vendredi 30 juillet 2021

Les Rêveurs

 

Résumé: Quand l’enfance a pour décor les années 70, tout semble possible. Mais pour cette famille de rêveurs un peu déglinguée, formidablement touchante, le chemin de la liberté est périlleux. Isabelle Carré dit les couleurs acidulées de l’époque, la découverte du monde compliqué des adultes, leurs douloureuses métamorphoses, la force et la fragilité d’une jeune fille que le théâtre va révéler à elle-même. Une rare grâce d’écriture.


Isabelle Carré est une comédienne que j'aime énormément et qui m'a ému plus d'une fois, que ce soit dans le film poignant de Zabou Breitman, "Se souvenir des belles choses" ou le sublime et vibrant "Marie Heurtin". 

J'aime sa simplicité et son humanité. C'est une femme lumineuse et bienveillante, que j'ai eu la chance de rencontrer lors d'un évènement littéraire "Les Editeuriales" à Poitiers. (Evènement littéraire qui consiste à mettre en lumière un éditeur  chaque année, en invitant plusieurs auteurs de la dite maison d'édition). En 2019, les Editions Grasset se sont vus invité à la Médiathèque François Mitterand,  pour cet évènement littéraire. Et parmi les auteurs invités: Isabelle Carré. Ni une ni deux, je suis allé à cette rencontre et Isabelle fut telle que je me l'étais imaginé: radieuse, lumineuse, à l'écoute, gentille. En résumé: une belle personne, qui, durant la soirée, nous parla d'un projet fou personnel: découvrir et lire toute l'oeuvre de J.C. Oates. Sans le savoir, Isabelle et moi avions un point commun. Point commun, que je lui ai révélé lors de la dédicace qui suivit l'interview. 

Tout ça pour dire, que après ma lecture du recueil de nouvelles de Mrs Oates, le livre d'Isabelle Carré s'est rappelé à moi. Il était donc temps que je le découvre. 

Alors, même si cette lecture ne sera pas un coup de coeur, elle fut des plus agréable. D'une belle plume, poétique et charmante, Isabelle Carré nous conte l'histoire d'une famille pas comme les autres, une famille de rêveurs, qui ne vit pas comme tout le monde. Alors, clairement, Isabelle ne cache en rien que cette famille de rêveurs, c'est la sienne, mais elle la saupoudre de fiction pour en faire des personnages de roman. La petite Isabelle de l'histoire, c'est bien l'auteure, mais ses proches ne se sont pas forcément comporté comme ceux du roman. 

De cette famille atypique, Isabelle Carré dresse un portrait drôle, touchant, et parfois même triste, de ces êtres qui veulent fuir une certaine réalité, mais une réalité qui va souvent les rattraper. Son père, par exemple, homosexuel qui va s'assumer progressivement, va mettre en place des combines qui vont le mener en prison. Sa mère, qui fut, tout d'abord abandonnée par le père de son premier enfant, à 17 ans, et qui va tomber sous le charme de ce jeune homme rêveur, qui verra la naissance de deux autres enfants, dont Isabelle, va retrouver cet amour de jeunesse, plusieurs années après. Et la jeune Isabelle navigue entre ces deux êtres atypiques, en essayant de trouver sa place. 

Isabelle Carré se joue du lecteur, en naviguant entre la fiction et la réalité, et le lecteur se surprend en se demandant si la tentative de suicide d'Isabelle a réellement eu lieu où est une vue de l'esprit et totalement inventée. Elle navigue également d'un chapitre à l'autre, en mélangeant les époques, passant du passé au présent pour mieux revenir dans le passé. Elle explique d'ailleurs ce choix judicieux de récit non chronologique et linéaire: la mémoire est telle que les souvenirs ne reviennent pas dans l'ordre précis où les choses nous sont arrivés. Ainsi, Isabelle raconte "ses souvenirs" comme ils lui reviennent, faisant de son livre un patchwork sur une époque révolue: les années 70 dont elle arrive à ranimer la flamme: on s'y croirait. 

En bref, avec ce premier roman, Isabelle Carré a démontré qu'elle avait une plume et une voix pas si singulière que ça. Une voix qui ranime une époque (les années 70) et une famille atypique pour qui rêver était primordial...ce qui lui a permis de trouver sa voie: devenir comédienne, pour ainsi vivre mille vies en une et continuer à rêver. 


Isabelle Carré: Les rêveurs, Le Livre de Poche, 282, pages, 2018





 

dimanche 25 juillet 2021

Folles nuits

RésuméPlus inventive, et brillante, que jamais, Joyce Carol Oates joue dans ces nouvelles irrésistibles àimaginer les derniers jours de cinq géants de la littérature américaine. C’est ainsi que, dans Le Phare, Edgar Allan Poe, devenu gardien de phare, se retrouve sur une île déserte du Pacifique en proie à ses abominables souvenirs de souffrance et de deuil, avec pour seule compagnie celle d’un chien, témoin aussi de sa transformation en un monstre hybride, parent du « Cyclophage » né de sa démence. Grandpa Clemens et Poisson Ange, 1906 décrit un Mark Twain obsédé par les très jeunes filles, tandis que Papa à Ketchum, 1961 raconte un Hemingway réfléchissant à son suicide. Dans Le maître à l’hôpital Saint-Bartholomew, 1914-1916, Henry James doit pénétrer dans une salle remplie de soldats blessés et surmonter ses révulsions premières avant de s’enticher de ces « chers garçons » qu’il a toujours secrètement désirés… EDickinsonRépliLuxe fait revenir à la vie Emily Dickinson sous la forme d’une poupée androïde, un robot vivant fait sur mesure pour un couple de bobos entichés de poésie… Un prodigieux tour de force que ces histoires de folie, de désespoir, de solitude, et de frustration sexuelle, superbement tricotées par Oates dans le style même de chacun de ces cinq maîtres pourtant réputés inimitables.


Je continue mon exploration dans l'oeuvre littéraire de J.C. Oates, avec, cette fois ci un recueil de nouvelles. (J'essaye ainsi d'alterner petit roman, gros pavé, et nouvelles pour essayer de découvrir toutes les facettes de cette auteure de génie). 

Alors, je ne suis pas trop nouvelles, voire, pas du tout. D'ailleurs, le premier recueil de nouvelles que j'ai lu de Mrs Oates ne fut pas une belle surprise. Je trouvais qu'elle n'arrivait pas à bien conclure ces histoires et j'avais un goût de trop peu. Mais si je veux découvrir et lire tout Oates, je ne peux pas faire l'impasse sur ses nouvelles, ce serait tricher, dans ce challenge personnel que je me suis lancé il y a 11 ans. 

C'est ainsi que j'ai voulu lire ces "Folles nuits". J'étais intrigué de savoir comment Oates allait s'approprier ces cinq grands de la littérature. Bien, je peux vous dire qu'elle le fait avec brio. Cette fois ci, à la différence du recueil de nouvelles "Infidèle", j'ai trouvé que ces histoires avaient un début, un milieu et une fin très acceptable. En même temps, en racontant les derniers jours de la vie de ces cinq grands de la littérature, elle ne prenait pas trop de risque de mal terminer. 

Surtout, ce qui fait la force de ces nouvelles, c'est sa manière de s'immerger dans le propre univers des auteurs dont elle raconte la fin de vie. Par exemple, la nouvelle sur Edgar Poe (celle du phare, qui ouvre le recueil) est tout à fait dans l'esprit de l'univers de Poe avec cette créature fantastique qui débarque soudainement dans le récit, montrant bien la folie qui s'empare de Poe. Une nouvelle très frissonnante. 

Celle sur Mark Twain nous montre un personnage peu recommandable et c'est d'ailleurs, ce qui ressort beaucoup des nouvelles de ce recueil. Oates ne dresse pas un portrait idyllique de ces auteurs, bien au contraire: Poe est un fou qui se laisse emporter par sa folie, Emily Dickinson parait froide au premier abord, Twain passe pour un pédophile, Henry James pour un couard et un homo honteux, et Hemingway comme un alcoolo misogyne. Je vous l'accorde, on peut faire mieux comme hommage, mais je pense que Oates n'est pas trop loin de la vérité, et son but n'est pas de mettre ces auteurs sur un piédestal mais de se rapprocher au plus près de leur univers, pour mieux se les approprier. D'ailleurs, je n'ai pas trop reconnu le style de Oates dans ces nouvelles qui m'ont paru écrites par cinq auteurs différents. Chapeau à elle  pour avoir su comprendre l'univers de ces cinq grands auteurs. 

La nouvelle qui m'a le plus fasciné est sans doute celle sur Emily Dickinson. En faire une poupée robotisée pour un couple de bourgeois est assez gratiné, mais cela fonctionne à merveille. Cette nouvelle d'anticipation montre très bien la solitude et la froideur que devait avoir et ressentir la poétesse. 

Ce recueil de nouvelles fut une passionnante découverte, où Oates démontre encore une fois son talent: ici, celui de s'imprégner de l'univers de cinq auteurs qui ont marqué la littérature et en faire des personnages d'histoires plus passionnantes les unes que les autres. Plus je découvre l'univers de Mrs Oates, plus j'en ressors à chaque fois fasciné. Vivement le prochain, dans pas trop longtemps j'espère, car il me reste encore beaucoup de livres de Joyce Carol Oates à découvrir. 


Joyce Carol Oates, Folles nuits, (Wild Nights!), Philippe Rey, 232 pages, 2011





 

vendredi 23 juillet 2021

L'été des lucioles

 

Résumé: J’ai deux mamans et un papa qui ne veut pas grandir." Ainsi commence l’histoire de Victor, qui vient d’arriver dans la villégiature familiale du Cap-Martin. 

Cet été caniculaire s’annonce sous le signe de l’étrange avec une invasion de lucioles, des pluies sèches et des orages aussi soudains que violents. Du haut de ses neuf ans, Victor a quelques certitudes.

C’est parce que François n’ouvre pas son courrier qui s’amoncelle dans un placard que ses parents ne vivent plus ensemble. C’est parce que Claire et Pilar adorent regarder des mélos tout en mangeant du pop-corn qu’elles sont heureuses ensemble.
Et c’est parce que les adultes n’aiment pas descendre les poubelles au local peint en vert qu’il a rencontré son meilleur ami Gaspard. Pourtant, de nombreuses questions restent sans réponse.

Le roman de Gille Paris est un petit bonbon qui fait vibrer notre âme d'enfant et qui nous rappelle les joies et découvertes des vacances. 

Dès les premières lignes, j'ai été conquis par le petit narrateur, Victor. Sa curiosité sur la vie, son enthousiasme des découvertes, et son intrépidité à toute épreuve. Mais aussi son émerveillement sur les choses. 
Alors, l'histoire n'a rien de neuve et à déjà été lue: un petit gamin, dont les parents sont divorcés, qui raconte ses souvenirs de vacances. Mais dès la première phrase, on sent que la vie de Victor n'est pas la même que certains de ses camarades: sa maman vit avec une femme depuis la séparation d'avec le père de Victor. Pas si banal que ça pour un petit gamin. Mais tout se passe à peu près bien pour le petit Victor...mais certains secrets subsistent. Surtout, on sent qu'en filigrane, le drame n'est pas si loin: sa soeur qui fugue depuis que leur père est parti. Son père qui refuse de retourner à Roquebrune depuis la mort de Félicité, sa soeur. 
Puis, cet été qui va tout changer, foi de Victor, et c'est pourquoi il a décidé de le raconter. 

L'auteur réussit à ménager son suspense et jusqu'au bout on se surprend à être étonné, même si certaines choses se voit rapidement...mais c'est pas grave, il suffit juste de se laisser porter par la voix de Victor. Et justement cette voix: Gilles Paris réussit le pari de nous faire entendre la voix d'un petit garçon de neuf ans. Son style simple et juvénile s'adapte parfaitement à son petit narrateur. Alors, oui, on peut trouver ça simpliste et cela ne plaira pas à tout le monde, c'est certain. mais il ne faut pas oublier que c'est un petit garçon qui écrit et raconte  l'histoire.  Pour pouvoir entrer dans ce livre et que cela fonctionne, il faut juste éveiller l'enfant qui est en vous. (Si vous l'avez perdu en grandissant, c'est triste mais tant pis pour vous, vous passerez à côté de ce joli conte moderne). 
En effet, "L'été des lucioles" est un conte, avec ce côté fantastique qui sied bien aux contes de notre enfance; Et un petit peu de magie n'a jamais fait de mal...mais pour y croire, faut il encore avoir garder son âme d'enfant. 

L'auteur dresse une galerie de personnages, tous plus touchant les uns que les autres: Justine, la petite fille dont Victor est amoureuse, Gaspard, son meilleur ami avec qui il fera les 400 coups, sa soeur, Alicia, ado rebelle par excellence, qui ne se remet pas de la séparation de ses parents, La maman de Victor et Pilar, sa compagne, que Victor aime bien, Rosita, la concierge de la résidence de vacances, qui l'initie aux têtes couronnées, et même la Baronne, une vieille dame, qui vit à la Résidence depuis le décès de son mari et ses enfants dans un accident (une belle relation va se nouer entre le petit Victor et la Baronne, qui démontre que parfois deux générations différentes peuvent se soutenir et s'entraider. En tout cas,  la Baronne va retrouver le sourire au contact de Victor) et les jumeaux Tom et Nathan, qui vont faire découvrir les villas de la côte à l'aventurier Victor. 

Honnêtement, ce petit roman est une bouffée d'air frais, idéal pour les vacances. Si vous arrivez à vous laisser porter et charmer par la voix de Victor, vous passerez un agréable moment. De plus, je suis certain que cela fera remonter à la surface quelques souvenirs de vos vacances d'antan quand vous étiez un petit enfant, et que vous croyiez à la magie des lucioles. 

Gilles Paris: L'été des lucioles, France Loisirs, 236 pages, 2014



mercredi 21 juillet 2021

Sonate pour Haya

 

Résumé: 1999. Amalia, une jeune portugaise, découvre à travers une partition signée par un certain Friedrich le terrible passé nazi d’un grand-père dont on lui avait caché l’existence. Partant à la recherche de réponses, interrogeant les membres de sa famille, Amalia comprend que ce grand-père, que tout le monde croit mort depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, pourrait encore être vivant quelque part à Rio.

Décidée à découvrir la vérité, Amalia traverse l’océan pour partir à sa rencontre.

Inspiré d'un fait réel, le roman de la brésilienne Luize Valente nous rappelle l'un des pans les plus horribles de notre histoire: la Shoah. 

Quand j'ai reçu ce livre, il y a de cela près de deux ans, je me suis dit: on non, pas encore un livre sur la Seconde Guerre mondiale! (Oui, j'en suis arrivé à cette extrémité, ayant lu énormément de livre sur cette période, que je fuis un peu cette période de l'histoire, raconté dans les livres). Voilà pourquoi il a dormi pendant tout ce temps dans ma PAL. 
Mais voilà qu'il s'est rappelé à moi, ces derniers jours et je dois dire que j'en ressort très étonné et ravi, même s'il y a un petit bémol...mais j'y reviendrai plus tard. 

En effet, même si je pense avoir fait le tour de la Seconde Guerre Mondiale, dans mes lectures, concernant l'occupation de la France  par les allemands, je suis toujours enthousiaste quand on me raconte cette période, par le prisme d'un autre pays. Ce fut le cas pour cette "Sonate pour Haya". 
Ici l'auteure va nous raconter la guerre du point de vue des bourreaux d'abord, puisque l'héroïne, Amalia, est issue d'une famille dont certains membres étaient du parti nazi, pour basculer vers l'histoire des victimes, en la personne d'Adèle, et de la petite Haya, pour qui le grand-père d'Amalia à composé une Sonate. 

Oscillant entre passé et présent, Luize Valente nous plonge progressivement dans l'enfer, nous racontant d'abord, la vie à Berlin et le Pogrom de 1938 (que l'on a appelé, la Nuit de Cristal), jusqu'à la vie en Hongrie, et aux camps de la mort. L'auteure ne va rien nous épargner et nous emmener dans ces camps de  l'horreur pour mieux nous y enfermer. 
C'est en cela que j'ai trouvé ce livre passionnant: il se focalise sur l'Allemagne et les Pays de l'Est, pour nous emmener progressivement à Auschwitz et nous faire vivre l'enfer de près, de manière minutieuse et détaillé. 
D'ailleurs, en commençant et poursuivant ma lecture, je me suis dit que j'avais été bien bête d'avoir laissé dormir ce livre pendant tout ce temps. 

Le livre est construit sur deux temporalité différentes: la partie 1938-1945 , à travers les souvenirs de Frida, d'abord, la grand-mère d'Amalia, puis d'Adèle, rescapée des camps, ensuite, qui fut des plus passionnante et vibrante, puis la partie 1999, sur l'enquête qu'Amalia fait sur son grand-père disparu, Friedrich. C'est sur cette partie que vient mon premier bémol: en effet, j'ai trouvé ces parties moins passionnante à lire et parfois confuse, de par son procédé: en effet, Luize Valente a décidé d'alterner dans cette partie présente,  des passages d'un même chapitre à la troisième personne, pour ensuite nous proposer une narratrice en la personne d'Amalia qui prend la parole. J'ai trouvé cela un peu pesant, surtout que parfois, la partie narrée par Amalia fait des redites avec ce qui a été dit une page avant. 
Autre bémol: le fait que plusieurs scènes reviennent dans le roman, raconté de la même manière, mais d'un point de vue différent, dû au changement de narrateur (cela se vérifie beaucoup à la fin du livre). J'ai trouvé que cela desservait le roman et le rendait un peu lourd. C'est bien dommage, surtout que cela casse l'émotion ressenti quelques pages avant. 

Malgré ce bémol, cette "Sonate pour Haya" fut une découverte passionnante, de par sa description des ghettos et des camps de la mort comme celui d'Auschwitz. Un roman qui pose une pierre de plus  sur la nécessité du souvenir et du devoir de mémoire, afin de ne pas oublier que cela a vraiment existé. Il est également un beau témoignage sur la rédemption, incarné par le jeune officier allemand,  Friedrich Shmidt, qui mit sa vie en danger pour une petite fille, à qui il composa le plus beau des airs. Un livre qui démontre surtout que tous les allemands n'étaient pas partisan nazi, et que pendant cette période, il y avait des gens biens en Allemagne qui se sont battus pour la liberté. 

Merci aux Editions Les Escales pour cette découverte. 


le neveu de Luiza Valente a composé "Sonata em Auschwitz" spécialement pour le livre. Voici donc la Sonate que Friedrich compose pour la petite Haya)

Luize Valente: Sonate pour Haya, (Sonata Em Auschwitz), Les Escales, 390 pages, 2019



lundi 19 juillet 2021

Le Dauphiné

Résumé: Par ce récit d'enfance et de jeunesse où l'histoire familiale croise et recroise l'histoire insoupçonnée du Dauphiné, Évelyne Dress rend hommage à ce territoire grandiose qui a contribué à forger sa personnalité. Les figures de la grande et de la petite histoire s'y côtoient sans fausse note, et l'histoire de l'aïeule maternelle se confond avec celle de Napoléon, en traversant un patrimoine bâti impressionnant, des paysages de montagne d'une grande splendeur, jusqu'au petit village de Petichet, le berceau familial.


Depuis "Mes Chats", Evelyne Dress a décidé de se dévoiler et d'écrire son autobiographie de manière originale: dans "Mes chats", elle se livrait avec humour et tendresse sur son rapport amical et amoureux avec les chats. Avec "Le Dauphiné", Evelyne va continuer de se raconter, mais cette fois ci à travers une région qu'elle aime depuis l'enfance (et qui a été le décor d'un de ses romans les plus célèbres: "La maison de Petichet" (que j'ai adoré, il y a quelques années et que je vous encourage à découvrir). 

"Le Dauphiné fait partie d'une collection des Editions Magellan et Cie, qui fait découvrir aux lecteurs, de livre en livre, une région ou une ville. Ce fut d'ailleurs une agréable découverte que ce livre et il donne envie de découvrir d'autres livres de la collection. 

Mais revenons au "Dauphiné" d'Evelyne Dress. Quel bonheur de lecture que ce livre, qui nous fait voyager à travers le temps et l'espace. C'est un véritable enchantement. Avec sa plume drôle, délicate et émouvante, toujours aussi fluide, Evelyne nous emmène en voyage avec elle, le long de ses souvenirs, en refaisant le voyage que Napoléon fit en 1815, de Gap à Grenoble, mais en sens inverse. Ainsi, l'histoire d'Evelyne et de l'Empereur se mêlent dans des petits chapitres, qui nous font découvrir cette région magnifique. 

C'est génial: en passant de son histoire personnelle, à l'Histoire, Evelyne Dress devient historienne et ses anecdotes passionnantes sur Napoléon, Stendhal ou Rousseau donnent envie d'en découvrir plus. Pour un passionné d'histoire comme moi, ce fut formidable. 

Ce qui retient aussi dans ce petit livre, c'est l'histoire d'Evelyne et j'ai retrouvé avec plaisir, les personnes qui avaient inspirés les personnages de "La Maison de Petichet". Evelyne se livre sans fard, avec une certaine pudeur, mais également une confiance envers son public. Son histoire est passionnante et bouleversante, empreinte d'histoires d'amour rocambolesques et contrariées, qui rappelle la grande écrivain qu'elle est. 

Le petit plus de ce livre, c'est qu'Evelyne nous emmène dans ses bagages et nous fait parcourir ces petits villages qu'elle retraverse pour retrouver ses souvenirs. Elle entremêle ce parcours avec celui de Napoléon, compagnon de voyage, et fait de cette lecture, une lecture passionnante, vibrante, pour au final, finir sur un chapitre fort émouvant qui vous étreindra le coeur. 

De livre en livre, Evelyne Dress se raconte dans de petites autobiographies originales que j'ai toujours bonheur à découvrir. Dans celui ci, l'auteure nous emmène en voyage, à la découverte du Dauphiné. Et le voyage est magnifique, croyez-moi. Un petit livre idéal en cette saison estivale qui invite au voyage. 

Merci à Evelyne Dress pour sa confiance, ce voyage magnifique à travers ce beau Dauphiné. Et j'ai hâte de découvrir un prochain livre de cette auteure que j'aime de plus en plus. 


Evelyne Dress: Le Dauphiné, Editions Magellan et cie, Collection "Pour l'amour de", 95 pages, 2021





Les Misérables


 Résumé: Jean Valjean, le forçat que la rencontre providentielle d'un saint homme met sur la voie de la rédemption; Fantine qui, pour sa petite fille, ira jusqu'au bout du sacrifice, par un long martyre; Cosette chez les Thénardier, Gavroche et ses frères, subsistant tant bien que mal dans l'indifférence générale...Ces figures devenues mythiques incarnent le roman-fleuve, "Les Misérables"...


Ce monument de la littérature qu'est "Les Misérables" à longtemps été, pour moi, une montagne infranchissable, ou une mer impossible à traverser. 

J'ai tenté, par quatre fois, de franchir cet Everest de la littérature, durant mon adolescence et ma vingtaine, en échouant lamentablement. Pourtant j'ai persisté, à chaque fois, me disant que si je ne le lisais pas, j'allais passer à côté d'un chef d'oeuvre que je regretterai de ne pas avoir lu. 

C'est ainsi qu'au début du mois de juillet, j'ai décidé de me lancer un défi: lire ce roman-fleuve, durant mes vacances d'été, et cette fois, aller jusqu'au bout, sans retour en arrière, et en me disant que si je chutais une nouvelle fois, j'abandonnerai pour de bon. Une autre règle mis en place, par mes soins pour m'aider: ne pas lire ce roman pour l'histoire que je connais par coeur,  pour l'avoir vu dans différentes adaptations ciné ou entendu grâce à la comédie musicale, mais pour la langue d'Hugo, pour toute l'ampleur et les digressions du roman.  Eh bien...défi réussi. J'ai réussi a relever tous les obstacles et un en particulier (le fameux premier livre de la 2e partie, consacré à Waterloo (c'est là que je chutais lamentablement les autres fois). Et surtout, j'y ai pris du plaisir!

Vous ne pouvez pas savoir comme je suis content d'être arrivé au bout de ce chef-d'oeuvre et je suis ravi d'avoir persévéré car je m'en serai voulu d'être passé à côté de ce bijou littéraire. 

Mais maintenant, comment parler de ce monument, car il y a tellement de chose à dire. Ce roman-somme, ce roman fleuve, brasse tous les genres et peut convenir à tout le monde. Ce roman est plusieurs genres littéraires: à la fois, roman historique (de par ses chapitres sur l'Histoire de France comme la fameuse bataille de Waterloo, ou les révolutions de 1830 et 1848), roman social (de par sa trame principale), roman policier (comme la poursuite de Javert et Jean Valjean accompagné de Cosette; ou le guet-apens ourdit par Jondrette sur M. Leblanc), roman d'amour (par la belle histoire d'amour de Cosette et Marius). Tout cela s'entremêle pour former un tout. Et c'est génial. On se plonge dans ce roman en prenant le temps pour tout digérer. Mais au final, on en ressort groggy et comblé. 

Alors, oui, comme souvent dans les classiques, les descriptions sont légions et ne sont pas les plus passionnantes à lire, mais ce qui fait le charme et la force de ce livre, ce sont ces digressions, plus passionnantes les unes que les autres. Je pense que pour apprécier "Les Misérables", il ne faut pas le lire que pour son histoire, mais pour ses digressions également. En se disant, l'histoire n'est pas le but de ce roman, mais plus une radiographie de la France du siècle d'Hugo, en passant par les plus grands (comme Napoléon ou Louis Philippe) pour aller jusqu'aux plus petits (Cosette et Gavroche), c'est un pari réussi pour Hugo, qui parle de la Misère, mieux que personne. 

Donc, ces fameuses digressions: elles ne sont pas passionnantes au même degré, c'est vrai, mais toujours intéressantes: en fait, le roman est construit comme tel, d'abord chaque partie commence par une digression, et ce dès son début: en effet, le premier livre est consacré à Monseigneur Myriel, et l'histoire débute réellement 100 pages après ce portrait vertueux de ce saint homme. Puis ,dans la 2e partie, c'est la (fameuse) bataille de Waterloo, qui nous est conté dans ses moindres détails (et qui m'a donc fait souffrir plus d'une fois et même cette fois ci, mais j'ai su passer outre) pour nous donner cette scène importante pour la suite,  où Thénardier, voleur, va sauver un colonel. Oui, toute une bataille pour une scène qui va décider de toute la suite). 

Et chaque partie va être construite de cette manière. Hugo va nous raconter dans les moindres détails beaucoup d'éléments, comme un portrait de Paris dans son histoire, ses habitants et sa géographie, le Couvent Picpus, où va se réfugier Valjean et Cosette, sera l'occasion pour Hugo de nous parler de la vie des Soeurs de ce couvent, de sa création jusqu'en 1830; ou bien cette histoire sur les petits gamins de Paris, représenté dans le roman par Gavroche...ou encore, ce Livre consacré à l'Argot où Hugo nous en dit l'origine. Tous ces chapitres ou livres sont là également pour que Hugo nous donne certaines réflexions sur l'époque dans laquelle il vit. Il prend fait et cause pour ces Miséreux et leur donne la parole. Surtout, il va accompageré son lecteur au plus profond de la misère humaine, métaphoriquement mais aussi physiquement par un passage dans les égouts de Paris (dont il nous racontera aussi son origine et son histoire). 

Le rythme du roman est aussi intéressant à analyser. Ce roman est comme une symphonie en plusieurs partie. Elle se joue sur un rythme différent, tantôt lent, avec ses parties sur le Couvent, Waterloo, L'Argot, les Egouts, où le lecteur doit prendre le temps pour bien assimilé et se laisser porter, tantôt effréné dans des parties telle que la poursuite de Jean Valjean par Javert, ou le guet apens dont est victime Mr Leblanc (alias Valjean) par Jondrette, où les dialogues prennent le pas sur les descriptions et où le lecteur retient son souffle, en tournant les pages avec frénésie. Ce roman fleuve se lit donc comme on traverserai une mer avec ses petites vaguelettes et ses tempêtes. Mais le but, c'est d'aller au bout de ce voyage magnifique. 


Comme vous le voyez, il y aurait beaucoup à dire sur ce livre, comme le fait qu'il est devenu un tel chef d'oeuvre que certains noms propres comme Gavroche ou Cosette, sont rentré dans le langage courant (qui n'a jamais entendu cette phrase à propos d'une personne qui se plaint: "Oh  fait pas ta cosette!"), que ce livre est probablement l'un des livres les plus adaptés au cinéma et à la télévision, que certaines chansons du livre sont devenu des airs populaires que les gens fredonnent encore aujourd'hui (comme celui ci dont j'ai eu la surprise de voir que les paroles étaient réellement signées Victor Hugo (et pas Alain Boublil, auteur avec Claude-Michel Shonberg de la Comédie Musicale)  puisque je les ai lu dans ce roman-fleuve). 


En fait, "Les Misérables, le grand-oeuvre de Victor Hugo, est un roman plus que formidable que j'ai eu la chance d'avoir lu cet été. Donc merci à ma persévérance de m'avoir permis de découvrir ce roman fabuleux, que je vous encourage à lire. C'est l'un des plus beaux romans que j'ai lu sur le peuple, et qui fait entendre la voix des petites gens. Un roman indispensable de la littérature qui  bien qu'il est près de 160 ans, est toujours d'actualité aujourd'hui. Cela fait peur, mais c'est ce qui fait toute sa grandeur. 

Victor Hugo: Les Misérables, Le Livre de poche, 1946 pages, 1862




jeudi 8 juillet 2021

Jusqu'à ce que la mort nous sépare

Résumé: Tess croyait avoir trouvé le mari idéal en la personne de Jim Beckett, un policier jouissant d'une excellente réputation dans la petite ville de Williamstown, Massachusetts.

Mais deux ans après le mariage, elle découvre l'horreur : son époux a assassiné, dans des circonstances effroyables, plusieurs femmes. Tess n'a d'autre choix que de le dénoncer à la justice.

En attendant d'être jugé, Jim est placé dans un quartier de haute sécurité. Le jour où, tuant deux gardiens, il parvient à s'évader, il n'a plus qu'une idée en tête : retrouver celle qui l'a trahi.

Et lui rappeler qu'ils sont unis, quoi qu'il arrive, jusqu'à ce que la mort les sépare...
 


Cela fait quelques années que j'entends parler de Lisa Gardner et que j'avais envie de me plonger dans son univers. Mais par où commencer (car ses romans font souvent partie de séries avec des personnages récurents (comme souvent dans les thrillers)?...eh bien par le commencement: son premier roman qu'elle signa de son nom (car elle a écrit avant sous pseudonyme). 

"Jusqu'à ce que la mort nous sépare", premier volet de la série "FBI Profiler" tient toutes ses promesses. Un thriller psychologique, qui nous embarque dans une histoire de jeu du chat et de la souris, entre un tueur en série et son ex-femme. 

La force de ce roman n'est pas forcément l'action (même si celle si est présente dans les dernières pages du livre qu'on tourne avec frénésie pour avoir le fin mot de l'histoire (et les surprises qui vont avec) mais plutôt sur la psychologie des personnages. Et là, Lisa Gardner fait le taf car ses personnages et leur passé, qu'elle arrive à distiller par petite touches tout au long du roman, sont fouillés jusque dans les moindres détails. Que ce soit Tess, mais aussi J.T., le mercenaire vers lequel elle se tourne pour l'entraîner, ou Marion, la soeur de J.T., agent du FBI. Ces deux personnages qui pourraient passer pour deux persos secondaires, voient leur passé disséqué à la loupe par l'auteur. Ce qui nous les rends très attachants. (Ce qui est encore plus douloureux quand on les croient en danger). 

Non, franchement, un thriller qui tient toutes ses promesses, qu'on ne lâche pas avant la fin (très surprenante pour certains des protagonistes: je ne m'attendais pas à l'avenir de certains persos), un postulat fort plaisant avec un jeu du chat et de la souris entre un tueur et sa potentielle victime, des personnages fouillés auquel on s'attache, la psychologie du tueur fort bien amenée et expliquée par l'auteure. Non, pour un premier roman, c'est très prometteur pour la suite. 

Vous l'aurez donc compris, ma première expérience de lecture d'un Lisa Gardner est une totale réussite et je compte bien continuer à la lire...dans l'ordre chronologique de parution pour voir son évolution. En tout cas, si vous n'avez pas franchi le pas de la découverte, foncez: Lisa Gardner, c'est du très bon, et elle fait déjà fort pour son "premier" roman. Pour ma part, je suis curieux de savoir ce que va donner la suite. Apparemment, c'est aussi du très bon...Après lecture de ce premier roman, je n'ai pratiquement plus de doute. 


Lisa Gardner: Jusqu'à ce que la mort nous sépare, (The perfect husband), Le Livre de Poche, 413 pages, 1998




dimanche 4 juillet 2021

Dix-sept ans

Résumé: « On m’a élevée ainsi : les garçons et les filles sont à égalité. Je suis aussi libre que mon frère, ma mère est aussi libre que mon père. C’est faux. Je suis une fille, pas un garçon. J’ai 17 ans, mon corps me trahit, je vais avorter.
J’y pense toujours, je n’en parlerai jamais à personne. Parfois, je ne suis pas loin de dire le mot, de le partager avec une amie proche. Et puis non, je renonce. Pourquoi ce silence ? »
 

"Parfois, je ne suis pas loin de dire le mot, de partager "l'avortement" avec une amie proche. Et puis non, je renonce. Pourquoi ce silence? Pourquoi les femmes elles mêmes, se taisent elles? (p.63)

Oui, pourquoi l'avortement est il encore un sujet tabou, si  peu évoqué dans les livres. 

Bien sûr, la parole s'est peu à peu libérée, mais reste encore comme une honte, une blessure, comme si cet absent toujours présent était là pour se rappeler à ces femmes qui voulaient simplement vivre libre. 

Le petit livre de Colombe Schneck, témoignage de cet acte qu'est l'avortement, un acte pas si anodin que ça, est un vibrant hommage, tout d'abord à Annie Ernaux, qui a elle aussi vécue un avortement, au moment où il était encore illégal et qui a en parlé dans son livre "L'évènement". Mais l'hommage s'adresse également à ce petit absent qui "partage" toujours la vie de Colombe, comme une présence pour lui rappeler cet acte qu'elle a effectué à 17 ans, un acte pas si banal que ça, au final. 

J'ai été touché par ce témoignage, vibrant, épuré, qui va a l'essentiel, sans jugement. Elle dresse le portrait d'une jeune fille libérée, qui a des parents permissifs et compréhensifs, et qui, un jour, va tomber enceinte, l'année de son bac. Alors, certes, l'insouciance de la jeune fille peut nous sembler choquant...mais derrière cette insouciance et cet acte, certes réfléchi, et qu'elle croit sans conséquence pour le reste de sa vie, se cache une petite blessure. Alors, certes, Colombe aura réussi sa vie, fait ce qu'elle voulait, s'est mariée, a eu des enfants...mais le petit absent se rappelle à elle, surtout lors de la saison hivernale, la saison où il aurait dû voir le jour. J'ai d'ailleurs été touché par le chapitre où elle s'adresse à lui, avec sensibilité et pudeur. Comme un message pour lui dire que c'est grâce à lui qu'elle est la femme libre qu'elle est aujourd'hui. 

Un petit livre qui vous touchera au coeur, que vous soyez une femme ou un homme, le sexe importe peu quand il s'agit de parler d'une absence, qui peut être douloureuse, surtout quand elle concerne un petit être. Un petit livre qui brise une fois encore ce tabou qu'est l'avortement, cet acte qu'aucune femme ne fait de gaieté de coeur, croyez-moi. Un petit livre qui est comme un petit caillou que l'auteur dépose sur le chemin de la parole, pour dire aux femmes: n'ayez pas honte de l'avortement. Il est parfois inéluctable pour permettre à une femme de se construire en tant que femme, avant d'un jour, peut être devenir mère.  


Colombe Schneck: Dix-sept ans, J'ai lu, 88 pages, 2015





La Couronne des 7 Royaumes Tome 1

Résumé: Dans un royaume au bord de la guerre civile, Tavis de Curgh, un jeune noble, est faussement accusé d'un meurtre particulièrement cruel, celui de sa fiancée.

Serait-il victime d’une machination des mystérieux sorciers Qirsi qui servent les empereurs, les rois et les ducs à travers les sept royaumes ?

 Se plonger dans un nouveau Cycle de Fantasy est toujours un peu difficile pour moi (surtout que je ne suis pas un adepte hardcore de ce genre littéraire, que je lis avec parcimonie), surtout quand celui ci s'avère complexe, de par l'univers qu'il propose. 


Avec "La Couronne des 7 Royaumes", David B.  Coe nous embarque dans un monde où deux peuples cohabitent tant bien que mal (plutôt mal que bien d'ailleurs), les Eandis, au pouvoir, et les Qirsis (sortes de magiciens) qui sont souvent à leur service. Seulement un complot se met en place pour que les Qirsis reprennent le pouvoir. 

Alors, je ne vais pas vous en expliquer plus car moi-même j'étais un peu perdu. Comme dans tout premier tome, qui est souvent, voire tout le temps introductif, la mise en route est toujours un peu difficile. Surtout quand l'univers présenté est des plus complexes. Sauf qu'au début j'étais totalement perdu: l'auteur nous présente des personnages qu'on ne reverra pas forcément par la suite. C'est ainsi que je me suis mis à naviguer en eaux troubles, me demandant où l'auteur voulait en venir. 

Et c'est ainsi que l'intrigue commence vraiment à se mettre en place avec l'arrivée du jeune Tavis et le destin tragique qui l'attend. Mais cette intrigue débute vraiment après 200 pages (sur 700, certes)...ce qui est un peu long, mais forcément nécessaire. En tout cas, après cette longue introduction, le livre a du mal à être lâché et l'histoire va tambour battant, avec ses retournements de situation à gogos. 

La couronne des 7 Royaumes est un univers fantasy comme je les aime. On est dans des intrigues de cour, de complots, de mystères, de secrets, de trahisons, plus que dans l'action et les scènes de combats (alors certaines scènes de combats sont présentes, mais pas plus appuyées que ça). Ce qui me ravi, car je ne suis pas fan de scènes de batailles (je sais, c'est souvent le propre de la Fantasy, mais j'ai toujours un peu de mal à visualiser ces scènes, même si ici, elles semblent bien décrites). 

Côtés personnages, on a notre quota, de couard, d'ordures, de crétins, et de méchants, de bravoure et ce serait vraiment trop long pour tous vous les présenter. Alors, je vais me contenter de quelques-uns: Tavis, par exemple qui est le jeune homme le plus tête à claques que j'ai rencontré. Il est arrogant, imbu de lui-même, mais le malheur qui va le frapper, va le faire mûrir et je me suis surpris à l'aimer à la fin de ce premier volet. Il y a également Xaver, son homme-lige, et ami, que j'ai  apprécié de suite. Son courage et sa loyauté envers Tavis, en fait l'un des personnages les plus nobles de coeur que j'ai pu rencontrer. Il y a  également Grinsa, Glaneur Qirsi (un glaneur est un qirsi qui lit l'avenir des jeunes eandis dans une pierre de cristal au moment de leur Révélation) qui va révéler son funeste avenir à Tavis et se sentir lié à lui. Il va alors venir à son secours. J'ai beaucoup aimé ce personnage des plus intrigants et j'ai hâte de poursuivre leur histoire à tous deux. Puis, il y a les ducs de chaque royaumes comme les Curgh (parents de Tavis), braves et courageux, le Duc de Kentigern que je n'ai pas aimé et qui est bête comme ses pieds (même si je comprends son aveuglement envers Tavis, vu le drame qu'il traverse),  les Glyndwr, qui seront les médiateurs de cette probable guerre qui se prépare. Et d'aures ducs qui ne sont pas trop présents; 

Comme vous pouvez le voir, c'est un livre foisonnant, mais passionnant qui, par le prisme d'un complot et de Terres (les terres du Devant) à protéger,  parle également de racisme (racisme que les Eandis ont envers les Qirsis et inversement) et d'esclavage (car quoi qu'on en disent, les Qirsis sont les serviteurs involontaires des Eandis (quoique pas tous), de rébellions, de prise de pouvoir, avec une grande menace qui plane sur ce joli petit monde. 

Pour ma part, j'ai trouvé cet univers passionnant. David B. Coe, nous propose un univers foisonnant, cohérent, bien travaillé, qui, je pense n'a pas encore montré toutes ces facettes. Une intrigue des plus complexe à souhait avec des personnages fouillés, à multiples facettes qui ne vont faire qu'évoluer. Un univers que je vous encourage à découvrir et que, pour ma part, j'aurai plaisir à retrouver. Et la bonne nouvelle, c'est que cette fois ci, je connaitrais le fin mot de l'histoire puisque la saga est terminée en 5 tomes. Des tomes que j'ai tous en ma possession. J'espère que je ne mettrais pas un an pour retourner sur les Terres du Devant. On croise les doigts. 


David . Coe: La couronne des 7 Royaumes Tome 1, (Rules of Ascension, Winds of the Forelands Book 1),France Loisirs,  700 pages, 2004




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