dimanche 20 novembre 2016

Des hommes

4e de couverture: Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements », en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d'autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies.

Mais parfois il suffit de presque rien, d'une journée d’anniversaire en hiver, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que, quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.



La Guerre d'Algérie reste une énigme, comme si cette guerre, que l'on taisait par honte(?) était une plaie encore vive. 
C'est une guerre peu développée dans le monde de l'art, que ce soit au cinéma, en chanson ou en littérature. 
Alors, quand je suis tombé sur ce roman de Laurent Mauvignier (auteur que j'ai eu la chance de rencontrer cette semaine lors d'un échange à la librairie Gibert de ma ville), qui traite de ce sujet là (enfin, plus de l'après-guerre et de ces non-dits justement, qui renferme des rancoeurs), je n'ai pas hésité une seule seconde. 

Il m'aura fallu une semaine pour lire ce court roman,tellement intense. (Le fait que je sois bien occupé par le travail et des activités annexes ont participé à la longévité de ma lecture) 
J'ai trouvé le début nébuleux et tortueux: cette première partie (l'anniversaire de Solange et l'arrivée inopportune de son frère Bernard) plante le décor mais ne nous dévoile pas grand chose. Un événement  va faire resurgir de la mémoire de Rabut, (le cousin de Bernard et Solange) des souvenirs de la guerre d'Algérie,  qui viennent le hanter la nuit. 
C'est cette 2e partie (celle qui se passe durant le conflit en Algérie où Bernard, Rabut et Février, sont de jeunes appelés) qui m'a le plus captivée, mais également horrifié. Laurent Mauvignier a su trouver les mots justes pour nous raconter l'horreur de cette guerre. Je trouve même qu'il va très loin dans certaines descriptions (la mort du médecin que ces jeunes soldats retrouvent pendus est des plus insoutenables, car l'auteur prend du temps avant de nous dévoiler l’innommable ) mais elles participent au portrait sanglant, violent et âpre de cette guerre. 

Si j'ai mis du temps pour lire ce roman qui prend aux tripes et ne laisse pas indifférent,c'est que le style de Laurent Mauvignier n'est pas des plus faciles à appréhender (je n'ai pas trop l'habitude d'un style comme celui là: des phrases courtes, hachées, comme des bégaiements ou des non dits qui ne voudraient pas sortir, des dialogues qui se confondent avec la narration. Il faut alors du temps pour trouver le rythme et la musique de l'écriture pour y entrer complètement. 

Au final, un roman puissant et âpre, qui colle bien au sujet du livre (le conflit algérien) qui se penche sur ses jeunes hommes qui ont perdu leurs illusions et leur jeunesse, dans un pays qui n'était pas le leur, mais que l'on disait pourtant français. Cette confusion, la barbarie et la violence qui en a découlé fait comprendre la naissance de ces silences. Cette guerre dont on parle peu, même encore aujourd'hui certains artistes comme Laurent Mauvignier ou Serge Lama, avant lui, ont eu le courage de rouvrir la plaie pour en parler, au plus juste, même si cela fait mal de le lire. Un roman à découvrir, même si je ne le conseillera pas forcément aux âmes trop sensibles. Enfin, si le sujet vous intéresse, vous pouvez toujours tenter. C'est à vous de voir. Pour ma part,j'en garderai une petite trace, au fond de moi. 



L'Algérie (Serge Lama)

Laurent Mauvignier: Des hommes, Editions de Minuit, 283 pages, 2009/2011


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