mardi 26 juin 2018

L'invitation

4e de couverture: Lutte des classes, ambition politique, désirs refoulés et violence sourde… Une œuvre originale et parfaitement construite qui allie roman noir à la tension implacable et comédie sociale mordante, le tout porté par un humour grinçant tout britannique.
Ben Fitzmaurice est devenu le meilleur ami de Martin Gilmour le jour où, dans la cour de leur très chic école, Ben, héritier d’une prestigieuse dynastie, a pris la défense de Martin, petit boursier, fils unique d’une mère célibataire sans le sou. Depuis, Ben s’est fait un nom en politique, Martin est devenu critique d’art ; Ben a épousé la très parfaite Serena, Martin vit avec la très discrète Lucy. Et Ben est toujours le meilleur ami de Martin.
Ce soir, Ben fête ses quarante ans. Tout le gratin est présent. Martin aussi. Naturellement…

Le 4e roman d'Elizabeth Day, The Party, (l'invitation pour le titre français): oui, je préfère le titre original de ce roman et son triple sens qui vont être utilisé dans le roman (en anglais "the Party", peut être "une fête", "un parti politique" ou "la partie civile d'un procès"). 
Au départ, je n'avais pas été attiré plus que ça part ce roman (le résumé me paraissait une histoire classique que j'avais déjà lu où vu, donc je passe). Sauf qu'il a atterrit dans ma PAL grâce aux Editions Belfond et, je crois qu'elles me connaissent bien car, finalement, j'ai adoré ce livre. 
Alors, je vous le dis tout net, j'ai enlevé les références d'autres romans indiqués dans la 4e de couverture, et j'ai coupé les dernières phrases car elles en disaient trop sur le livre et aurait gâché la lecture. 
Car, ce qui retient mon attention avant tout dans ce roman, c'est sa construction diabolique. En effet, l'histoire débute dans un commissariat avec Martin qui est interrogé par la police à propos de la soirée d'hier soir (l'anniversaire de Ben Fitzmaurice, son meilleur ami) qui se serait terminé par un drame. Ainsi, Martin va raconter le déroulement de la soirée, sauf que celui ci sera entrecoupé de souvenirs d'enfance et d'adolescence de Martin, et du cahier que tient Lucy, la femme de Martin, qui se trouve dans une maison de repos après les événements de la soirée. 
Ainsi, l'auteure maintient un suspense insoutenable (un peu gâché si on  lit la 4e de couv' jusqu'au bout car l'un des événements raconté n'arrive que dans les 60 dernières pages du roman(!!), qui va nous plonger dans l'esprit complexe de Martin, cet être ambitieux, qui semble fort, mais qui est rempli de faiblesse. 
Il faut d'ailleurs, dire une chose: mis à part, Lucy, la plupart des personnages sont abjects dans ce roman: Martin est pathétique à vouloir avoir l'amitié de Ben, coûte que coûte, quitte à le suivre comme un petit toutou et à accepter des choses plus ou moins honnête de sa part. Ben est un être arrogant, l'archétype de l'aristocrate qui n'en a rien à faire des autres, sa femme Seréna est la pire de tous, glaciale, hautaine: honnêtement, j'ai plains cette pauvre Lucy qui doit la supporter. Puis, le petit monde qui tourne autour des Fitzmaurice, n'est pas meilleur. Il y a quelque chose de malsain dans ce roman, et j'ai eu du mal à m'attacher aux personnages. Heureusement, l'intrigue est assez accrocheur pour passer outre le caractère des personnages. 
Non, ce roman rempli parfaitement son rôle: c'est un thriller psychologique de bonne qualité (oui, thriller psycho, car une tension est là tout au long du roman qui tient bien en haleine) qui dépeint l'aristocratie anglaise dans ce qu'elle a de plus sombre. Elle nous fait entrer dans ce monde grandiloquent qui navigue entre richesse, et politique avec l'hypocrisie chevillé au corps. 
Il y a aussi cette tension perpétuelle, mais surtout une relation ambiguë entre Ben et Martin, à tel point qu'il y a des désirs refoulés qui vont refaire surface à un moment où à un autre. (D'ailleurs, en ce sens, cela m'a un peu rappelé "Maurice" de E.M. Forster (oui je fais une référence, mais elle ne vend quasiment rien sur le corps de l'intrigue). Une ambiance toute anglaise qui nous fait plonger dans les méandres des pensionnats anglais et navigué en eaux troubles dans la politique et l'aristocratie. Tout ce que j'aime.
En fait, Martin est un pur Rastignac (ah, une autre référence) qui va progressivement perdre ses illusions et qui, près de chuter, va tout faire pour tourner tout ceci en sa faveur. C'est purement diabolique, je vous dis! 
Si je n'avais qu'un seul petit bémol, sur ce roman, c'est sa fin ouverte: j'ai eu l'impression en la lisant, de n'être qu'aux prémices d'une historie de plus grande envergure. Disons,qu'il manque un affrontement entre Ben et Martin, qui ne viendra pas. Et je ne suis que frustration et n'ai qu'une envie: qu'il y ait  une suite! Ce qui est la preuve, s'il en est, que j'ai été happé par ce roman qui tient toutes ses promesses, et que je n'ai pas pu lâcher. Une très belle surprise que cette "Party" que je vous encourage à découvrir.

Merci aux Editions Belfond  d'avoir encore une fois fait mouche.

Elizabeth Day: L'invitation, (The Party), Belfond, 334 pages, 2018








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire