jeudi 10 juin 2021

Corky

Résumé: Trois journées dans la peau d’un homme. Trois journées au cours desquelles sa vie va basculer. À l’approche de la quarantaine, Jerome Corcoran, que l’on surnomme « Corky », a de quoi dresser un beau bilan : une situation professionnelle flatteuse, un avenir politique prometteur et de nombreuses conquêtes amoureuses. Mais seule une femme compte à ses yeux : Thalia, la fille de son ex-épouse. Au cours d’un week-end, la jeune fille, qui semble impliquée dans un scandale politico-financier, disparaît ; et le passé de Corky, qu’il avait cherché à effacer, refait surface...
 


Il y avait bien longtemps que je n'avais pas passé quinze jours sur la lecture d'un livre. 

En même temps, en choisissant ce Oates dans ma bibliothèque, je savais qu'il me faudrait du temps pour le lire et le digérer. Déjà, par sa grosseur; plus de 900 pages, qu'il va falloir tourner et découvrir à un rythme un peu plus lent que d'habitude. Car, autre point, le roman est très dense, touffu et très fouillé. Et pourtant, le livre ne se déroule que sur 4 jours, et, en définitive, le scénario tient en quelques lignes, si on prend le roman et l'histoire dans son ensemble. Cependant, Joyce Carol Oates ne rempli pas ce livre par du vide. Tout ce qu'elle raconte à un sens et elle aborde énormément de sujets: le racisme, la violence, la corruption, le monde politique du début des années 90, l'alcoolisme et ses ravages, le deuil et l'acceptation de celui ci, l'ascension sociale, la lutte des classes, le déracinement, comme celui que Corky a connu après la mort de son père. Et encore d'autres sujets, que j'ai peut être oublié (car, quand on s'attarde sur un livre, les souvenirs du début s'estompe un peu). 

Alors, un point important, avant de continuer: Claude Seban, l'une des traductrices (et pour le moment, ma préférée) de Mrs Oates a choisi le nom du personnage principal comme titre du roman (le titre original étant What I lived for) et je pense qu'elle a bien fait, car ce cher Corky est présent du début jusqu'à la fin, Il est dans toutes les pages, tous les paragraphes, la moindre ligne. Bref, tout ça pour dire que j'ai passé quinze jours avec ce mec. Un mec parfois, arrogant, imbuvable, détestable, par certains côtés. En fait, si vous sentez, dès les premières pages que vous n'aimez pas ce type, arrêtez les frais, car vous allez souffrir pendant plus de 900 pages. 

Pour ma part, j'ai trouvé ce type détestable, imbuvable, arrogant, pleutre, par certains côtés, misogyne...et pourtant fascinant à suivre car la plume de Oates m'a électrisé, emporté, hypnotisé (et pourtant, elle est bien cru dans ses propos, la madame, surtout dans les scènes de sexe, mais cela va avec le personnage de Corky, donc, si vous acceptez le bonhomme, vous accepter la plume de l'auteure). Surtout, j'ai été intrigué de savoir comment cela allait se terminer...comment le mystère du début du livre (la mort du père de Corky, se déroulant à la fin des années 50) allait se résoudre...et une explication est bien là, au final...et comment toute cette histoire allait être couplé avec l'intrigue de Thalia, la belle fille de Corky, pris dans un scandale politique et financier. Non, tout se met en place, doucement et tout se résout proprement, pour ma part. 

Bon, ce ne sera clairement pas mon livre préféré de l'auteure, mais je reste tout de même fasciné par sa capacité à nous emporter dans une Amérique pas si lointaine, et faire une cartographie de celle ci des plus justes et des plus noires, surtout. 

Au final, un roman que l'on doit prendre le temps de lire et de digérer pour bien tout comprendre mais qui reste fascinant par un style foisonnant, mais toujours aussi percutant...comme Mrs Oates sait si bien le faire...mais il est bon aussi de se dire, "enfin, je suis arrivé au bout de la route", car Corky n'est pas si facile à vivre, finalement. 


Joyce Carol Oates: Corky ,(What I lived for) Le Livre de Poche, 953 pages, 1996




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