vendredi 9 novembre 2018

Les chemins de promesse

4e de couverture: A une vie tracée par son père, Aubin, l’héritier du mas de Castanhal, a préféré l’aventure. La construction de la ligne de chemin de fer entre Paris et la Méditerranée sera pour le jeune homme le terrain d’intenses initiations et de rencontres en ce milieu du XIXe siècle.
Tout doit être immuable au mas du Castanhal où le maître des lieux, Lazare Pradier, trace pour ses enfants, Aubin et Adélie, des chemins de vie calqués sur le modèle des anciens. A l’insu de son ombrageux époux, Blanche les instruit de son mieux d’un savoir reçu d’un vieil abbé. Adélie récoltera les premiers fruits de cet enseignement en quittant le Castanhal pour s’occuper des enfants d’un ingénieur des mines. Les premiers émois amoureux d’Aubin, cruel apprentissage, vont ouvrir à l’héritier du Castanhal d’autres horizons. Comme celui de la construction d’une ligne de chemin de fer qui sera pour lui le champ d’intenses découvertes : celle de l’amitié, d’abord, qui le liera à Pierre, un cadet dépossédé et jeté sur les chemins de misère ; celle de la satisfaction du travail accompli ; celle de l’amour enfin !
Et tant pis si les plans minutieusement établis par Lazare s’en trouvent bouleversés. Le voyage initiatique de son fils Aubin en fera un homme dont Lazare pourra être fier.

Le nouveau roman de Mireille Pluchard est une lecture rempli de promesses. La promesse de passer un bon moment, la promesse d'apprendre des choses sur la naissance du rail...et tant d'autres choses. 
J'ai pris le temps de savourer ce roman car je m'y sentais bien à chaque fois que je m'y plongeais. Nous allons suivre la famille Pradier dans ce petit coin des Cévennes, au mas du Castanhal (qui veut dire Chataigneraie en Occitan): un père rude et bougon,Lazare (qui représente bien les paysans de ce temps là, celui du XIXe siècle), une mère douce et aimante, Blanche, qui fera tout pour que ses enfants aient de l'éducation. Et les enfants, donc, Aubin et Adélie. Aubin, qui, à vingt ans, partira sur les chantiers du rail, et Adélie, qui deviendra gouvernante dans une riche famille. 
Qu'est ce que j'ai aimé suivre ces deux jeunes gens, Aubin et Adélie dans leurs péripéties (et elles seront légions au fil de ces 540 pages): ils sont des personnages tels que je les aime: gentils, doux, faisant face à l'adversité et aux multiples misères que la vie sème sur leur route. On tremble pour eux, on voudrait les épauler, comme le fait Pierre, l'ami et confident d'Aubin. On rit avec eux. En bref, on vit en leur compagnie des aventures extraordinaires. 
La plume de Mireille Pluchard est des plus belles. Elle a le charme d'une écriture du XIXe siècle, dans certaines expressions, se mariant bien avec l'époque qu'elle raconte. Les mots et expressions occitanes qui parsèment le roman fait que je me suis senti en immersion totale. Le plus de ce roman régional, c'est la découverte de ce progrès qu'était le chemin de fer qui se construisait au prix de vies humaines (comme tout progrès j'ai l'impression). Avec force détail, Mireille Pluchard nous montre comment ces rails ont traversé le pays, et plus particulièrement ici, en Cévennes, pour relier les gens et les villes entre eux. C'est passionnant de bout en bout, surtout qu'en parallèle, on suit l'ascension d'Aubin dans ce monde là. Mireille Pluchard montre aussi deux mondes qui se télescopent, celui des temps anciens, que représente Lazare, dans tout ce qu'il a de plus arriéré, et celui du progrès, représenté par Blanche, qui, pour l'avenir de ses enfants, ira contre son mari,en leur apprenant à lire et écrire, au risque d'essuyer sa colère. 
Plus je redécouvre le roman régional, plus j'apprend à l'apprécier. C'est un genre à part entière de la littérature, qui,en parlant de nos régions, nous en apprend toujours plus sur la vie de nos ancêtres et sur nous même. Les Chemins de Promesse en est encore une fois une belle preuve. 
Au final, un roman que l'on savoure lentement afin d'en apprécier toutes les saveurs. Un roman, qui, tout en nous contant un destin commun à beaucoup de jeunes gens, nous parle du progrès, et nous en apprend plus sur le monde du rail et ce nouveau moyen de transport qu'était le train. Sans oublier pour autant d'où l'on vient: de cette terre qui nous a vu naître et vers laquelle on revient toujours. Un roman plein de promesses, qui m'a ravi. 
Merci aux Editions Presse de la Cité pour ce voyage temporel, sur les rails de la vie d'Aubin et des siens. 
Merci également à Mireille Pluchard pour la gentille dédicace. 
Mireille Pluchard: Les chemins de promesse: Presses de la Cité, 540 pages, 2018


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