Bien avant Michel Berger, la vie privée de la chanteuse a enlacé sa vie professionnelle. En témoignent ses amours passionnelles avec Claude François et Julien Clerc à qui elle inspira respectivement Comme d'habitude et Souffrir par toi n'est pas souffrir...
De Sacré Charlemagne au Concours de l'Eurovision 1965, de Starmania, qui fit connaître Daniel Balavoine, à ses démêlés avec Véronique Sanson, cette biographie de l'artiste, riche en révélations et témoignages inédits, dessine le visage d'une muse qui sublima le talent des autres. Une femme-enfant qui usa de son charme irrésistible pour arriver à ses fins et dirigea sa carrière sans jamais faiblir, malgré les cruelles épreuves de son existence.
C'est
ce mercredi 4 novembre 2015 que débute la comédie musicale
« Résiste », créée par France Gall et Bruck Dawit,
spectacle construit autour du répertoire de France Gall et Michel
Berger.
Les Editions du Moment , qui comme son nom l'indique, publient souvent des livres en rapport avec l'actualité « du
moment » vient de sortir un livre d'Alain Wodrascka, consacrée
au parcours de France Gall, l'une des plus grandes chanteuses que le
monde musical français ait connu.
Un livre sur France Gall, je ne pouvais pas passer à
côté, moi qui ai grandit avec ses chansons et dont je chante
régulièrement les chansons de son répertoire bergerien (pas plus tard qu'il y a
quinze jours, j'interprétais « Résiste » lors d'une
scène ouverte, et je sais qu'il y aura toujours une place pour les
chansons de France et Michel dans ma vie). En un mot, vous l'aurez
compris, je suis un admirateur de ce couple mythique de la chanson
française.
Alors même si je connais une partie du parcours de
France Gall, de par les différentes émissions qui lui ont été
consacrée (comme ce « France Gall par France Gall »
diffusée sur France 3 en 2001, qui m'a énormément ému), j'étais
tout de même curieux d'en découvrir plus.
Après lecture, je peux dire que je n'ai pas été déçu
par cette biographie. Elle m'a captivée comme un roman (je ne sais
pas si c'est la marque de fabrique des Editions du Moment, ou si
c'est parce que le sujet me passionne, mais j'avais eu la même
sensation avec le livre sur Jackie Kennedy de Maud Guillaumin).
La vie artistique de France (même si l'auteur s'immisce
parfois dans des anecdotes privées de l'artiste, c'est
indéniablement sa vie artistique qui est mis en avant. Bien sûr, la
vie privée est évoquée, mais comment faire autrement quand ces
deux vies se mêlent, de part les amours de la belle France) peut
être scindée en deux temps : celle des sixties, où l'on
découvre cette jeune fille que l'on pousse dans la jungle du
showbizz, un monde infernal où elle se laissera guider, jusqu'à
parfois se brûler. Cette partie là fut ma préférée et aussi la
plus intéressante car finalement inédite pour moi.Le 2e temps est
sa période Berger, qui, parce que ces deux là me fascinent, m'est
plus familière, donc moins d'anecdotes inédites , même s'il y en
a.
C'est un livre plein de tendresse, mais qui ne fait pas
dans la complaisance ou dans l'adoration suprême. Il montre le
visage, parfois double de France (entre force et fragilité), mais surtout il décrit une femme
volontaire, forte (plus qu'on le croit) et qui, même si elle s'est
perdu dans sa première carrière, a toujours su mener sa barque. La
« femme enfant » avait un tempérament fort et bien sur
terre. J'ai été surpris d'apprendre que dès sa période sixties,
France avait le swing en elle et savait jazzer. (pour exemple, dans
les sixties, les 45 tours étaient composés de 4 titres. Pour ceux
de France, la maison de disque lui laissait le « chant »
libre pour choisir le 4e titre et son choix se portait sur une
chanson (souvent composée par Alain Goraguer) aux consonances jazzy
et qui sont souvent plus intéressantes que les premiers titres du 45
tours, parfois insipides).
En fait, on apprend dans ce livre que l'un des soucis de France Gall dans les sixties est de ne pas avoir une identité et un parcours reconnaissables et souvent son style musical allait dans tous les sens passant des chansons de Gainsbourg (Poupée de cire, poupée de son, Laisse tomber les filles...) à des chansons enfantines (Sacré Charlemagne...) et des chansons plus jazzy ou rythmée (Le cœur qui jazze, Y'a du soleil à vendre; Jazz a gogo...) où l'on découvre une chanteuse qui sait swinguer et improviser. Ce mélange des genres a beaucoup nuit à sa carrière sixties.
En fait, on apprend dans ce livre que l'un des soucis de France Gall dans les sixties est de ne pas avoir une identité et un parcours reconnaissables et souvent son style musical allait dans tous les sens passant des chansons de Gainsbourg (Poupée de cire, poupée de son, Laisse tomber les filles...) à des chansons enfantines (Sacré Charlemagne...) et des chansons plus jazzy ou rythmée (Le cœur qui jazze, Y'a du soleil à vendre; Jazz a gogo...) où l'on découvre une chanteuse qui sait swinguer et improviser. Ce mélange des genres a beaucoup nuit à sa carrière sixties.
C'est sa rencontre avec Berger qui va faire d'elle l'une
des plus grandes chanteuses, sinon, la chanteuse des années 80.
L'une
des surprises du livre a été de découvrir que France était à
l'origine de deux des plus belles chansons de la chanson française
(dont une qui deviendra l'un des titres les plus repris dans le
monde) : « Comme d'habitude » que Claude François a
écrit, d'après ses déclarations à lui, pour France après sa
rupture avec elle (ils ont vécu une histoire passionnée qui dura
cinq ans, et qui montre un portrait négatif de Claude François): sauf que France Gall a déclarée a propos de ce titre: "Claude m'a dit que cette chanson m'était adressée... peut être pour m'émouvoir. Mais je ne vois pas le rapport entre le texte et notre rupture. Parce que le monstre que décrit la chanson, ce n'était pas moi. (p.101) (bon, je connaissais l'histoire de cette chanson), et la 2e chanson
est un titre de Julien Clerc, que celui ci a composée (le texte
étant d'Etienne Roda Gil, l'un de ses paroliers attitré) après sa
rupture avec France : « Souffrir par toi n'est pas
souffrir ». (Et là ce fut une grande surprise pour moi, non
pas d'apprendre que France et Julien avaient vécu une histoire d'amour,
mais que cette chanson avait été écrite « pour elle ».
(d'ailleurs, là aussi ce fut une histoire d'amour compliquée, de
par la carrière naissante de Julien Clerc et le creux de la vague
que connaissait France à ce moment là)
Grâce a des témoignages des proches de France (pas au
niveau de l'intime, mais toujours du côté artistique), l'auteur
dresse un portrait qui me semble juste de l'artiste : parfois,
elle n'est pas montrée sous son meilleur jour, (on l'a dit économe,
autoritaire, parfois blessante) mais l'auteur reste toutefois
objectif...et puis, c'est aussi au lecteur de se faire sa propre
opinion et de ne pas prendre au pied de la lettre tous les
témoignages que l'auteur livrent dans le livre.
Je pourrais vous parler des heures de France Gall,
tellement c'est une artiste que j'admire, mais il faut savoir
terminer et surtout garder des surprises pour ceux qui seraient
intéressé par cette biographie, bien écrite, toute en sobriété.
Au final, une biographie passionnante, qui se lit comme
un roman et qui brosse un portrait tendre, touchant, sans
complaisance parfois mais souvent juste, sur cette grande artiste
qu'est France Gall. Une biographie que je conseille, aux fans de
France Gall (même si vous connaissez son parcours, c'est agréable de la retrouver . Par exemple, même si beaucoup de faits sur sa
carrière « Berger » ne m'étaient pas inconnus, j'ai
pris beaucoup de plaisir à les redécouvrir), mais aussi a ceux qui
ont été bercée par la voix magnifique de France et qui voudraient
en savoir plus.
Merci aux Editions du Moment pour ces petits jours que
j'ai passé en compagnie de France, la « négresse blonde »
au swing envoûtant et qui possède en elle cet indéfinissable
charme/cette petite flamme... (extrait d'Ella elle l'a ( Michel Berger) (1987)
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