Les filles sont faites pour se marier… Les Noirs et les Blancs ne doivent pas se mélanger… Une fille ne doit pas embrasser une autre fille… Linda ne doit pas aimer Sarah.
Rien que des mensonges?
1959, en Virginie. C’est l’histoire de deux filles qui croient qu’elles se détestent — parce qu’elles n’ont pas la même couleur de peau et qu’elles ne sont pas nées du même côté.
C’est l’histoire de Sarah et Linda qui croient qu’elles se détestent… mais c’est aussi l’histoire de l’année où tout va changer — parce que les mensonges des autres vont voler en éclats et que les vies, les coeurs de Sarah et Linda vont s’en trouver bouleversés pour toujours…
Je voulais lire ce roman car son sujet me plaisait :
la déségrégation aux Etats Unis et plus particulièrement dans le
Sud, là où la Ségrégation était la plus forte.
Voilà
un roman qui m'a beaucoup remué, de par sa violence et son
injustice. En effet, les premières pages, vu sous les yeux de Sarah,
jeune noire qui intègre un lycée blanc pour la première fois, sont
d'une rare intensité qui vous prend aux tripes. Entre insultes, coups et humiliations,
l'auteur ne nous épargne rien. C'est même parfois à la limite du
supportable. Mais ceci est nécessaire pour bien montrer ce qui se
passait à la fin des années 50 dans le Sud profond des Etats Unis.
Je pense même que c'était pire dans la réalité.
« Des
mensonges dans nos têtes » nous fait entendre deux voix :
celle de Sarah, donc, une jeune fille qui va faire partie des
premiers noirs à intégrer un lycée blanc, 5 ans après que la
Ségrégation ait été déclarée anticonstitutionnelle par la Cour
Suprême des Etats Unis. A travers son regard, c'est toute la haine
des gens du Sud (les blancs) qui transparaît et qui m'a fait tellement mal au
ventre. Puis, il y a la voix de Linda, une lycéenne blanche, raciste
par principe, puisqu'elle a été élevée comme cela et qu'elle ne
s'est jamais posé la question du bien fondé de la ségrégation. On a donc deux sons de cloches discordants, qui donnent un ensemble concret à cette situation.
En
alternant ces deux points de vue, l'auteur va nous montrer deux
facettes: la vision de cette mentalité sudiste, et le courage des
enfants noirs pour prendre leur destin en main et faire bouger les
lignes, quitte à prendre beaucoup de risque.
La rencontre entre Sarah et
Linda va tout chamboulé et changer le regard de Linda sur « les
gens de couleur ».
J''ai
trouvé cette histoire bouleversante et j'ai souvent eu le cœur au
bord des lèvres et quelques larmes. De plus, Robin Talley en rajoute
une couche en incluant l'homosexualité dans cette équation,
puisqu'elle va faire naître un sentiment amoureux entre Sarah et
Linda. Leurs questionnements et leurs angoisses par rapport à ce
qu'elles prennent pour de l'anormalité (n'oublions pas que nous
sommes dans le Sud profond des Etats Unis, à la fin des années 50)
m'a énormément ému. C'est aussi pour cela que j'ai été très
proche de Sarah et Linda.
Il
faut dire que Linda est un personnage que je n'ai pas pu détesté,
même au départ quand elle s'en prend violemment à Sarah, car j'ai
bien compris qu'elle avait été élevée comme cela et qu'elle ne
pouvait penser autrement. C'est justement sa rencontre et ses
échanges vifs avec Sarah qui va la faire évoluer. Il faut dire
aussi qu'elle a un père exécrable, qui ne fait pas attention à
elle, et qui déteste tout le monde.
Vous
l'aurez compris, j'ai adoré « Des mensonges dans nos têtes ».
Ce roman nous fait nous poser des questions en nous bousculant assez
violemment (je crois que c'est le premier roman que je lis sur cette
période, qui soit aussi percutant) dans notre être intérieur. Un
roman bouleversant qui garde tout de même une note d'espoir. Je le
conseille à tous ceux qui sont intéressé par cette période de
l'histoire américaine, mais aussi pour ceux qui aiment les belles
histoires d'amitié/d'amour.
Au
final, un roman très touchant qui nous fait nous poser des questions
sur le genre humain, qui bouscule nos convictions, avec deux jeunes
filles, Sarah et Linda, que je n'oublierai pas de sitôt. Une belle
leçon d'amour que je vous recommande chaudement.
Merci à Camille et aux Editions Mosaïc pour cette vibrante découverte.
Robin Talley: Des mensonges dans nos têtes (Lies we tell ourselves), Mosaïc, 347 pages, 2015
Robin Talley: Des mensonges dans nos têtes (Lies we tell ourselves), Mosaïc, 347 pages, 2015
tu confirmes la bonne impression que j'ai eue en lisant d'autres articles au sujet de ce roman. Il est dans ma pile te ne devrait pas y rester longtemps.
RépondreSupprimerJ'espère qu'il te fera vibrer autant que moi.
SupprimerJe l'ai noté chez une blogueuse juste avant, ça me fait beaucoup penser à Sweet Sixteen, je ne sais plus si tu l'as lu.
RépondreSupprimerNo, je n'ai pas lu "Sweet Sixteen",même si j'en ai entendu beaucoup de bien, mais j'ai pensé que ce serait peut être trop jeunesse pour moi. Peut être je me trompe complètement sur ce livre. Mais, je crois qu'il traite du même sujet, en tout cas.
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