lundi 21 mai 2018

Le jeune homme sous l'acacia

4e de couverture: Loin, loin du hameau.
Loin.
Là où il naîtrait à part entière.
Cet enfant si beau, si singulier, a semé le trouble dans cette famille de propriétaires terriens. Le malheur d’être né trop tard.... Pendant son enfance, Michel, baptisé « Bel Ange » par Tante Didine, ne connaîtra l’affection, la douceur, la poésie des choses qu’auprès d’elle ;  et le bonheur à l’ombre d’un acacia où il s’adonne à sa passion du dessin. Plus tard, il rompt avec le hameau pour suivre ses études près de La Rochelle. Un « nouveau monde ». Là, il habite chez Rose, une vieille dame adorable, éprouvée par la vie, malmenée  par son entourage. Comme Didine…  Alors Bel Ange, par son esprit rebelle, son inclination pour les plus fragiles, son insolente jeunesse, va bousculer l’ordre des choses. Et faire souffler un vent de liberté dans l’existence de celle qui est devenue sa protégée….

Ma chère mamie, 

J'ai souvent pensé à toi en lisant ce livre, "Le jeune homme sous l'acacia" d'Hortense Dufour. C'est une lecture que tu aurais beaucoup aimé, j'en suis sûr. 
En tout cas, lors de ma lecture, j'ai retrouvé les sensations que je ressentais étant adolescent, quand je lisais ces romans régionaux que tu affectionnais tant et que tu m'as fait découvrir. 
Je me suis vu ,t'empruntant ce livre et le lisant, sous ton tilleul, un jour d'été. 

Tu sais, mamie, j'ai beaucoup aimé ce roman. Il a le charme des histoires d'antan, celles du XIXe siècle. Pourtant l'intrigue se déroule au début des années 2000, mais cette histoire dans les marais parait hors du temps. Comme si le monde moderne n'avait jamais franchi la barrière de ces marais où vivent la famille Thomas. Cette famille qui voit arriver, comme un malheur, ce petit ange blond que sa tante attentionnée, surnommé Didine, appellera Bel Ange. 

J'ai vraiment eu deux sentiments contradictoires avec ce roman: 
un sentiment de malaise diffus lors de la lecture de la première partie "Du côté du hameau". Je ne m'y sentais pas bien et j'avais du mal à revenir au livre avec envie. Pourtant, l'histoire  m'intéressait, mais je n'aimais pas cette famille Thomas, qui rejette en bloc, ce dernier né, Michel, car il est venu trop tard. Cette haine du père qui vient gangrener le peu d'amour que Didine essaye de donner à son petit protégé. Qu'est ce que j'ai aimé cette Tantine Didine, petite bonne femme informe que la vie n'a pas gâtée et qui voit arriver comme un miracle dans sa vie, le petit Michel, qui sera rejeté par sa mère et les siens. 
C'est dans cette partie là que l'impression d'antan est la plus forte. A chaque fois que l'auteure évoquait les centre commerciaux ou les portables, j'étais surpris, comme si c'était un anachronisme,alors que pas du tout, puisque le roman se déroule à notre époque. Mais cette sensation de temps suspendu était toujours présent et je pense que le charme désuet de l'écriture de l'auteure n'y est pas étranger. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé ce style désuet qui me rappelait ces lectures propres à l'enfance, comme si on me racontait l'histoire d'un vilain petit canard (Michel dit Bel Ange) qui deviendrait progressivement le cygne qu'il doit être, en quittant sa famille. 

C'est d'ailleurs, la 2e partie du livre , qui se déroule loin du hameau, à quelques kilomètres de la Rochelle, que j'ai préféré et que j'ai lu avec avidité, voulant voir comment allait se passer la suite de la vie de Michel. Là, un sentiment de plénitude m'a envahi, et j'ai aimé faire la connaissance de Rose, la logeuse de Michel, qui vient de perdre son mari, Aimable, et qui a des relations compliquées avec ses parents et ses enfants. L'arrivée de Michel dans sa vie va tout chambouler. Je ne vais pas en dire plus pour laisser la surprise aux futurs lecteurs. Tout simplement vous dire que cette partie là fut un enchantement à lire. J'ai aimé retrouver ces petits villages autour de la Rochelle que je connais un peu comme Aytré, par exemple. Je n'avais pas besoin de les imaginer pour les voir, les connaissant déjà. C'est toujours une sensation étrange d'ailleurs, de lire un livre qui se passe dans la région où vous habitez. 

Enfin, comme tu vois, mamie, c'est un livre qui m'a rapproché de toi. Je revoyais la campagne où j'ai passé des merveilleux moments avec toi.  A chaque page, tu m'accompagnais et, malgré ce malaise qui me saisissait à chaque fois que je retournais au hameau (je soupçonne d'ailleurs l'auteure d'avoir provoqué ce malaise afin que l'on ressente la même chose que son personnage, Michel, que j'ai aimé, malgré sa froideur apparente qui cache un grand coeur, qui ne sait pas aimer), et j'étais ravi que tu fasses le voyage avec moi. 
Je suis sûr que tu aurais beaucoup aimé l'histoire de Michel "Bel Ange" et que tu m'aurais conseillé de le lire, car ce personnage me ressemble par certains côtés (son côté solitaire, artiste). 

Au fond, "Le jeune homme sous l'acacia" est un roman qui m'a réconcilié avec ces romans régionaux que j'affectionnais adolescent et vers lesquels je me  suis éloigné au fil du temps, n'y trouvant plus mon compte. Sa lecture fut comme une madeleine qui a le goût de l'enfance et que j'ai dégusté avec plaisir. Je suis tombé sous le charme de la plume d'Hortense Dufour, pleine de poésie et de douleur parfois...mais toujours avec cette petite lueur d'espoir. 
Cette lecture, (que je vous recommande chaudement si vous êtes attiré par ces histoires de campagne qui sentent bon la terre âpre et chaude des étés que l'on passe sous un acacia), je la dédie à toi, chère grand-mère, car elle a le goût de ces histoires que tu me faisais découvrir étant enfant et adolescent. Le jeune homme sous l'acacia a ouvert ma boite à souvenirs et m'a redonné le goût de ces romans là, ceux que l'on nomme "régionaux" ou "du Terroir"...et je sais, à présent que j'aimerai retourner faire un tour vers cette littérature là de temps en temps. Pour te retrouver, ma chère mamie et passer un petit moment en ta compagnie...le temps d'une lecture. 

Merci aux Editions Presses de la Cité pour ce petit voyage au pays de mon enfance. 

Hortense Dufour: Le jeune homme sous l'acacia, Presses de la Cité, collection "Terres de France", 460 pages, 2018



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