mardi 15 avril 2014

Le Lys de Brooklyn (Belfond Vintage Saison 2, Volume 8)

4e de couverture: « Mon Dieu, faites que je sois quelque chose, à chaque instant de chacune des heures de ma vie. Faites que je sois gaie ; faites que je sois triste ; que j'aie froid, ou chaud ; que j'aie faim... ou trop à manger ; que je sois en haillons, ou mise avec élégance ; que je sois sincère ou perfide ; loyale ou menteuse ; digne d'estime ou pécheresse. Mais faites que je sois quelque chose, à chaque instant ! Et, quand je dors, faites que je ne cesse de rêver, afin que le moindre petit morceau de mon existence ne soit perdu ! »

Succès phénoménal jamais démenti depuis sa parution en 1943, un mythe de la littérature américaine, adapté au cinéma par Elia Kazan. Un superbe roman d'apprentissage sur les jeunes années de Francie Nolan, fillette sensible, assoiffée de culture et de livres, dans le quartier misérable de Brooklyn au début du xxe siècle. Un coup de coeur d'une fraîcheur et d'une imagination extraordinaires, un livre-culte publié en France en 1946 et inexplicablement jamais réédité depuis, une redécouverte indispensable.


Les Archéologues des Editions Belfond continuent de fouiller dans la mer immense qu'est la littérature, pour nous donner à (re)découvrir des petites perles littéraires. 
8e perle de la collection "Belfond [Vintage]", Le Lys de Brooklyn est un monument de la littérature américaine (étudié dans les universités) injustement oublié de ce côté ci de l'Atlantique. 

Betty Smith nous emmène dans le Brooklyn du début du XXe siècle: un Brooklyn où la misère est à chaque coin de rue. C'est dans ces lieux que vit la petite Francie, une petite fille de 12 ans, avec ses parents John et Katie Nolan et son petit frère Neeley. Le lecteur va progressivement suivre Francie de  son passage de l'enfance à l'âge adulte. 

D'une plume tendre et sincère, Betty Smith dépeint la misère de Brooklyn (comme le faisait Dickens en son temps) mais sans misérabilisme. Même si la vie de Francie est dénué de richesse, elle s'écoule paisiblement, sans colère, et malgré le peu de moyens que sa famille a, cela leur suffit, car elle est remplie d'amour. 
La première partie du roman (celle qui dépeint en une centaine de pages, la journée singulière de Francie) est d'une telle force qu'elle nous immerge totalement dans ce Brooklyn des années 10. Les us et coutumes du quartier nous sont montrés simplement et familiarise le lecteur avec les personnages qui vont graviter autour de lui et l'accompagner pendant un laps de temps plus ou moins long. 
Puis, dès la 2e partie, un retour en arrière s'opère pour reprendre l'histoire à la rencontre des parents de Francie, Katie et John. De cette rencontre va naître deux enfants qui vont avoir les meilleurs parents du monde (Katie va absolument vouloir que ses enfants aille à l'école pour avoir une meilleure vie), et John sera un papa attentionné, malgré ses problèmes de boisson. 

Ce roman n'aurait pas un tel charme sans ses personnages: de Francie, cette petite fille qui s'épanouie dans les livres, à Neeley jeune garçon débrouillard, à Katie, mère attentionnée qui fera tout pour ses enfants à John, un artiste qui chante dans les bars et les restaurants, que l'alcool emporte dans ses filets, en passant à Tante Sissy (ma tante préférée) qui va se marier trois fois sans divorcer car elle n'en voit pas l'utilité et qui appellera tous ses maris John. 

La misère est certes présente mais Betty Smith rend cette misère très belle, et ne noircit pas le tableau. Par exemple, John est un alcoolique invétéré et pourtant, un père et un mari attentionné (il n'a jamais été violent avec sa femme ou ses enfants), qui, aux yeux de Francie est le meilleur des pères. 
Même le drame qui va frapper les Nolan, au milieu du roman est retranscrit avec pudeur. Bien sûr, les larmes peuvent perler aux coins des yeux, mais la vie continue. Une vie simple, belle et souriante. L'espoir est toujours là au coin de la rue. 

Si quinze jours m'ont été nécessaire pour faire ce voyage et cette rencontre avec les Nolan, c'est que je m'y sentais tellement bien que je faisais traîner le roman exprès pour que le voyage soit le plus long possible. D'ailleurs, au moment de tourner la dernière page et de laisser partir Francie vers sa nouvelle vie, j'ai eu le coeur gros. Comme si je disais au revoir à des amis. 

Malheureusement, tout à une fin et mon séjour chez les Nolan est maintenant terminé. Pourtant, ils m'accompagnent encore,même deux jours après mon départ. 

Voilà un très beau roman, auquel ma chronique ne rend pas hommage comme il devrait. Un roman paisible, joyeux, qui m'a fait découvrir une partie de New York que je ne connaissais pas, n'ayant pas trop l'habitude de franchir le pont de Brooklyn de ce côté là. Un roman vibrant de sincérité et de poésie, de pudeur et d'empathie. Je suis certain, que si vous plongez dans les pages de ce roman, vous ne pourrez qu'aimer ces personnages, qui ont su mener leur vie tranquillement, avec le peu qu'ils avaient. Mais qui vivaient leur vie avec joie, espérance et amour. 
Un classique de la littérature américaine au même titre que "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur", que Belfond a eu la bonne idée d'aller "repêcher" dans l'océan des merveilles littéraires du siècle dernier. 
Merci à eux! 

Maintenant, cher lecteur/lectrice, je vous encourage à découvrir ce joyau et à faire la connaissance des Nolan. Je suis certain que vous serez touché au coeur! 

Merci à Brigitte et aux  Editions Belfond de me permettre de découvrir toutes ces petites perles. Grâce à vous ,j'ai rencontré une famille extraordinaire. 




Betty Smith: Le Lys de Brooklyn, (A tree grows in Brooklyn), Belfond (Collection Belfond [Vintage]), 709 pages, 1946 (pour la première édition), 2014 (pour la présente édition)















2e livre lu pour le challenge New York organisé par le webzine Café Powell.






1er Roman lu dans le cadre du challenge "La Littérature Fait Son Cinéma (Saison 4) organisé par Ostinato du blog Lukealivres. "Le Lys de Brooklyn"  a été adapté au cinéma par Elia Kazan en 1945 avec Dorothy McGuire, Joan Blondel, James Dunn et  Lloyd Nolan...)





2 commentaires:

  1. Bravo pour cette 1ere chronique ! Le billet où les participants pourront déposer les liens arrive bientôt !

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