4e de couverture: Au début du siècle dernier, Henri, un jeune artiste, parvient sur l’île de B. après un long voyage.
Venu rendre visite à la femme qui s’est détournée de lui, il y séjournera vingt-quatre heures, le temps pour lui de déambuler dans ce paysage envoûtant, et d’y faire des rencontres singulières.
Jusqu’à la chute finale, le lecteur chemine à la suite du héros dans cette atmosphère vibrante, rendue par une écriture impressionniste aux multiples résonances.
Autre coup de coeur de Marie de la librairie Gibert, en cette rentrée littéraire, mais côté littérature française, cette fois ci.
Parmi les trois titres qu'elle me proposait, mon choix s'est porté sur le nouveau roman de Sophie Van der Linden, "De Terre et de Mer", et, ce, par le fait que Marie a été très évasive sur l'histoire de ce livre (et elle a bien fait) mais aussi pour la couverture et par la plume de l'auteur qui m'a charmée de suite, quand j'en ai lu quelques lignes dans la librairie.
Et, c'est en fin de week-end, dimanche après-midi que je me suis assis sur mon lit, un plaid sur mes genoux, et que j'ai ouvert ce livre. Et là, ce fut un véritable ravissement. J'ai totalement oublié le lieu où je me trouvais et je me suis retrouvé emporté sur cette île de B. durant quelques heures.
Alors, ce n'est pas l'histoire, fort simple et sans rebondissement, qui retient l'attention ici. C'est tout simplement la plume de l'auteur. Il y a longtemps que je n'avais pas ressenti un tel enchantement devant un style, si poétique. C'est bien simple, ce roman est tout simplement une peinture dont les couleurs et les pastels sont les mots. Les déambulations d'Henri dans l'île de B., toutes les rencontres qu'il fait (et sur lesquelles l'auteure s'attarde pour nous conter quelques instants de leur journée) sont décrites de manière si belle qu'on ne peut détacher son regard et qu'on a envie de continuer le voyage.
Ce petit bijou m'a émerveillé et apaisé...malgré ce qui s'annonce...mais je n'en dirais pas plus. Car c'est bien mieux de découvrir ce petit livre par soi-même et de partir, avec Henri, sur cette petite île de Bretagne (j'ai eu l'impression qu'on se trouvait sur la côte bretonne). On se laisse charmer et, avec l'aide des descriptions de l'auteur, on voit se dessiner cette île qui nous happe pour ne plus nous lâcher avant la fin. Cette fin qui m'a laissé une petite larme dans le coeur...larme de tristesse d'abandonner ces personnages (comme ce paysan, qui a perdu sa femme et qui s'occupe de la ferme, seul, de cet homme qui fait le tour de l'île en courant afin de se préparer à un marathon, de ce petit garçon, venu en vacances chez son oncle et qui se fait malmener par son cousin et ses copains), hauts en couleur et cette île où on a l'impression que le temps s'arrête.
De plus, une fois n'est pas coutume, la couverture illustre parfaitement la douceur et la plume de l'auteur. De suite, je savais ce que j'allais trouver à l'intérieur et je n'ai pas été déçu.
Au final, un petit bijou que ce roman qui m'a révélée une plume que j'ai beaucoup aimé. C'est un ravissement que ce livre. Un petit livre qui réchauffe le coeur et qui nous emporte loin de chez nous. C'est bien simple, Sophie Van der Linden nous embarque dans son univers et on oublie tout simplement où l'on est pour quelques heures. Encore une fois, Marie ne s'est pas trompée en me proposant ce livre. Un roman que je relirai à coup sûr, un jour, pour repartir sur l'île de B.
Quelques extraits pour vous montrer la beauté de la plume d Sophie van der Linden:
"La route quitta le port et monta vers l'église. Deux murs continus bordaient la chaussée étroite, laissant par intermittence surgir quelques perspectives sur un étagement angulaires de façades, de toits en ardoises, de prés bordés de lourdes pierres. Du gris, des teintes variées de vert. Autour, la mer, le ciel, partout si présents, si écrasants, comme un rappel constant. Parvenu à l'église, se retournant, Henri s'aperçut que l'autre côté de la route abritait le cimetière. En s'approchant du mur d'enceinte, une vive odeur de miel l'apostropha. Une petite troupe d'alysses, nichée dans les cavités, s'en seraient presque excusée. Marbre des caveaux, soleil, iode, miel, ciment poreux, et ces routes sèches en étoile pour vous perdre. Henri choisit celle qui redescendait vers l'anse. Son bagage et son bouquet amollit lui pesèrent tout à coup." (p. 23-24)
"Avec la nuit, le silence était tombé. Les mouettes s'étaient tues, et bien d'autres animaux. Les charrettes étaient rentrées. Et les gens aussi.
Tout près du chemin poursuivi par Henri, se dressa à sa vue un grand manoir, avec une tour éclairée. Par une fenêtre ouverte, une musique s'échappait, jouée au piano. C'était inattendu, et pourtant Henri eut la sensation qu'en cet instant rien ne pouvait mieux le pénétrer. Une mélodie simple avait accroché son attention, elle revenait, mêlée à des développements harmonieux. Il s'assit sur un large galet situé en contrebas de la fenêtre ouverte.Lorsque la musique s'interrompit, Henri resta dans la même position, coudes posés sur les cuisses, menton entre les mains." (p.81)
Merci à Marie de la librairie Gibert pour ce merveilleux voyage.
Sophie Van der Linden: De Terre et de Mer, Buchet Chastel, 145 pages, 2016