vendredi 30 juillet 2021

Les Rêveurs

 

Résumé: Quand l’enfance a pour décor les années 70, tout semble possible. Mais pour cette famille de rêveurs un peu déglinguée, formidablement touchante, le chemin de la liberté est périlleux. Isabelle Carré dit les couleurs acidulées de l’époque, la découverte du monde compliqué des adultes, leurs douloureuses métamorphoses, la force et la fragilité d’une jeune fille que le théâtre va révéler à elle-même. Une rare grâce d’écriture.


Isabelle Carré est une comédienne que j'aime énormément et qui m'a ému plus d'une fois, que ce soit dans le film poignant de Zabou Breitman, "Se souvenir des belles choses" ou le sublime et vibrant "Marie Heurtin". 

J'aime sa simplicité et son humanité. C'est une femme lumineuse et bienveillante, que j'ai eu la chance de rencontrer lors d'un évènement littéraire "Les Editeuriales" à Poitiers. (Evènement littéraire qui consiste à mettre en lumière un éditeur  chaque année, en invitant plusieurs auteurs de la dite maison d'édition). En 2019, les Editions Grasset se sont vus invité à la Médiathèque François Mitterand,  pour cet évènement littéraire. Et parmi les auteurs invités: Isabelle Carré. Ni une ni deux, je suis allé à cette rencontre et Isabelle fut telle que je me l'étais imaginé: radieuse, lumineuse, à l'écoute, gentille. En résumé: une belle personne, qui, durant la soirée, nous parla d'un projet fou personnel: découvrir et lire toute l'oeuvre de J.C. Oates. Sans le savoir, Isabelle et moi avions un point commun. Point commun, que je lui ai révélé lors de la dédicace qui suivit l'interview. 

Tout ça pour dire, que après ma lecture du recueil de nouvelles de Mrs Oates, le livre d'Isabelle Carré s'est rappelé à moi. Il était donc temps que je le découvre. 

Alors, même si cette lecture ne sera pas un coup de coeur, elle fut des plus agréable. D'une belle plume, poétique et charmante, Isabelle Carré nous conte l'histoire d'une famille pas comme les autres, une famille de rêveurs, qui ne vit pas comme tout le monde. Alors, clairement, Isabelle ne cache en rien que cette famille de rêveurs, c'est la sienne, mais elle la saupoudre de fiction pour en faire des personnages de roman. La petite Isabelle de l'histoire, c'est bien l'auteure, mais ses proches ne se sont pas forcément comporté comme ceux du roman. 

De cette famille atypique, Isabelle Carré dresse un portrait drôle, touchant, et parfois même triste, de ces êtres qui veulent fuir une certaine réalité, mais une réalité qui va souvent les rattraper. Son père, par exemple, homosexuel qui va s'assumer progressivement, va mettre en place des combines qui vont le mener en prison. Sa mère, qui fut, tout d'abord abandonnée par le père de son premier enfant, à 17 ans, et qui va tomber sous le charme de ce jeune homme rêveur, qui verra la naissance de deux autres enfants, dont Isabelle, va retrouver cet amour de jeunesse, plusieurs années après. Et la jeune Isabelle navigue entre ces deux êtres atypiques, en essayant de trouver sa place. 

Isabelle Carré se joue du lecteur, en naviguant entre la fiction et la réalité, et le lecteur se surprend en se demandant si la tentative de suicide d'Isabelle a réellement eu lieu où est une vue de l'esprit et totalement inventée. Elle navigue également d'un chapitre à l'autre, en mélangeant les époques, passant du passé au présent pour mieux revenir dans le passé. Elle explique d'ailleurs ce choix judicieux de récit non chronologique et linéaire: la mémoire est telle que les souvenirs ne reviennent pas dans l'ordre précis où les choses nous sont arrivés. Ainsi, Isabelle raconte "ses souvenirs" comme ils lui reviennent, faisant de son livre un patchwork sur une époque révolue: les années 70 dont elle arrive à ranimer la flamme: on s'y croirait. 

En bref, avec ce premier roman, Isabelle Carré a démontré qu'elle avait une plume et une voix pas si singulière que ça. Une voix qui ranime une époque (les années 70) et une famille atypique pour qui rêver était primordial...ce qui lui a permis de trouver sa voie: devenir comédienne, pour ainsi vivre mille vies en une et continuer à rêver. 


Isabelle Carré: Les rêveurs, Le Livre de Poche, 282, pages, 2018





 

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