roman de Françoise Bourdin fut un petit moment de douceur dans mon week-end. Et je remarque qu'il est toujours aussi agréable de lire un roman qui fait du bien. 


(Tout au long de ma lecture, j'ai eu cette chanson en tête). 


Merci aux  Editions Belfond pour cette découverte. 

Françoise Bourdin: Quelqu'un de bien, Belfond, 280 pages, 2020



samedi 30 janvier 2021

Mon père, ma mère, mes tremblements de terre


 Résumé: ​« Est-ce que, sur la table de chirurgie, mon père ressent le chaud, le froid ? Allez savoir. Dans la salle d’attente, ma mère porte sa chemise saharienne et le soleil blanc tape doucement sur les fenêtres. L’air est doux. Un air qui n’a rien à voir avec la mort, les drames. Ici, ce n’est pas un drame. C’est autre chose qui se passe. »

Dans cette salle, Charlie, quinze ans, patiente avec sa mère. Bientôt, son père sortira du bloc. Elle s’appellera Alice. Durant ce temps suspendu, Charlie se souvient des deux dernières années d’une vie de famille terrassée. Deux années de métamorphose, d’émoi et de rejet, de grands doutes et de petites euphories. Deux années sismiques que Charlie cherche à comprendre à jamais. Tandis que les longues minutes s’écoulent, nerveuses, avant l’arrivée d’Alice, Charlie raconte la transition de son père. Sans rien cacher de ce parcours plus monumental qu’un voyage dans l’espace, depuis le jour de Pâques où son père s’est révélée. Où, pour Charlie, la terre s’est mise à trembler.
Petite piqure de rappel pour le dernier roman de Julien, mon seul coup de coeur de 2020, que je n'avais pas chroniqué sur le blog. 
On dit souvent, "jamais deux sans trois". Cela se confirme encore une fois. J'ai, à nouveau, un coup de coeur pour un roman de Julien Dufresne Lamy (après "Les Indifférents" et "Jolis jolis monstres"). Ses romans me bouleversent ou me mettent en colère, parfois (cf: les Indifférents) mais ils laissent toujours une trace en moi. Son dernier roman, dont le titre est déjà tout un poème fabuleusement magnifique, est un petit bijou d'humanisme, de tendresse, qui nous dévoile, par l'intermédiaire d'une famille, ce qu'est la transidentité. A travers le regard de Charlie, qui attend que son père sorte du bloc opératoire pour enfin devenir Alice, c'est un nouveau monde, fait de séisme pour cette famille, qui s'ouvre à nous, sans jugement, avec bienveillance. 
Ce roman m'a fait pleurer devant la bêtise humaine, m'a fait rire devant certaine répliques entre la mère et le fils. Mon père, ma mère, mes tremblements de terre est un livre essentiel pour nous faire comprendre ce qu'est la transidentité, loin des clichés fait de malheur et de tristesse que les médias et les films nous montrent souvent. D'ailleurs, Charlie donne une explication à cela lors d'une discussion  avec sa mère: "Les Trans-tout-le-monde n'existent nulle part. Le monde leur interdit d'exister. Et tu sais pourquoi ? [...] Parce que ce sont des histoires normales. Et alors quelle idée ça susciterait. Quel dangereux exemple pour la société!". 
Est ce qu'un roman peut changer les consciences et faire bouger les choses? J'aimerai le croire. J'aimerai que ce soit le cas pour le dernier roman de Julien Dufresne Lamy. Un roman essentiel  qui permettra peut être de changer le regard sur la transidentité et éviter les amalgames. 
Un roman coup de coeur que je vous recommande chaudement, comme tous les romans de Julien, cela va sans dire. 
Julien Dufresne Lamy: Mon père, ma mère, mes tremblements de terre, Belfond, 249 pages, 2020







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vendredi 29 janvier 2021

Mémoires de deux jeunes mariées

 

Résumé: Elles sont deux, Renée et Louise, qui, à peine sorties du couvent, vont suivre des destinées contraires. Faut-il mettre de la passion dans le mariage ? Ou y chercher un bonheur raisonnable ? Derrière cette « dispute », menée par correspondance, une lutte sourde oppose deux ambitions : Renée la sage n'exige pas moins de la vie que Louise la folle


J'ai la plume de Balzac en horreur! Je la déteste depuis mon adolescence. 

Cette détestation est venu de l'étude du "Père Goriot" faite lors du collège (en 5e ou 4e, je ne sais plus exactement). Vous ne pouvez pas vous imaginer (ou peut être que si, si vous avez ressenti la même chose que moi) combien j'ai souffert lors de cette lecture, soupirant devant les longues descriptions dont nous bassinait ce cher Balzac, cette plume que je trouvais lourde et incompréhensible. 

Pourtant, il y a de cela 12 ans, j'ai acquis l'intégralité de "La Comédie Humaine" en 24 volumes, dans cette jolie petite édition que le journal "Le Monde" avait mis en vente. Je détestais Balzac et j'avais acheté l'intégralité de sa grande oeuvre en me promettant qu'un jour, je le lirais intégralement (et dans l'ordre qu'à voulu Balzac dans son plan Général (le Furne Corrigé, mis au début de chaque ouvrage). Je suis maso que voulez-vous. Alors, depuis 12 ans, j'ai fait des tentatives de lecture en lisant "La Maison du Chat qui pelote", "Le Bal de Sceaux," Mémoires de deux jeunes mariées" et "La Bourse". Mais je me suis arrêté là. Et n'ai jamais continué...et chaque année, je me dis: allez, cette année, tu te lances dans Balzac.

Et voilà qu'àprès plus de 12 ans, j'ai sauté le pas...et j'espère que j'irai plus loin que "La Bourse". J'ai décidé de lire un titre par mois (ou plusieurs si ce sont des nouvelles qui se suivent dans l'ordre). J'ai commencé en décembre avec la relecture de "La Maison du chat qui pelote" et "le Bal des Sceaux". 

Et voici qu'en ce mois de janvier, c'est au tour de "Mémoires de deux jeunes mariées", d'être relu (car j'avais lu ce titre il y a 11 ans). 

A ma grande surprise, j'ai beaucoup apprécié cette lecture. Beaucoup plus que la première lecture qui m'avait ennuyé au possible. 

Dans ce roman épistolaire, nous suivons les parcours de deux amies, tout juste sortie du couvent et qui vont découvrir la vie et l'amour de deux manières différentes. j'ai aimé parcourir ces lettres qui nous dévoilent deux aspects de vies différentes et deux conceptions de l'amour diamétralement opposés: celui du mariage de raison en la personne de Renée, à qui l'on choisi de faire épouser un homme de 20 ans son ainé, Louis de l'Estorade; et celui de l'amour passion, en la personne de Louise, qui s'éprend de son professeur d'Espagnol Felipe Henarez. Durant une dizaine d'années, nous suivons le destin de ces deux femmes et je dois dire que chez Balzac, le mariage de raison l'emporte souvent sur la passion. J'ai d'ailleurs trouvé quelques similitudes entre ce roman et la nouvelle "La maison du chat qui pelote". Et la finalité est souvent la même. 

En tout cas, ce fut un ravissement de lire cette plume que j'ai trouvé moins lourde que la première fois (les descriptions bien sûr sont là, mais comme c'est un passage obligé chez Balzac, j'ai pris mon mal en patience pour ensuite me plonger tout entier dans l'histoire. Et j'y revenais chaque soir avec plaisir voulant savoir comment la destinée de ces deux êtres allaient tourner. Je dois dire que j'ai eu une préférence pour la douce et raisonnée Renée, par rapport au comportement enfantin de Louise. 

Le côté épistolaire rend la lecture de ce roman plus fluide et moins lourd qu'auparavant. Ou bien serais ce moi et mon côté quarantenaire qui commencerait à apprécier Balzac. Peut être. Si c'est le cas, j'en suis ravi, pour la suite de l'aventure. 

La lecture de "Mémoires de deux jeunes mariées" fut une belle (re)découverte. Balzac y montre deux entités totalement contradictoire mais complémentaire (Renée et Louise), comme les deux faces d'une même pièce, nous démontrant quand même que le mariage de raison a un côté plus rassurant et gagnant que celui du feu de la passion qui se consume. 

Pour une fois, la plume de Balzac m'a ravie et je serai content de retrouver certains personnages comme La Comtesse de l'Estorade et son mari dans d'autres romans, car, comme vous le savez, "La Comédie Humaine" est une "oeuvre-monde" ou certains personnages se rencontrent et se retrouvent dans plusieurs romans. Et c'est ça qui fait la particularité de ce grand oeuvre. 


Balzac: Mémoires de deux jeunes mariées (La Comédie Humaine Volume 9), Classiques Garnier, 217 pages (p.156 a p.373), 2008





vendredi 22 janvier 2021

Blue Giant

 

Résumé: Dai Miyamoto est en terminale. Il fait partie de l'équipe de basket, travaille à mi-temps dans une station service, et vit seul avec son père et sa petite sœur. Surtout, il s'est pris de passion pour le jazz depuis le collège. À tel point qu'il joue tous les jours sur les berges de la rivière, peu importe les conditions météo. Qu'il pleuve, qu'il vente ou que la canicule soit au rendez-vous, il joue. Il veut être un géant du jazz et reste persuadé qu'il peut y arriver. Seulement, pour cela, il va devoir se confronter à la réalité : entre les explications aux amis, les premières représentations chaotiques et les rencontres diverses, la détermination de Dai va être mise à rude épreuve...


Le manga de Ishizuka Shinichi, découvert en écoutant "les Matins Jazz" sur TSF Jazz, il y a deux ans, est l'une des sagas les plus sensibles et les plus intenses que j'ai pu lire.


Oui, le blog renait de ses cendres, mais c'est que j'ai tellement été ému par ce manga que j'avais besoin d'en parler. 

Dans ce manga en 10 tomes, nous allons suivre le parcours initiatique de Dai, un lycéen de 17 ans, qui se découvre une passion pour le jazz (et pour le saxophone ténor en particulier)  après qu'un ami l'ait emmené à un concert. Il décide alors de s'entrainer pour devenir un jour le plus grand sax ténor du monde. 

L'auteur immerge très bien le lecteur dans le monde du jazz, et nous le fait découvrir. C'est un manga d'une sensibilité rare, à tel point que j'ai été ému aux larmes en le lisant. Ce qui m'arrive rarement quand je lis un manga. Le trait de Shinichi à une telle puissance, et une telle sensibilité qu'on est transporté. Les scènes musicales du manga nous font ressentir cette musique qu'on n'entend pas avec les oreilles, mais simplement avec le coeur. 

Ce fut passionnant de suivre le parcours de ce jeune homme et des rencontres qu'il peut faire, de sa ville natale, Sendai jusqu'à Tokyo, où il part tenter sa chance dans le jazz après le lycée. Tous les personnages sont touchants, de son père à sa petite soeur en passant par Tamada et Yukinori, les membres de son groupe "Jass". tous sont mis en avant à un moment ou à un autre et l'auteur leur donne à chaque fois une profondeur qui fait qu'on s'y attache très fortement. 



Pas besoin d'aimer le jazz ou d'être un connaisseur pour apprécier ce manga. Ce qui fait la force de celui ci, c'est les sentiments qu'il dégage et les tranches de vie qu'il raconte. De tome en tome on voit Dai évoluer et prendre son envol, et les surprises sont au rendez-vous jusqu'au bout. C'est un manga très humain et très fort émotionnellement. Je me suis fortement attaché à Dai, son envie de réussir, sa bonhomie, son endurance et son courage en font quelqu'un d'extraordinaire. 

La petite particularité du manga réside dans ses dernières pages, les "pages bonus" où certains personnages que l'on suit dans chaque tome nous raconte sa rencontre avec Daï, des années après. Ces flash-forwards sont très intrigants et nous donne un aperçu du futur de Daï. 





En tournant la dernière page du 10e tome, j'ai eu un petit frisson, tellement je ne voulais pas les quitter. Alors rassurez-vous, Blue Giant, ne prend pas fin avec ce 10e tome. Une deuxième partie existe: elle s'intitule "Blue Giant Supreme" et elle nous entraine en Europe où Daî va continuer son parcours dans le monde du jazz. Cette 2e série vient de débuter sa publication en France.

Blue Giant fut un véritable coup de coeur pour moi et une belle découverte qui m'a redonné goût aux mangas. En tout cas, je vais suivre le parcours de Daï (mais aussi celui de Ishizuka Shinichi) à l'avenir. Voilà un manga que je vous encourage à découvrir...si ce n'est pas déjà fait. 


Ishizuka Shinichi: Blue Giant Tome 1 à 10, Editions Glénat, 2018/2020