Ah Zola, Zola, Zola! Il y a déjà quelques années que j'ai envie de me plonger dans sa série des "Rougon Macquart". Pourtant, Zola, j'en gardais un mauvais souvenir et je m'étais dis, "plus jamais je le lirai!". J'étais adolescent. Pour bien comprendre mon ressenti de l'époque, il faut que je vous raconte une petite anecdote: c'était l'année de la seconde au lycée, dans les années 90 (il faut savoir qu'à cette époque déjà ,les classes étaient surchargées, montant à près de 35 élèves par classe...sauf que dans cette classe de seconde, dont je faisais parti, nous étions seulement 20 élèves). Notre prof de français, madame Marie, avait prévu de nous faire étudier ce cher Emile. Vu le nombre d'élèves dans la classe, elle eu l'idée de nous faire étudier la saga des Rougon-Macquart en entier: la saga comptant 20 tomes, notre classe, 20 élèves, c'était plus que faisable. Et voilà que chaque élève se retrouva à étudier un tome de la saga. Bien sûr, nous n'avons pas eu le choix du tome (sinon tout le monde aurait lu et fait un exposé sur "Germinal"! Non, il n'y a eu qu'un veinard qui eu cette chance). Notre prof pris ainsi la liste des élèves et le premier de la liste étudia "La Fortune des Rougon", le 2e, "La Curée"...jusqu'au dernier qui devait lire et exposer "Le Docteur Pascal".
C'est ainsi que j'ai eu la malchance de tomber sur "Le Rêve"(l'histoire d'Angélique Rougon" si mes souvenirs sont exacts).Et là ce fut un véritable calvaire, pourtant le livre est court. Mais il ne se passait rien dans ce livre, les descriptions de Zola à n'en plus finir finissant de m'achever. Je n'ai aucun souvenir de l'exposé que j'ai proposé de ce livre. Je ne garde en tête que mon ennui face à cette lecture qui me fit dire: "ZOLA? PLUS JAMAIS!'
Mais le temps à passé, et ce désir de lire Zola est revenu, et surtout la curiosité de découvrir la série des Rougon Macquart. Puis, comme la découverte de Balzac l'année dernière fut une belle surprise (je continuerai d'ailleurs ma découverte de la "Comédie Humaine" cette année), je me suis dis que les classiques me faisaient moins peur et que je pouvais me lancer.
C'est ainsi que j'ai pris l'initiative de profiter de la sortie de la "Collection Emile Zola" chez Hachette pour me lancer dans l'aventure. Ce ne sera donc pas la seule série des Rougon Macquaart que je m'apprête à lire mais l'oeuvre complète de Zola.
Et voilà que l'aventure commence avec le premier tome des "Rougon Macquart", "La Fortune des Rougon". Alors, je sais, on peut lire les livres de la saga dans le désordre (d'ailleurs, je lirai probablement cette saga dans l'ordre que l'auteur à mis en place) mais je pense qu'il est tout de même important de commencer la saga par ce premier tome: en effet, celui ci pose les bases de la famille Rougon Macquart en nous présentant celle qui en est la génitrice, Adélaïde Fouque, jeune fille de 18 ans, qui se marie avec un paysan du nom de Rougon, qui lui donnera un fils, Pierre, puis, devenu veuve, elle se mettra en ménage avec un braconnier alcoolique et violent Macquart qui lui donnera deux enfants illégitimes: Antoine et Ursule.
C'est ainsi que ce premier tome, qui a pour toile de fond le Coup d'Etat du 2 décembre 1851, voit le conflit qui va se mettre en place entre Pierre Rougon, bourgeois ventripotent, avide de pouvoir et Antoine Macquart, fainéant patenté, qui hait cordialement son demi -frère. Et au milieu d'eux, se retrouve le jeune Silvère et la petite Miette, sa fiancée, qui vont se trouver mêlés à la révolte.
Voilà, ce qui s'est passé avec Balzac, se reproduit avec Zola: j'ai adoré ce premier tome! Alors, bien sûr, c'est un tome d'introduction où l'action se déroule sur une semaine, un tome de présentation où l'auteur s'amuse avec des retour en arrière pour nous conter la génèse de tous ses personnages qui vont apparaitre pour certains dans d'autres livres: c'est ainsi que l'on apprend que Pierre se marie avec Félicité, avec laquelle il aura 5 enfants: 3 garçons, Eugène (que l'on retrouvera dans le 6e tome), Pascal (qui sera le fameux Docteur Pascal du 20e et dernier tome de la saga) et Aristide ("héros" du 2e tome: La Curée) et 2 filles (dont j'ai oublié les prénoms puisqu'elles ne sont qu'évoquée). Pierre et Félicité font partie de la caste de ces petits bourgeois avides de pouvoir: ils sont abjects et je n'ai pu que les détester. D'ailleurs, Zola peint un portrait catastrophique de cette famille Rougon, qui vont s'enrichir dans le sang.
De l'autre, nous avons Antoine Macquart, demi-frère de Pierre, qui se retrouve envoyé en service et qui revient de la vie militaire sans le sou et qui apprend que son frère à pris toute la fortune de leur mère, Adélaïde. Antoine, c'est un fainéant, tout aussi détestable que son frère. Il se marie pour que sa femme et ses enfants travaillent à sa place tandis que lui ne fait rien. Parmi ses enfants, on découvrira Gervaise (la fameuse héroïne de "L'assomoir" qui donnera naissance entre autre à Etienne et Jacques qu'elle a eu avec un certain Lantier (Etienne qui sera le héros de "Germinal" et Jaccques "de "La Bête humaine"). (Quand je vous disais que la lecture de ce premier tome est primordiale en première lecture de la saga pour comprendre les tenants et les aboutissants des autres volumes).
Ce roman aurait tout de détestable s'il n'y avait pas Silvère et Miette, le petit couple qui ouvre le roman lors de la nuit du coup d'Etat, à Plassans. Leur histoire d'amour raconté dans les chapitres I et V est une bouffée d'air frais et un véritable bonheur teinté de romantisme (dans ce qu'il a de plus beau et de plus tragique également) délivré par la plume poétique de Zola, qui est un véritable enchantement. C'est beau, c'est émouvant et cela nous change des êtres détestables que l'on croise autour d'eux.
Cependant, le côté politique du roman ,avec les réunions au salon jaune, le coup d'Etat, sont aussi passionnant à découvrir. Malgré leur détestabilité, la famille Rougon est des plus passionnantes à suivre. En fait, je ne me suis pas ennuyé une seule minute dans cette histoire. Elle décrit parfaitement une époque (celle du Second Empire) et pour un passionné d'Histoire comme moi, c'est un plaisir décuplé (même si ce n'est pas ma période préférée de l'Histoire).
Non, vraiment, c'est une formidable surprise que ce premier volume avec un final qui m'a fait frissonner et qui me donne envie de continuer la saga. Ce sera avec le 6e tome "Son Excellence Eugène Rougon" qui reviendra sur le parcours du fils ainé de Pierre et Félicité Rougon. (enfin lecture qui se fera quand il sera en ma possession).
Ah Zola Zola Zola! Vous m'avez fait souffrir et soupirer quand j'étais un jeune adolescent. Vous me faites rêver et frissonner de plaisir aujourd'hui. Espérons que la suite de l'aventure soit aussi bien. Je croise les doigts.
Emile Zola: La Fortune des Rougon (Les Rougon Macquart, T1), Hachette, 226 pages, 1871(édition originale), 2022 (pour mon édition)