vendredi 24 septembre 2021

Mère disparue

Résumé: Elle est allongée sur le sol du garage. Inerte. Ses jolis vêtements sont imprégnés de sang. Épouvantée, Nikki secoue sa mère. En vain. Devant ce corps déjà froid, elle doit se rendre à l’évidence : on l’a assassinée. Pour la retenir encore un peu, Nikki enquête auprès de ses proches, ose les questions qu’elle n’a pas eu le temps de poser. Les réponses ont un parfum de révélations…
 

Est-ce dû au fait que j'ai complété ma collection des livres de Joyce Carol Oates cette année (portant le nombre de volumes à 87 (et il m'en manque encore quelques uns) . Oui, 87 livres de Oates sont en ma possession (dans le lot, il y a  trois romans de J.C. Oates que je possède en deux exemplaires: en VO et en VF), mais j'ai une envie irrépressible de lire ses ouvrages. 

Ainsi, Mère disparue est le 4e ouvrage de J.C. Oates que je découvre en cette année 2021. Et encore une fois, je suis parti dans un genre complètement différent et j'adore ça. C'est aussi ce qui me fascine chez Mrs Oates: sa capacité à se balader dans plusieurs genres différents et le faire avec maestria à chaque fois. 

Dans Mère disparue, c'est la notion du deuil que l'auteure va explorer. En effet, Nikki, la protagoniste principale de cette histoire va perdre sa mère brutalement dans des circonstances tragiques. Le lecteur va alors la suivre durant son processus de l'acceptation du deuil et de son évolution, tant physique que psychologique. 

Qu'est ce que j'ai aimé ce livre (je pense même qu'il fera partie de mes préférés de l'auteure). Ici, il se dégage une telle peine, une telle tendresse envers son personnage, comme si l'auteure voulait l'accompagner sur ce chemin difficile. Bien sûr, la violence est encore présente mais elle n'est pas le coeur du livre. Elle n'est qu'une raison du deuil et surtout l'électrochoc qui fera que Nikki avancera et changera. 

Voilà un roman  bouleversant qui parlera à chacun: tout comme Nikki, qui n'a pas perdu un être cher et chercher à comprendre comment cela à pu arriver. Puis, commencer à chercher des réponses sur celle qu'on pensait connaître et qu'on découvre encore, en faisant le ménage et le tri dans ses affaires. En habitant la maison de ses parents et en faisant le tri dans leurs affaires, Nikki va découvrir des pans de la vie de sa mère qu'elle ignorait et qu'elle aurait peut être aimé ne jamais savoir. Ces fameux secrets que les parents cachent à leurs enfants et que ceux ci découvrent une fois que ceux ci sont partis. 

Un Oates bien différent de ses écrits habituels: le cynisme n'a pas vraiment sa place ici: il se dégage une certaine pudeur dans ce voyeurisme bienveillant (je sais, c'est contradictoire, mais je l'ai ressenti comme ça. le lecteur accompagne Nikki dans son voyage intérieur durant la première année de la mort de sa mère.). Entre ses relations conflictuelles avec sa soeur (qui démontre que chacun vit son deuil différemment puisque Clare prendra la fuite et sera plus virulente. Comme si, la mort de leur mère, avait inversé les rôles) et ses discussions avec les amis de sa mère, qui lui dévoileront bien des secrets, Nikki, se dévoile plus humaine et plus touchée qu'elle ne le montre au début du livre. Et surtout, elle devient plus apaisée à mesure que le temps passe. 

C'est fou, tout de même la capacité de Joyce Carol Oates, d'écrire un roman de plus de 500 pages dans lequel il ne se passe "rien" et où l'on ne s'ennuie pas une seule minute, où l'on est ému par la détresse de Nikki, où l'on se questionne sur notre propre rapport avec la mort et celle de ceux qu'on aime. 

Comme une sorte de catharsis, Joyce Carol Oates a écrit ce roman juste après la mort de sa mère, à qui elle dédie ce roman. En parlant de la souffrance et du deuil de Nikki, Joyce Carol Oates a probablement voulu parler de la sienne et l'exorciser dans un roman. Sa force est que de son histoire personnelle, elle en a fait quelque chose d'universel, qui parle à chacun d'entre nous. Grandiose. Probablement l'un de ses plus beaux romans et l'un de ceux qui m'a le plus touché. 


Joyce Carol Oates, Mère disparue, (Missing Mom), 514 pages, 2007



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