jeudi 2 septembre 2021

Rentrée Littéraire 2021 #6: Et d'un seul bras, la soeur balaie sa maison

Résumé: Lala vit chichement dans un cabanon de plage de la Barbade avec Adan, un mari abusif. Quand un de ses cambriolages dans une villa luxueuse dérape, deux vies de femmes s’effondrent. Celle de la veuve du propriétaire blanc qu’il tue, une insulaire partie de rien. Et celle de Lala, victime collatérale de la violence croissante d’Adan qui craint de finir en prison. Comment ces deux femmes que tout oppose, mais que le drame relie, vont-elles pouvoir se reconstruire ?

Derrière des paysages caribéens idylliques, un intense et poignant portrait de femmes blessées depuis des générations. Renversant de grâce et d’émotions à vif, Et d’un seul bras, la soeur balaie sa maison est un premier roman déchirant qui prouve que l’héritage des traumatismes est tenace, mais pas toujours  irrémédiable.
 

Avec ce titre intriguant qui interpelle (c'est d'ailleurs ce titre qui m'a fait me tourner vers le livre), Cherie Jones propose de plonger son lecteur dans le destin de plusieurs femmes, au coeur des Caraïbes. 

Je dois dire que ce roman est d'une force admirable. Il donne une part importante aux femmes, en racontant le destin de deux femmes Lala et Mira Whalen (que quelques satellites masculins viennent accompagner comme Adan et Tone) qu'un destin tragique va rapprocher. D'un point de départ basique: un cambriolage qui tourne mal, Cherie Jones radiographie le Paradis Caribéen, qui fait rêver de par ses paysages magnifiques mais qui cachent une violence latente, souvent subi par les femmes. C'est bien simple, les hommes sont tous des salauds dans ce livre, à part peut être Tone. 

Les portraits de femmes que dessine l'auteur nous les rend touchantes et les points communs entre Lala et Mira Whalen sont nombreux: leur appartenance à cette île, leur milieu familial (toutes deux viennent d'un milieu modeste, sauf que l'une à mieux réussi que l'autre, mais au final, on s'aperçoit que le destin n'est pas tendre avec elles. Mais les choix qu'elles font vont régir leurs vies, dans le bon ou le mauvais sens, et leur destin semblable peut basculer de manière bien différente, de l'ombre à la lumière, et inversement. 

La construction du livre est des plus captivante: chaque chapitre se concentre sur un personnage, de Lala à Mira Whalen, en passant par Adan, le mari violent de Lala, Tone, ami d'Adan et Lala, Esme, la mère de Lala, Wilma, sa grand-mère. L'auteure alterne ainsi les époques, avec nombre de flashbacks qui éclairent le destin de tous ces personnages, qui vont voir leur vie changer un soir d'été, à cause d'un cambriolage raté. 

Le livre démontre bien que malgré les paysages de rêves, la vie aux caraïbes est des plus violente et brutale, et que derrière les façades des belles maisons de vacances, se cache la misère de ces habitants qui essaient de survivre. L'auteure ne nous épargne rien et c'est le coeur un peu lourd que l'on suit Lala, Esme, Mira Whalen et Wilma. Ces femmes courageuses qui malheureusement font souvent les mauvais choix dans leur vie, et surtout en ce qui concerne les hommes; J'ai souvent été en colère contre ces hommes qui se croient tout permis. 

Le titre intriguant du roman "Et d'un seul bras, la soeur balaie sa maison", trouve sa signification dès le prologue du livre. Elle provient d'une légende que Wilma raconte à sa petite fille, pour la mettre en garde contre les hommes et les choix qu'elle pourrait faire et regretter. 

Au final, un roman fort intéressant sur le destin de plusieurs femmes de générations différentes, qui vont devoir vivre avec leur choix. Un roman brut, et violent qui montre un visage des caraïbes fort différents de celles des cartes postales. De forts jolies et poignants portraits de femmes qui ne pourront pas vous laisser indifférents. Fort troublant. 


Cherie Jones: Et d'un seul bras, la soeur balaie sa maison, (How the one-armed sister sweeps her house), Calmann Levy, 364 pages, 2021





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