samedi 16 février 2019

Nord & Sud

4e de couverture: Après une enfance passée dans un village riant du Hampshire, Margaret Hale, fille de pasteur, s’installe dans une ville du Nord. Témoin des luttes entre ouvriers et patrons, sa conscience sociale s’éveille. John Thornton, propriétaire d’une filature, incarne tout ce qu’elle déteste : l’industrie, l’argent et l’ambition. Malgré une hostilité affichée, John tombera sous son charme.



Autre résolution pour 2019, lire, de nouveau, des classiques. Et mon premier choix de l'année, s'est porté sur le roman le plus connu d'Elizabeth  Gaskell, Nord et Sud

Un constat vient de suite: quel plaisir de retrouver une langue plus classique et travaillée avec un côté très XIXe siècle. Ce fut un véritable bonheur. 
Autre bonheur: retrouver le "charme" de l'Angleterre Victorienne. (Alors, je mets charme entre guillemets car ce qui frappe dans Nord et Sud, c'est la noirceur de la vie des personnages. Que de tristesse!)

Ce qui m'a énormément plu dans ce roman, c'est la dimension sociale: Elizabeth Gaskell nous décrit et confronte deux régions: celle du Sud avec son bon air, ses champs, ses paysans, sa douceur, et celle du Nord, plus noire et sale avec ses usines, ses fumées, ses ouvriers pauvres, les conflits et la violence de certaines situations. 
Cette confrontation se vit à travers deux personnages: Margaret, fille de pasteur venant du Sud et qui s'installe avec ses parents dans le Nord, et John Thornton, patron de manufacture, froid et arrogant. Le patron dans toute sa splendeur. L'auteure met ces deux êtres en conflit, et, pour pimenter un peu les choses, fait tomber amoureux l'un des deux...qui n'est pas aimé en retour. 

Ce qui me frappe en lisant ce livre,ce sont tous les passages sur la grève des ouvriers de l'usine de John Thornton: quelle clairvoyance et quelle audace pour une auteure de cette époque de prendre ce sujet à bras le corps et de le défendre ainsi. Ce qui est encore plus frappant, c'est que bien qu'écrit il y a plus de 160 ans, les comportements et les dialogues qu'elle écrit semblent encore fort actuels dans l'époque où nous vivons...et vient alors ce constat terrifiant: la vie et les combats sont d'éternels recommencements. 

Venons en aux personnages: Margaret est un portrait saisissant d'une femme forte et indépendante, qui n'hésite pas à éconduire ses prétendants pour vivre libre. Elle a une parole libérée et des convictions qui peuvent parfois la conduire dans des situations fâcheuses et complexes. J'ai beaucoup aimé cette demoiselle, et ses combats envers les plus démunis. Sa compassion envers la famille Higgins est des plus touchants. 
Pour John Thornton, c'est plus complexe: j'ai eu beaucoup de mal à le cerner: tantôt, je l'ai détesté, mais sous la carapace, on rencontre un homme qui doute...et surtout c'est un  homme qui s'est fait tout seul. Sous son arrogance, se cache un coeur meurtri. 
Le pasteur et sa femme sont des gens admirables, qui épaulent leur fille du mieux qu'ils peuvent et sont toujours derrière elle, n'entravant jamais sa liberté. 
Les autres personnages, des Higgins, aux membres de la famille Thonton, tous jouent leur partitions à la perfection. 

Bon, je l'avoue, j'ai mis quinze jours à lire ce livre, mais c'est un livre pour lequel il faut du temps pour bien tout comprendre. Alors, il est vrai qu'il y a certaines longueurs, mais l'époque décrite est tellement passionnante, qu'on ne peut qu'y adhérer.
Autre bémol: le manque de romantisme. J'espérais que l'histoire d'amour malmenée de Margaret et John auraient plus des airs d'Elizabeth et Darcy...mais non, nous sommes vraiment dans un roman industriel, qui fait plus la part belle aux conditions sociales de l'époque plutôt qu'à la simple histoire d'amour contrariée.  Certes, il y a des quiproquos, mais il y a vraiment beaucoup de tristesse et de morosité dans ce roman, comme le Nord qui y est décrit. Alors, c'est probablement de ma faute: je me suis fait une fausse idée de ce roman dès le départ. Cependant, ce bémol n'a pas entâché mon plaisir de lecture. 

Au final, malgré ces quelques bémols, "Nord et Sud" est un roman fort, qui touche au coeur de l'être, avec un personnage féminin emblématique et fort, qui nous entraîne dans un tourbillon jusqu'à un final plus apaisé, qui lui m'a ravi.. J'ai maintenant hâte de voir l'adaptation que la BBC a fait de ce grand roman. 

Elizabeth Gaskell: Nord et Sud (North & South), Points, 686 pages, 2005



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