dimanche 23 mai 2021

Bienvenue au Club

Résumé: Imaginez ! L'Angleterre des années soixante-dix, si pittoresque, si lointaine, avec ses syndicats prospères et sa mode baba cool. Une image bon enfant que viennent lézarder de sourdes menaces : tensions sociales, montée de l'extrême droite, et une guerre en Irlande du Nord qui ne veut pas dire son nom.
Mais dans ces années où l'État-providence laisse place au thatchérisme, Benjamin, Philip, Doug et leurs amis ont d'autres choses en tête : s'intégrer aux clubs de leur lycée, oser parler aux filles, monter un groupe de musique, s'échapper de Birmingham l'endormie pour des aventures londoniennes... Trop innocents pour saisir les enjeux et les intrigues qui préoccupent leurs parents. Jusqu'à ce que le monde les rattrape.
 


1er volet d'un diptyque (qui est devenue une trilogie entretemps), Bienvenue au Club est une radiographie de l'Angleterre des années 70. 

C'est en remarquant qu'un 3e volet était sorti en poche, que j'ai eu envie de sortir ce 1er volet du "Rotter's Club". Je dois dire que je ne m'attendais pas à autant apprécier ce livre. Bon, le côté lycéen du roman y est pour quelque chose. J'adore les romans qui se déroule lors de cette période de la vie, mais ce qui fait l'originalité de ce roman est dans sa forme. Jonathan Coe alterne les points de vue, entre les adolescents et les parents. Mais prend aussi le parti d'insérer des articles de journaux lycéens, des lettres et autre extraits de journaux intimes. 

Alors, il est vrai que la mise en main n'est pas évidente: le roman est foisonnant et le nombre de personnages à interagir peut nous perdre au tout début, mais on s'y fait et ensuite c'est un plaisir de découvrir les années 70 anglaises: le mouvement des grèves, la musique de ces années là, la montée de l'extrême droite et le côté politique est bien amené grâce à des personnages forts et attachants. 

Benjamin est probablement le personnage auquel j'ai été le plus proche: il se laisse porter par la vie et par les autres, mais réussira à trouver un équilibre. La vie ne va pas non plus l'épargner, et l'évènement qui arrive à sa soeur à la fin de la première partie, va chambouler sa vie en tout point. Bien sûr, son petit frère, Paul, est l'archétype du gamin à baffer que j'ai eu envie d'étriper à chaque apparition. 

Le côté social et politique, que l'on découvre grâce notamment au père de Doug, Bill Anderton, syndicaliste dans une usine, en grève au début du roman, est des plus passionnant et nous montre cette Angleterre aujourd'hui disparue, celle d'avant Thatcher. 

Puis, ce qui retient également l'attention, c'est le postulat de départ du roman: deux jeunes ados, Sophie et Patrick,  dont les parents respectifs se sont retrouvés par hasard à Berlin en 2003, (29 ans avant les évènements du roman) , décident de faire connaissance en racontant la vie de leur parents...sauf qu'on ne saura qu'à la fin du  roman qui est cette fameuse mère et ce fameux père, laissant ainsi au lecteur la surprise et instille un suspense qui nous fait avancer. 

Autre point que j'ai trouvé stylistiquement original, c'est l'écriture de la dernière partie: celle ci n'est composée que d'une seule phrase, dont le point final n'arrivera qu'au bout de 50 pages. Je vous l'accorde, il faut la lire d'une traite, mais c'est un procédé magique qui nous fait avancer et comprendre dans quel état d'esprit est Benjamin à ce moment là. 

Vous l'aurez compris, ce roman m'a plu pour son côté historique, mais aussi stylistique et narratif. Et comme, vous vous en doutez, je veux savoir ce que deviennent Benjamin, Philip, Doug, Claire, et même Paul, quelques années plus tard. Donc, je lirai la suite, off course. 


Jonathan Coe: Bienvenue au Club, (The Rotters' Club), Folio, 537 pages, 2003




1 commentaire:

  1. Rebonjour, tous les Jonathan Coe sont recommandables. Celui-ci comme les autres. Je viens d'acheter le dernier qui vient de paraître. Le royaume désuni. J'ai hâte de le lire. Bonne après-midi.

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