dimanche 4 avril 2021

Le triomphe du singe-araignée

 

Résumé: Accusé Bobbie Gotteson, levez-vous ! Au tribunal, se joue la vie de cet énergumène, faciès de singe et jambes velues d'araignée. Il voulait briller sous les feux de la rampe en étant acteur ou chanteur. Raté ! Aujourd'hui, il est sous les projecteurs de la Justice à cause de son principal hobby : découper des femmes à la machette. Bobbie Gotteson, autoproclamé le Taré, vous êtes condamné !


Joyce Carol Oates a toujours su mettre en lumière les laissés pour compte, les méchants, les ordures, les fous. 

Avec ce triomphe du singe araignée,, elle s'est surpassée. Elle a su entrer dans la tête d'un véritable psychopathe, en nous livrant ses pensées telles qu'elles arrivent, mais surtout sans juger. C'est alors à une écriture décousue, sans queue ni tête, mélangeant prose et poésie dans un même paragraphe, donnant à son histoire cet air nébuleux qui fait qu'on a vraiment du mal, en tant que lecteur à s'y retrouver. 

Alors, c'est brillant, comme d'habitude chez J.C. Oates, mais c'est également déstabilisant. La discours décousu de Bobby Goteson, le psychopathe de l'histoire, dont le lecteur assite au procès, renforce la confusion dans laquelle le lecteur se trouve. J'ai été mal à l'aise tout au long de ma lecture, ne sachant pas bien où l'auteur veut nous emmener au final...et le malaise grandit encore plus. Heureusement, la brièveté du livre nous sauve de ce sentiment de malaise qui ne dure que quelques heures. Je pense que je n'aurai pas supporté de rester dans la tête de cet être dérangé plusieurs jours. 

Alors, s'il faut saluer le génie de Oates d'avoir su entrer dans la tête d'un tueur et nous restituer sa pensée malade, il faut saluer le travail du traducteur Claro, qui a su retranscrire en français, la complexité de ces propos et de cette pensée. Le travail de traduction a dû être fastidieux, car la pensée décousue, qui se mélange avec les parties au tribunal lors du procès, qui ne sont que la représentation que Bobby, l'accusé, s'en fait, participe complètement à ce sentiment de malaise et de confusion qui nous habite. 

Soyons, clair, ce ne sera pas un de mes Oates préférés, loin de là, mais je salue le génie de Mrs Oates, qui a su plonger au plus profond d'un esprit malade, jusqu'à toucher l'abyme de cet individu pour nous faire comprendre comment ces personnes là ressentent le monde qui les entourent. Tout simplement brillant, mais totalement dérangeant. C'est Joyce Carol Oates, tout simplement. 


Joyce Carol Oates: Le triomphe du singe-araignée, (The Triumph of the Spider Monkey), Points, 128 pages, 1976 (2010 pour la traduction française)






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