A travers les yeux de son héroïne - une femme délaissée par son mari, ultra-sensible et au bord de l’abîme -, Susan Crawford mène une enquête à la fois policière et psychologique. Dana a-t-elle tué son amie ou bien le meurtre dont elle se soupçonne n’a-t-il eu lieu que dans sa tête ? Y a-t-il une meurtrière tapie en elle, ou bien le coupable se cache-t-il dans les ombres du dehors ?
Intriguant. Voici le mot qui résume ma première pensée à la lecture du résumé qui a titillé ma curiosité.
Le premier roman de Susan Crawford est un thriller psychologique de très bonne facture, qui vous plongera complètement dans la folie de son héroïne, au point que vous n'arriverez plus à un moment donné, à démêler cette intrigue aux accents rocambolesques, dans le bon sens du terme (ces instants rocambolesques font partie de la folie de Dana et ne sont pas là parce que l'auteur ne savait pas comment se sortir d'une situation).
C'est d'ailleurs plus un roman psychologique, qu'un thriller pur et dur: le meurtre de Celia Steinhauser est le déclencheur de la folie de Dana et est un élément pour l'auteur de nous montrer comment un être fragile peut totalement sombrer dans une folie tentaculaire. (Ce qui n'empêche pas le lecteur de vouloir savoir qui a tué Celia, bien sûr)
J'ai beaucoup aimé ce livre. Il a réussi à me happer dès les premières pages. L'auteur fissure le monde de Dana, quarantenaire, au passé psychiatrique chargé, qui voit son mariage partir en lambeaux et où la suspicion et le doute s'insinue comme une toile d'araignée dans son esprit. C'est fascinant.
Malgré les doutes que le lecteur à sur Dana (à t-elle tuée sa voisine dans un accès de colère?), il ne peut que la soutenir et être auprès d'elle. Même, j'ai eu l'intuition dès le départ que Dana faisait un coupable trop idéal et pourtant cela pouvait être elle, la meurtrière. En y mêlant la folie, l'auteur nous ballade entre rêve et réalité (la scène de panique total que Dana vit sur le pont George Washington est très troublante: elle part dans un délire complet à tel point que je ne savais plus où l'on se trouvait, et ce qui était vrai ou faux).
Comme on est dans un thriller, il ne faut pas oublier l'autre personnage important du livre: Jack, l'inspecteur chargé de l'enquête. Je l'ai trouvé très humain et, le fait que l'auteur nous raconte ses déboires avec sa famille et plus particulièrement avec son fils Kyle (qui fera parti des suspects) le rend plus proche encore. J'ai aimé sa sagacité, ses angoisses par rapport à son fils. Mais également sa relation avec Dana. Bien que cette dernière fasse partie des suspects (et même le suspect principal puisqu'elle est la dernière personne à avoir vu Celia vivante), il sera sensible à sa détresse et voudra l'aider à s'en sortir. J'ai même pensé à un moment qu'une romance allait s'amorcer (ben quoi, c'est un roman publié aux Editions Mosaiïc, département du roi de la romance, Harlequin. Oui, je sais, c'est pas beau les préjugés!), mais il n'en est rien.
Sans oublier un autre personnage, Peter, le mari de Dana, qui va montrer une facette exécrable de sa personnalité et que j'ai détesté de suite. Il est vrai que l'auteur ne lui donne pas le beau rôle, même si celui ci nous ai souvent montrer par le regard de Dana, qui perd progressivement la tête.
Au final, un thriller psychologique qui vous fait vous poser mille questions dès les premières pages et qui vous embarque dans la folie du personnage principal, pour vous mener en bateau. C'est super bien ficelé: on a tellement envie de savoir qu'on arrive pas à le lâcher. Une très belle surprise que je conseille à tous.
Merci à Sybille et aux Editions Mosaïc pour ces heures d'angoisse délicieuses.
Susan Crawford: Qu'est-il arrivé à Celia Steinhauser? (The Pocket Wife), Mosaïc, 339 pages, 2015
Susan Crawford: Qu'est-il arrivé à Celia Steinhauser? (The Pocket Wife), Mosaïc, 339 pages, 2015
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