vendredi 4 avril 2014

Une bicyclette bleue, un Cuba Libre, un cahier volé sous un ciel de Novgorod triste: adieu à une grande dame qui aimait la Liberté

Jeudi 3 avril 2014 nous quittait, à l'âge de 78 ans, une grande dame des lettres:

 
Régine Deforges
 
 
En entendant cette nouvelle tout à l'heure à la radio, j'ai eu comme un coup au cœur et une vague de nostalgie m'a submergée.
Je me souviens encore de la première fois où j'ai découvert sa plume: c'était dans le magazine "Nous Deux"  (dans les années 80/90, ce magazine féminin publiait des romans sous forme de feuilleton: comme "Le Rivage des adieux" de Françoise Chandernagor, ou"Bille en tête", d'Alexandre Jardin... Chaque semaine, nous avions quelques pages du roman, dévoilé, et le fameux "à suivre", qui donnait envie d'être à la semaine suivante pour lire la suite. C'est de là que m'est venue mon goût pour les feuilletons littéraires ou télévisés...mais c'est une autre histoire): le roman de Régine Deforges choisi par "Nous Deux" était "Sous le ciel de Novgorod", un roman historique qui se passait au XIe siècle. Je n'en ai qu'un souvenir fugace puisque je n'ai lu que quelques pages de ce roman (puisque je n'avais en ma possession que ces quelques "Nous Deux" trouvé chez ma grand-mère)<;
 
C'est quelques années plus tard que je découvris pleinement son écriture: à 17 ans, je décidai enfin de lire sa saga phare: La bicyclette bleue qu'elle écrira pendant 24 ans. Je me suis plongé avec avidité dans cette saga, que j'ai de suite aimé. J'ai dévoré les 6 premiers tomes d'un coup.
J'ai d'ailleurs un souvenir marquant par rapport à cette saga: je lisais le 2e tome, 101 avenue Henri Martin, dans la voiture de mes parents qui nous emmenaient mon frère et moi visiter Oradour-Sur Glane (ce voyage était sur ma demande puisque j'étais fasciné, et le suis toujours, par la Seconde Guerre Mondiale et je voulais voir cet endroit chargé d'une histoire effroyable, dont j'entendais beaucoup parler).
 
Bien évidemment, Regine Deforges n'était pas que l'auteur de cette seule saga: elle fut également éditrice. Une éditrice de littérature érotique. Une activité qui lui valut beaucoup de déboires à l'époque. Ce n'était pas le premier: bien avant cela, il y eu l'épisode du fameux cahier volé, qu'elle raconta dans un livre que ma mère possédait, et que je n'ai malheureusement pas lu. Ce journal intime où elle racontait sa relation amoureuse avec une fille, et qu'un garçon lui vola pour le lire devant tout le monde. Cela se répandit dans la ville où elle habitait et on lui demanda de cesser cette relation, mais surtout on la força à brûler ses cahiers intimes (!!!!): ce qu'elle vivra comme un viol.
 
J'ai retrouvé la plume de Régine Deforges il y a 8 ans, en 2007: je voulais poursuivre la saga de Léa et François (je n'avais lu à l'époque de mes 17 ans  que les 6 premiers tomes. Il me restait Cuba Libre!, Alger, ville blanche, "Les généraux du Crépuscule à découvrir (le 10e et dernier tome n'étant (toujours) pas en ma possession). Je décidais alors de reprendre la saga du début. (Il est très rare chez moi de relire mes livres, mais ceux ci, je les ai relu avec plaisir).
C'est au moment où je lisais, le Tome 7: Cuba Libre!  que j'ai eu la chance de rencontrer Régine Deforges (il faut savoir que Régine Deforges était originaire de la région où j'habite: elle venait donc régulièrement à Montmorillon ou à Poitiers, lors de salon du livre): nous avons parler de Léa, de François, mais aussi de Cuba, et de Che Guevara.
Ce fut un moment merveilleux mais également angoissant pour un timide comme moi. Mais j'ai réussi à vaincre ma timidité et à échanger quelques mots avec elle.
 
Dire qu'il y a quelques mois, Régine Deforges était invitée à "La Grande Librairie" pour parler de son dernier livre: L'enfant du 15 août. Je n'arrive pas à imaginer qu'elle n'est plus là.
 
Ses romans populaires, mais également ses écrits plus confidentiels ou sulfureux (elle fut également auteur de romans érotiques) seront toujours présent pour se souvenir d'elle.
 
Un(e) écrivain ne meurt jamais. Les mots qu'il/elle laisse dans des livres resteront à tout jamais, comme de légères traces que le vent emporte pour les déposer dans les mémoires. C'est peut être cela qu'on appelle l'immortalité.
 
Régine Deforges a toujours vécue pour la liberté: elle voulait être libre de vivre sa vie comme elle l'entendait. Je pense qu'elle y est arrivé.
 
Adieu chère  Madame Deforges. Vos romans berceront encore l'adolescence de beaucoup de jeunes gens...et ces romans  ne finiront pas au bûcher des ignorants: ceux là même qui ont voulu vous priver de votre liberté en vous obligeant à détruire une partie de votre "âme": vos précieux cahiers intimes.  
 

 
 
 
 


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