vendredi 19 avril 2019

Dans la brume écarlate

4e de couverture: Une femme se présente au commissariat du XIIe et demande à voir le capitaine Mehrlicht en personne.. Sa fille Lucie, étudiante, majeure, n'est pas rentrée de la nuit. Rien ne justifie une enquête à ce stade mais sait-on jamais... Le groupe de Mehrlicht est alors appelé au cimetière du Père Lachaise où des gardiens ont découvert une large mare de sang. Ils ne trouvent cependant ni corps, ni trace alentour. Lorsque, quelques heures plus tard, deux pêcheurs remontent le corps nu d'une jeune femme des profondeurs de la Seine, les enquêteurs craignent d'avoir retrouvé Lucie. Mais il s'agit d'une autre femme dont le corps exsangue a été jeté dans le fleuve. Exsangue ? Serait-ce donc le sang de cette femme que l'on a retrouvé plus tôt au Père Lachaise ? La police scientifique répond bientôt à cette question : le sang trouvé au cimetière n'est pas celui de cette jeune femme, mais celui de Lucie... Un roman gothique dans un Paris recouvert de brouillard à l'heure où un vampire enlève des femmes et les vide de leur sang. Un roman choral qui laisse la parole à plusieurs protagonistes : à ceux qui perdent ou ont perdu, à ceux qui cherchent, à ceux qui trouvent ou pensent trouver. Un roman qui est l'histoire de six hommes qui aiment ou croient aimer chacun une femme : celui qui la cherche, celui qui l'aime de loin, celui qui veut la venger, celui qui la bat, celui qui la veut éternelle, et celui qui parle à ses cendres. Un roman parle des femmes comme premières victimes de la folie des hommes, même de ceux qui croient les aimer.

Depuis quelque temps ,j'essaie de diversifier mes lectures de polar/thriller. 
J'ai longtemps lu dans ce genre que deux auteures: Agatha Christie (the Queen!) et Patricia Cornwell avec sa série "Scarpetta".
Alors, quand on me donne la chance de découvrir un nouvel auteur de ce genre, (nouveau pour moi, entendons nous), je n'hésite pas, car je ne suis pas à l'abri d'une bonne surprise. 

"Dans la brume écarlate" m'avait l'air prometteur avec son pitch de départ: les disparitions de ces femmes dans un Paris pris dans la brume, avec en sous texte, une histoire très gothique. C'est ainsi que je me suis lancé confiant dans la lecture...sauf que j'en ressors fort mitigé. L'intrigue se tient, et on a envie de savoir comment l'auteur va réussir à ramifier toutes les sous intrigues. Celle de Taleb a eu ma préférence, vu les thèmes abordés: la fuite d'un pays, les migrants, la protection à tout pris d'un être cher, et commettre l'irréparable pour le protéger (la protéger en l’occurrence ici, puisqu'il s'agit de sa soeur). 
L'enquête sur la disparition de Lucie nous promet une histoire riche en rebondissements, et l'équipe de flics, bien qu'ayant un passé, car récurrente dans les romans de Nicolas Lebel, n'empêche pas d'apprécier l'histoire. Ainsi, le roman est divertissant et se lit très rapidement (le rythme est souvent essentiel dans un thriller), mais j'ai ressenti que quelque chose me faisait tiquer. 

Tout au long de ma lecture, je me disais que quelque chose clochait, et je pense avoir compris que c'est l'écriture de Nicolas Lebel qui en était la cause. J'ai trouvé certains dialogues sonnant un peu faux, ou des expressions un peu incongrues...puis, une sorte d'humour qui est tombé à plat pour moi.
J'ai trouvé les personnages de flics antipathique, que ce soit le capitaine Merlicht, qui vocifère pour un rien ou Dossantos, qui, sous ses airs de flic respectueux des lois (les citant comme s'il était un code pénal sur pattes) est une brute épaisse qui n'hésite pas à faire justice lui même pour les doux yeux de sa collègue Latour. D'ailleurs, il n'y a que Latour qui a trouvé grâce à mes yeux dans cette histoire. Dommage, qu'elle soit un peu plus en retrait que les autres. A moins que ce soit moi qui aurait voulu la voir plus souvent. 

Ah, et le summum, je crois que ce fut cette première visite au Père Lachaise de l'équipe de Merlicht: quand l'un des fossoyeurs énumèrent les célébrités qui ont rejoint le cimetière récemment, il cite Bashung, Moustaki, Chabrol (jusque là pas de problème!), Delon (hein? je serai passé à côté d'une info?)...puis, quelques pages plus loin, c'est au tour de Michel Sardou d'avoir élu domicile au Père Lachaise...et vu l'épitaphe sur sa tombe, c'est bien du chanteur/acteur qu'il s'agit. Alors, c'est peut être un trait d'humour de la part de l'auteur, ou bien que l'action de son roman se passe dans un futur plus ou moins lointain. En tout cas j'ai moyennement apprécié qu'on "enterre" l'un de mes chanteurs préférés. 

Pourtant, l'ambiance du roman est bien là et est bien maintenue: cette brume persistante sur Paris montre le côté gothique de l'histoire et les références à Dracula et Frankenstein renforce ce côté gothique. Puis, j'ai quand même eu la curiosité d'aller au bout pour voir comment ça allait se terminer, et de ce point de vue là, la fin n'est pas si mal, mais ces problèmes de style d'écriture, le côté humour qui, pour moi, n'avait pas sa place dans une histoire aussi sombre (à moins que  l'humour soit là pour contrebalancer ce côté sombre et faire une respiration pour le lecteur, peut être) m'ont empêché d'adhérer à l'histoire. 

Au final, un thriller gothique qui sait installer une ambiance, seulement des dialogues sonnant souvent faux, et un humour mal amené, font que je n'ai pas pu m'immerger dans ce roman. 

Merci quand même  aux Editions Marabout pour cette découverte. 

Nicolas Lebel: Dans la brume écarlate, Marabout, collection Black Lab, 389 pages, 2019


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