vendredi 26 janvier 2018

Le colis

4e de couverture: Madhu est une hijra : née dans un corps d’homme, amputée de ses attributs sexuels masculins, elle est une sorte de troisième sexe, ni homme ni femme. La quarantaine passée, après des années de prostitution, Madhu doit mendier pour vivre et rester auprès de sa gurumai, sa guide. Par l’entremise de cette dernière, Madame Padma, tenancière redoutée, lui confie une mission qu’elle ne peut refuser : s’occuper d’un colis. Les colis, ce sont ces fillettes, vendues par leurs familles pour devenir des esclaves sexuelles, à qui il faut faire comprendre que leur sort est scellé, qu’elles ne pourront jamais s’échapper de Kamathipura, le quartier rouge de Bombay.

Beaucoup de souvenirs remontent à l’esprit de Madhu : son enfance engoncée dans un corps qui n’était pas le sien, sa rencontre avec celle qui fera d’elle une hijra, le rejet de sa famille, ses années fastes, puis les regrets, la nostalgie, les remords aussi. Malmenée par la vie, éminemment lucide, Madhu raconte la noirceur du monde dans lequel elle vit. Pour autant, une petite lueur continue à lui dire qu’une rédemption est possible – si ce n’est pour elle, peut-être pour les autres.


Le dernier roman d'Anosh Irani, Le colis est l'un de ces romans qui normalement vous interpellent et dont les personnages vous laissent un souvneir impérissable. 
Enfin, ça, c'est quand vous êtes dans de bonnes conditions pour le lire. Ce qui n'était pas vraiment mon cas, ces derniers jours: la tête ailleurs avec des soucis personnels avec lesquels il faut essayer de se dépatouiller, difficile de se concentrer sur la lecture (il y avait même des jours où l'envie n'était même pas là). 

Tout ça pour dire que mon ressenti sur ce roman n'est pas de sa faute, car c'est un bon roman, sur un sujet très intéressant et que j'ai peu l'habitude de rencontrer  (le transgenre) et avec un personnage très fort en la personne de Madhu (que j'ai apprécié, même si je n'ai pas eu toute l'attention et l'empathie qu'elle aurait mérité d'avoir). Car Madhu, femme, né dans un corps d'homme,et qui devient une hijra en vendant son corps est tout de même des plus attachants. Son histoire ne peut pas laisser indifférent: elle s'est toujours senti exclu dans ce corps de garçon qui n'était pas la fille qu'elle pensait être. C'est sa rencontre avec sa  Gurumaï, qui va changer son destin. 

C'est également à la découverte d'un pays que nous invite l'auteur, et à un quartier (Kamathipura) plus particulièrement. Le voyage est alors garanti...sauf qu'il n'est pas toujours des plus plaisant: en effet, on se retrouve dans le quartier de la prostitution, que l'auteur décrit de manière fort réaliste, même si le style de l'auteur y ajoute une petite part de "poésie". Il n'en oublie pas pour autant tous les sujets dont il traite...car ils sont nombreux: la transexualité, à travers Madhu et ses collègues hijra, la prostitution et toutes les castes qui en découlent (car les bordels sont organisé par maison et chaque hijra est accompagné par sa gurumaï (sa guide); mais on parle également, avec l'apparition du "colis" (la petite fille ne sera finalement nommé que par ce patronyme (sauf quand on lui donnera un autre nom) des fillettes vendues par leur famille pour en faire des esclaves sexuelles. C'est l'un des aspects ddu livre qui m'a mis le plus mal à l'aise, mais heureusement l'auteur, par l'intermédiaire de Madhu, qui doit s'occuper de l'éducation du colis, et qui le fait plus pour la protéger que pour la patronne du bordel, rend tout ceci plus supportable: la compassion que Madhu ressent pour la petite fille, enlève ce poids de terreur qui peut nous submerger par moment. 

Tout ceci donc fut intéressant mais je n'ai pas pu m'impliquer émotionnellement dans le roman. Je trouvais ma lecture plaisante et je voulais tout de même en savoir plus sur le passé de Madhu (qui nous est raconté par flashbacks) mais aussi sur son avenir,que je ne voyais pas joyeux, mais je n'étais pas impliqué. C'est fort dommage car c'est un roman qui aurait mérité plus de mon attention. 

Au final, un  roman intéressant qui parle de sujets fort, touchant, brûlant, choquant, mais toujours décrit avec justesse par Anosh Irani, mais qui n'a pas pu m'embarquer complètement pour des soucis personnels. Peut être aurait je dû faire une pause dans ma lecture pour le lire correctement. Tant pis, pour nous (le livre, et moi). Toutefois, si vous tombez sur un exemplaire, n'hésitez pas à partir à sa découverte, il vaut le détour...et peut-être que votre voyage sera plus serein que le mien. 

Merci aux Editions Philippe Rey pour cette découverte. 

Anosh Irani: Le colis, (The Parcel), Philippe Rey, 334 pages, 2018

1 commentaire:

  1. Pour moi ce fut une lecture coup de poing.Mais il est vrai que j'ai plusieurs fois glissé une autre lecture pour faire des pauses et m’imprégner de son contenu. En lisant ta chronique, je me rends compte que j'ai bien fait, car sinon j'aurais du mal à "l'apprécier". Cela étant, cela reste un livre dur, violent qui inspire la révolte.

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