vendredi 7 septembre 2018

Sous les branches de l'Udala

4e de couverture: Dans la lignée d’Imbolo Mbue et de Chimamanda Ngozi Adichie, la découverte coup de cœur d’une voix puissante et singulière. Nommé pour de nombreux prix littéraires, porté par une atmosphère foisonnante où se bousculent les sensations, un roman bouleversant de courage sur la quête de soi, le poids dévastateur de la religion et des traditions, et la force éperdue de l’amour.


 1968. Le Nigeria et la jeune république du Biafra se déchirent, les conflits interethniques sont chaque jour plus meurtriers, la population sombre peu à peu dans le désespoir.
Au cœur de cet océan de violence, la jeune Ijeoma tombe amoureuse d’Amina.
La relation des deux adolescentes est rapidement découverte et tous, mères, pères, voisins, amis, se chargent de leur rappeler qu’aux yeux de Dieu et de la loi, leur amour est criminel.

Pour Ijeoma, un choix se dessine alors : se cacher et suivre ses désirs ; ou s’oublier et jouer le rôle que la société lui impose.
Une existence prisonnière du mensonge, est-ce la seule issue qui s’offre à Ijeoma ?

Rentrée Littéraire 2018  (#2)
71 pays dans le monde considèrent encore l'homosexualité comme un crime. Dans 13 pays, l'homosexualité est même passible de la peine de mort. Le Nigeria (où se déroule l'action de Sous les branches de l'Udala) fait partie de ces 13 pays là. 
J'étais curieux de suivre une jeune héroïne homosexuelle dans ce pays là. C'est pourquoi je me suis plongé avec curiosité et envie dans le premier roman de Chinelo Okparanta. Je dois dire que je suis passé par plusieurs sentiments: l'étonnement, l'exaspération, la colère l'effroi, devant tout ce que vit la jeune Ijeoma. Composé de plusieurs parties bien distinctes, le roman débute, en pleine guerre civile dans les années 70, par la mort du père d'Ijeoma, lors d'un raid aérien. Sa mère voulant la protéger des conflits va l'envoyer chez un professeur à Aba. C'est là qu'elle va faire la connaissance d'Amina et découvrir un sentiment nouveau pour elle: l'amour. 
C'est un roman choc qui va vous faire partir à la rencontre d'une jeune fille perdue dans l'océan des sentiments. Elle va se poser beaucoup de questions quant à ce désir qui naît en elle, pour une jeune fille, quant à la conduite à avoir et comment faire pour y faire face...surtout dans un pays qui condamne l'homosexualité. J'ai souvent été incrédule et énervé contre la mère d'Ijeoma, qui, par l'intermédiaire de la Bible va vouloir rééduquer sa fille après qu'elle ait appris la liaison de celle ci avec une fille. J'ai souvent fait des bonds en voyant comment la mère d'Ijeoma interprète la Bible, par rapport à l'homosexualité, et les questions que se pose Ijeoma par rapport à ça so,nt des plus légitimes. Les dialogues entre la mère et la fille sont d'ailleurs très intéressants, même si je trouve les réponses de la mère souvent aberrantes. J'ai le souvenir d'un dialogue entre la mère et la fille sur l'histoire d'un paysan qui recueille un étranger chez lui. (c'est à Sodome) Il va alors offrir sa fille aux Sodomites (les habitants de Sodome) pour qu'ils la violent plutôt que de livrer l'étranger. Devant ce récit, Ijeoma se demande pourquoi un paysan livrerait sa fille plutôt que l'étranger. Et sa mère de répondre qu'un homme couchant avec un homme est une abomination. (Je dois dire que j'ai bondi en lisant cela) Pourtant, au fil des pages, j'ai compris que la mère d'Ijeoma ne cherchait qu'à protéger sa fille. 
Je me suis retrouvé dans le personnage d'Ijeoma, même si nous n'habitons pas le même pays: dans ses questionnements, ses combats, et je voulais savoir les choix qu'elle allait faire. La relation entre Ijeoma et Amina est très sensuelle et cette sensualité à été très bien retranscrite par Chinelo Okparanta, sans voyeurisme ni vulgarité. 
J'ai trouvé la plume de Chinelo Okparanta fluide et chantante. Je trouve que ce fut une belle idée, de la part de la traductrice de laisser certains dialogues dans la langue d'origine d'Ijeoma, afin de ressentir cette sonorité particulière. Cela nous immerge complètement au Nigeria. J'ai été bouleversé par certains passages et je me suis surpris à trembler devant certaines situations. Ce roman  m'a permis de me  rendre compte comment se passe la vie dans ce pays d'Afrique où il ne fait pas bon être homosexuel. 
Je ne peux que vous encourager à lire ce livre nécessaire pour comprendre et voir que le chemin sera long avant que l'homosexualité ne soit pas vu comme quelque chose de contre nature. Ce roman est aussi le portrait touchant et juste d'une jeune femme qui va tout faire pour survivre dans ce pays qui ne l'accepte pas telle qu'elle est, quitte à se renier. Un roman de la rentrée littéraire qui sort de l'ordinaire, pour peut être éveiller les consciences.La littérature sert à ça quelquefois. 
Merci aux Editions Belfond pour ce roman bouleversant et nécessaire. 
Chinelo Okparanta: Sous les branches de l'Udala, (Under the Udala trees), Belfond, 367 pages, 2018


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