dimanche 24 juin 2018

Les immortalistes

4e de couverture: New York, été 1969. Pour tromper l'ennui, les enfants Gold ne trouvent rien de mieux à faire que d'aller consulter une voyante capable de prédire avec exactitude la date de leur mort. Si Varya, Daniel, Klara et Simon veulent tous savoir de quoi demain sera fait, ils sont loin de se douter de ce qui les attend. Des années plus tard, hantés par la prophétie, ils vont faire des choix de vie radicalement opposés. Simon, le petit dernier censé reprendre l'entreprise de confection familiale, s'enfuit sur la côte ouest, en quête d'amour à San Francisco. Klara, la rêveuse, devient magicienne à Las Vegas, obsédée par l'idée de brouiller les pistes entre la réalité et l'imagination. Épris de justice, Daniel s'engage comme médecin dans l'armée après les attentats du 11 septembre. Quant à la studieuse Varya, elle se jette dans des travaux de recherche liés à la longévité, tentant désespérément de percer le secret de l'immortalité. Lorsque le premier d'entre eux trouve la mort à la date annoncée par la voyante, les trois autres craignent le pire. Doivent-ils prendre au sérieux cette prémonition ? N'est-ce la puissance de l'autosuggestion qui pousse les Gold à faire des choix qui les conduisent irrémédiablement vers leur mort ? 

Fresque de grande envergure, à l'ambition et à la profondeur remarquables, Les Immortalistes se situe entre le destin et le libre arbitre, le réel et l'illusion, l'ici-bas et l'au-delà. Une ode magnifique à ce qui nous échappe et à la force implacable des liens familiaux.

Quel sens donneriez vous à votre vie, si on vous prédisait la date de votre mort? 
C'est à cette question que Chloé Benjamin tente de donner un sens à travers le parcours de quatre frères et soeurs. 

Je dois dire que le pitch de ce roman me tentait beaucoup, car c'est un roman américain et j'aime toujours autant me plonger dans ma littérature de prédilection, mais surtout, j'étais impatient de voir comment l'auteure allait traiter ce sujet là: celui des choix de vie et comment ils peuvent être conditionné avec une seule phrase (et ici c'est une date). 

Je pense que c'est l'une des premières fois, où j'ai eu une lecture en dent de scie, avec des hauts et des bas. 
J'ai adoré le point de départ: le prologue qui nous présente Varya, Daniel, Klara et Simon chez la voyante, et surtout le fait que Chloé Benjamin ne nous révèle qu'une seule date sur la prédiction de la mort d'un de ses personnages (et c'est  celle de Varya), gardant le mystère des trois autres pour garder un peu de suspense. 
Puis vient la première partie concernant Simon, qui est ma préférée (et je ne dis pas ça parce qu'on apprend que Simon est gay, non), j'ai aimé sa jeunesse, sa fougue et son envie de vivre sa vie intensément, et ce, pour la bonne et simple raison que la voyante lui a prédit qu'il ne vivrait pas vieux. Donc ,il décide de vivre a cent à l'heure. On découvre alors le San Francisco de la fin des années 70, début 80, avec l'arrivée du Sida, le monde de la danse classique, mais aussi celui des boites et des gogo-dancers . Non, vraiment, cette première partie, lu très rapidement, fut une bonne augure pour la suite...sauf que...
La 2e partie sur Klara, a vu mon intérêt s'émousser. Je n'ai pas tellement adhérer à cette partie là, la trouvant parfois un peu trop surréaliste (dû au fait que Klara, hanté par la mort de son frère, voit sa santé mentale en prendre un coup), le personnage de Raj, qui deviendra son mari, n'est pas des plus sympathiques et le monde de la magie qui nous est présenté, n'est pas des plus reluisants. 
Je me demandais donc comment allait se passer la suite: eh bien, la troisième partie a vu mon intérêt renaître et j'ai lu la partie sur Daniel, très rapidement; Daniel devenu médecin, essaye de recoller les morceaux de sa vie, a fait que je l'ai lu rapidement, vu que  la petite partie du mystère de la voyante que Daniel essaye de retrouver tient tout de même en haleine.
Puis, il y a la dernière partie sur la soeur aînée, Varya (dont on connaissait la date de mort dès le départ) qui a été une montagne russe à lire, car, toute la partie scientifique développée dans cette partie m'a un peu laissé à la rue, moi, qui ne suis qu'un littéraire. Sauf que la révélation concernant un secret de Varya, a relancé mon intérêt avec une fin qui m'a beaucoup touché. 

Comme vous pouvez le voir, ce ne fut pas une lecture simple,mais tout de même stimulante. Il permet de se poser quelques questions et surtout celle ci: est ce que savoir quand on va mourir influence nos choix?: les personnages nous donne chacun une vision de ces prémonitions: Simon, qui sait qu'il va mourir jeune, décide de profiter de la vie à fond, Klara,qui, elle est un peu fragile psychologiquement va également être influencé par les événements (celui de la mort de son frère et l'échéance de sa propre fin). Daniel, lui fera tout pour ne pas y penser mais sera rattrapé par son passé qui le hante tout de même, faisant tout pour retarder l'échéance et Varya, qui elle sait qu'elle vivra longtemps (puisque la voyante lui prédit qu'elle mourra le 21 janvier 2044, à l'âge de 88 ans (je ne révèle rien de capital puisque l'auteure nous le dit dès les premières pages du livre) va mettre sa vie entre parenthèse et s'interdire de vivre. Ainsi, elle passe à côté de la vie, alors qu'elle sait, si elle décide d'y croire bien sûr, qu'elle aura une longue vie. 

Au final, un roman un peu inégal, qui m'a offert une lecture fait de hauts et de bas, mais qui permet de nous poser des questions sur les choix de vie et les croyances qu'on peut faire sur une prédiction, et le sens qu'on veut bien lui donner. Chacun est différent face à une révélation. C'est également la question du destin tout tracé: est ce que tout est déjà écrit d'avance, ou bien peut on inverser et influer sur le cours de notre vie? Vaste question. Un roman que je vous conseille toutefois, même s'il ne m'a pas procuré toutes les promesses que j'y avais mise. Je ne regrette cependant pas cette lecture et la découverte de cette auteure. En fait, je vous laisse libre de faire votre propre choix concernant la lecture de ce livre. 

Chloé Benjamin: Les Immortalistes, (The Immortalists), Stéphane Marsan, 405 pages, 2018



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