dimanche 8 août 2021

Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage

Résumé: Écrit en 1969, le premier volume des mémoires de Maya Angelou (née Marguerite Johnson) raconte l’enfance d’une femme exceptionnelle, devenue une figure emblématique des États-Unis.

Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage est une oeuvre majeure de la littérature américaine du XXe siècle, un précieux témoignage qui explore les thèmes de l’identité, du racisme, de la résilience et de l’apprentissage du langage et de la littérature.

 (Source: Babelio)


Maya Angelou, écrivain, comédienne, chanteuse, danseuse...est une figure emblématique du combat pour la liberté du peuple noir. 


J'ai sorti ce livre de ma PAL sans relire le résumé (du moins avant de finir ma lecture) et j'ai bien fait, car le résumé me vantait une "histoire" de femme écrivain militante dans l'Amérique des années 60 (alors ce qu'est Maya Angelou, incontestablement) alors que ce livre raconte l'enfance et l'adolescence de Marguerite Johnson (qui deviendra Maya Angelou) dans le Sud profond des Etats Unis puis en Californie. Sa carrière d'écrivain est probablement relaté dans les autres volumes de son autobiographie mais pas dans celui-ci.  

J'ai aimé découvrir la vie de cette petite Marguerite. L'auteure décrit admirablement, avec puissance et sans complaisance la vie dans le Sud profond avec tout le racisme qui l'entoure. On a parfois envie de hurler devant l'injustice que vit les Johnson dans cette petite ville de Stamps...surtout quand on pense que Annie Henderson, la grand-mère de Marguerite, tient un magasin qui marche bien et qu'elle gagne correctement sa vie, et qu'elle se fait tout de même  humilier par des petiblancs, bien plus pauvres qu'elle...mais que par la force des choses, elle laisse faire. Je peux comprendre la révolte de Maya face à cette injustice et cette incompréhension. 

Maya n'a pas eu la vie facile, et son enfance est marqué par des moments très douloureux (déjà l'abandon par ses parents, qui l'envoient, elle et son frère, vivre chez leur grand-mère. La première scène du livre est hyper violente (son frère et elle, alors âgé de 3 et 4 ans sont laissé par leur père dans un train, à la charge d'un contrôleur qui   laissera  les enfants seuls, bien avant leur destination finale )  et donne le ton d'un livre sans concession qui ne nous épargnera rien). 

Alors, ma lecture s'est faite en deux temps qui n'ont pas la même saveur: j'ai adoré toute la partie dans le Sud, même si sa vie n'est pas rose, on sent que sa grand-mère et son Oncle Willie, le frère handicapé de son père qui vit encore chez sa mère, prennent soin d'eux et font face à l'adversité avec dignité. Bien sûr, j'ai ressenti toute l'amertume de Maya, mais aussi sa combativité...et surtout nous sommes dans les années 30 et le racisme est omniprésent. Cette lucidité et cette combativité m'ont beaucoup plu. En revanche, les parties où Maya et son frère retournent d'abord à Saint Louis, chez leur mère (où elle vivra un terrible évènement alors qu'elle est âgé de 8 ans) puis en Californie pour les protéger, m'ont moins emballé. Alors, ils sont tout autant intéressant, et les rapports entre son père et elle, distendues au possible, et entre sa mère, un peu plus présente, mais pas autant qu'elle le voudrait, montre bien l'abandon qu'elle a vécu et qui l'a fait grandir trop vite. On ressent cette douleur vive chez elle et Bailey, son frère, qui aura du mal à se remettre de l'abandon de sa "maman chérie". On ressent également ce besoin d'indépendance qui viendra très tôt chez eux. En même temps, ils sont souvent livré à eux même très jeunes. N'oublions pas qu'ils n'ont qu'une dizaine d'années. A la fin du livre, ils sont âgés de 17 et 18 ans, mais on a l'impression qu'ils ont déjà vécus mille vies.  

Non, franchement, c'est un livre remarquable qui fait bien comprendre au lecteur que tout se joue dans l'enfance: si la petite Marguerite n'avait pas vécu dans le Sud profond dans les années 30, si elle n'avait pas été noire, elle ne serait probablement pas devenue la femme militante qu'elle fut et qui se battit aux côtés de Martin Luther King et Malcolm X pour les droits des noirs américains. Un premier volume que je vous encourage à lire si  l'histoire de l'Amérique et le combat des afro-américains pour leurs droits vous intéressent. Un beau portrait de femme, que je serai curieux de continuer à découvrir avec un autre livre de Maya Angelou.  


Maya Angelou: Je sais pourquoi chante l'oiseau en cage, (I know why the caged birds sing), Le Livre de Poche, 346 pages, 2008






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