vendredi 11 février 2022

La mort sur ses épaules

 

Résumé: A Lynch, en Virginie occidentale, les gens qui n'ont pas déserté la petite ville vivent dans la pauvreté, voire le dénuement. Il y a peu d'emplois et toute la communauté est sous la coupe de Ferris Gilbert, le cruel patriarche d'une famille de criminels, qui fait régner la terreur.

Lorsque Jason Felts, travailleur social qui a la particularité d'être nain, est chargé d'assister l'un des frères Gilbert, détenu à la maison de redressement pour possession de stupéfiants, Ferris y voit l'occasion de faire passer en fraude un dangereux colis à son jeune frère. Ferris Gilbert menace aussi Terry Blankenship, un jeune homme pauvre qui a fui la maison familiale pour vivre dans les bois avec le garçon dont il est amoureux.


Jordan Farmer nous propose avec son premier roman, "La mort sur ses épaules" un polar âpre, noir et poisseux, comme peut l'être le Sud des Etats Unis, lieu de l'intrigue de ce roman. 


Jordan Farmer fait le portrait de personnages paumés sans but dans la vie, vers lesquels on pourrait se sentir éloignés. Mais l'auteur arrive à en rendre certains attachants comme Terry, jeune homosexuel, shooté du matin au soir et qui, pour s'en sortir, est obligé d'accepter la sale besogne que lui a confié Ferris Gilbert, le mafieux du coin, afin de se sortir de ses galères, ou encore Huddles Gilbert, le frère de Ferris, qui se retrouve incarcéré après avoir été pris en possession de drogue. 


Ce qui fait que j'ai été captivé par ce roman, c'est sa construction: une construction en puzzle qui sombre progressivement dans la désolation, au point de nous faire peur devant l'issue inéluctable du roman, qui va fatalement vers une impasse où le happy end serait oublié. Ce qui est difficile a accepté en tant que lecteur quand on s'est pris d'affection pour des personnages comme Terry ou Huddles. 


J'ai toutefois ressenti comme un petit coup de mou dans la 2e partie (celle consacré à Jason, le conseiller de la prison où est enfermé Huddles). Ce dernier, atteint de nanisme (j'ai d'ailleurs eu beaucoup de mal à me représenter le personnage, ne sachant pas à quel point il pouvait être petit par rapport aux autres personnages du roman). Alors, son histoire n'est pas intéressante, mais j'étais tellement pris avec celles des deux garçons, Huddles et Terry, que j'ai eu un peu de mal à les mettre de côté durant cette 2e partie. 


Mais bon, ce n'est qu'un petit bémol car, passé cette partie, le roman repart de plus belle. Un roman noir qui ne ménage pas ses rebondissements dont certains m'ont surpris. La brièveté du roman y est peut être pour quelque chose: ainsi, l'auteur va à l'essentiel et ne passe pas des pages à faire hésiter ses personnages. 

Puis, vient la fin du roman: une fin que j'ai trouvé mélancolique, tout comme la ville de Lynch et ses habitants, qui se meurent à petit feu, comme si ceux ci étaient des condamnés en attente d'une mort prochaine. 


Au final, un petit polar rural surprenant qui a su me conquérir par son ambiance: celle d'un Sud Etasunien en déliquescence où chaque personnage essaie de trouver une porte de sortie, quitte à risquer leur vie. 




Jordan Farmer: La mort sur ses épaules, (The Pallbearer), Rivages, 287 pages, 2022











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