mardi 4 juin 2019

Bleue

4e de couverture: Norvège, 2017. Depuis son plus jeune âge, Signe a fait passer l’écologie avant tout. Ainsi a-t-elle préféré renoncer à Magnus, dont elle ne partageait pas les idées. Aujourd’hui, elle vit sur un bateau amarré dans un fjord, au plus près de l’eau.  Et c’est pour sauver l’eau qu’elle décide à soixante-sept ans d’entreprendre un dernier périple en mer, lorsqu’elle apprend qu’une opération commerciale, autorisée jadis par Magnus, menace son glacier natal. L’heure est venue pour Signe d’affronter son grand amour perdu. Pour cela, elle doit prendre la direction du sud de la France…
France, 2041. La guerre de l’eau bat son plein. Avec Lou, sa fille aînée, David a fui les Pyrénées ravagées par la sécheresse pour retrouver sa femme et leur bébé, dont il a été séparé. Mais les réfugiés climatiques sont bloqués à la frontière, et les ressources commencent à manquer. Un jour, à des kilomètres de la côte, David et Lou trouvent un voilier au beau milieu d’un champ desséché.

2e volet d'un Quadriptyque sur l'écologie, la romancière Maja Lunde, nous offre avec Bleue, un livre intriguant sur un élément vital: l'eau. 

Alors, je vous rassure de suite: si "Bleue" est bien un 2e volet, il n'est pas nécessaire d'avoir lu "Une histoire des abeilles" pour lire celui ci. Les romans sont indépendants. Ce qui relie les 2 romans, c'est le thème de l'écologie. Chaque roman aborde un problème de l'écologie: la disparition des abeilles, pour le premier, "L'eau", pour le second. 

C'est le résumé fort intriguant, qui m'a donné envie de découvrir ce livre. On est ente un roman contemporain, mais dans un monde post apocalyptique également. 
En effet, deux temporalités s'offre à nous par l'intermédiaire de deux voix: celle de Signe, 67 ans, qui décide de quitter la Norvège avec un chargement spécial, sur un bateau. Nous sommes en 2017. Puis la voix de David, un père de famille et sa fille, qui quitte Argelès pour retrouver sa femme et son plus jeune fils. Ils arrivent alors dans un camp dans le sud de la France. La Terre suffoque sous une chaleur infernale et la pluie ne tombe plus. Nous sommes en 2041. 
D'un chapitre à l'autre, on navigue entre les deux histoires, en se demandant tout du long, si celles ci ont un rapport entre elles. 
Pour être honnête, si j'ai tenu à continuer la lecture de ce livre, c'est pour connaître le destin de David et de sa fille Lou. C'est clairement la France de 2041 qui aura eu ma préférence tout du long. J'ai aimé suivre le parcours rocambolesque de ce père et de sa fille, pris dans le tumulte de cette vie sans eau. Non pas que l'histoire de Signe, n'est pas intéressante, mais elle m'a moins passionnée. C'est tout. Elle déroule son histoire avec Magnus, son compagnon, qui ne défend pas les mêmes  passions qu'elle. Signe est une pasionaria qui se bat pour le Glacier de son village, qu'un barrage risque de faire fondre.

Maja Lunde conte des choses très réalistes qui font froid dans le dos. Si l'on n'y prend pas garde et qu'on gaspille notre eau pour notre plaisir personnel, on risque de ne plus en avoir et la terre deviendrait un désert qu'un grand brasier viendrait consumer. 
De plus, le style fluide, très dialogué de Maja Lunde, rend cette expérience fort personnelle et intemporelle. 

En fait, le bémol de ce roman, en l'ayant refermé après avoir lu le dernier mot, c'est que l'histoire n'est pas aussi grandiose que ce sujet pouvait le faire croire. On pourrait même être un peu déçu, que l'histoire soit simplement, résumé dans une relation qui s’effrite entre Signe et Magnus, et la relation entre un père et sa fille, parti à la recherche du reste de la petite famille. On pourrait penser: un sujet aussi vaste et important que l'eau ne méritait qu'une petite histoire très personnelle, sans importance pour l'humanité entière? 
Oui, mais pas vraiment. 
En y réfléchissant, je me dis, que, certes, l'histoire n'est pas aussi grandiose qu'un film catastrophe, mais elle est avant tout très intime. Et c'est justement ce qui fait sa force: en se focalisant, sur le parcours de Signe, dans sa vie de militante, mais également son histoire d'amour avec Magnus, et de l'autre côté, l'histoire fort belle et touchante de David et sa fille, Lou, qui se retrouvent sur les routes de France pour tenter de survivre, Maja Lunde nous raconte notre vie tout simplement. On peut alors s'identifier à Signe, ou à David, et se demander comment, dans ce contexte extraordinaire, qui pourrait devenir notre avenir si on n'y prend pas garde, nous réagirions face à cette catastrophe. 
Surtout, les deux histoires, qui sont les facettes d'une même pièce, racontent les causes, et les conséquences d'une catastrophe future. Et les facettes de cette pièce se recollent vers la fin du livre pour montrer toute sa complexité. 

Au final, un roman fort touchant, qui tire la sonnette d'alarme, et nous interroge sur le sens de notre hypothétique futur. Un roman qui parle de l'intime pour que le lecteur puisse s'identifier aux personnages et se poser ces questions: que ferais je moi, si j'étais dans cette situation? C'est un roman qui interroge, interpelle, qui nous alarme, mais qui, de par ses deux personnages principaux, Signe et David, laisse entrouvrir une lueur d'espoir. Un moyen de se dire, qu'il n'est pas encore trop tard, mais qu'il serait bon d'agir...Maintenant! 

Merci aux Editions Presses de la Cité pour la découverte de ce livre. 

Maja Lunde: Bleue, (Bla), Presses de la Cité, 354 pages, 2019


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