lundi 8 juillet 2019

Texto

4e de couverture: Il est des gens qui laissent une trace derrière eux, et il y a ceux dont il ne reste rien.
Le smartphone sait tout de nous : notre quotidien, nos vices, nos amours, nos espoirs, nos secrets inavouables. Mon smartphone est moi. Si quelqu'un s'en empare, il devient moi aux yeux de tous. Le temps que l'imposture soit découverte, il est trop tard. Pour tout le monde.
Haletant, sombre, émouvant et engagé, le nouveau roman d'un des prodiges de la nouvelle génération d'écrivains russes.

Dmitry Glukhowsky s'est fait connaître du public par sa saga futuriste "Métro (2033;2034; 2035)". Il revient ici avec un roman fort actuel sur un objet qui gère notre vie: le smartphone. 

Alors, autant vous dire tout de suite, que pour moi, qui ne suis pas un adepte du smartphone (c'est bien simple, j'ai encore un portable à clapet, non tactile, qui ne me permet essentiellement que de passer des coup de fil ou des envois de SMS), ce roman est un peu de la science fiction. 
J'étais toutefois intrigué de me plonger dans ce roman pour la thématique qu'elle aborde: maintenant que nous avons toute notre vie dans notre téléphone portable, comment savoir si l'on est encore en vie et que quelqu'un n'a pas pris notre place, grâce à ce petit objet qui sait tout de nous. 
En effet, Ilya, qui sort de prison après 7 ans d'incarcération, tout simplement pour avoir été interpellé et piégé dans une boite de nuit, décide de se venger du flic qui l'a privé de sa liberté. Il va ainsi le croiser dans la rue, puis le tuer, en emportant son smartphone. C'est ainsi qu'Ilya va s'immiscer dans la vie privée de son bourreau et prendre sa place. 

C'est un roman haletant, qui m'a fait m'interroger sur le sens de notre vie. Il est vrai qu'au jour d'aujourd'hui, notre vie devient quasi public avec réseau sociaux et téléphone portable, et il est très facile pour des gens mal intentionné de prendre notre place sur ces réseaux. Par l'intermédiaire du polar, Dmitry Glukhovsky nous fait nous interroger sur ce sujet là. Il y a un côté voyeurisme dans ce roman: Ilya entre dans la vie privée de son bourreau et victime en prenant sa place et en essayant de se fabriquer une nouvelle vie, mais c'est également la même chose pour le lecteur qui est voyeur de la vie d'Ilya. Il y a un effet miroir déconcertant. 

Alors, si ce côté m'a fortement plu, et que j'avais tout de même envie de savoir comment tout cela allait se terminer, j'ai eu quelques moments de flottement dans ma lecture, n'étant plus aussi assidu. Le fait de ne suivre une histoire que par l'intermédiaire d'un smartphone (on ne suit finalement qu'un seul interlocuteur dans ce roman, c'est Ilya qui n'a aucun contact avec l'extérieur sauf avec le smartphone. Toute les conversation se passant par l'intermédiaire du téléphone) peut devenir un peu redondant à la longue, mais aussi un peu invraisemblable devant certaines situations. J'ai trouvé un peu tiré par les cheveux qu'Ilya s'en sorte aussi facilement par des pirouettes, pour éviter de rencontrer toutes les personnes à la recherche de Petia, le fameux flic, tué par ilya. D'où un petit manque d'enthousiasme au milieu du roman. 
Mis à part cela, c'est un roman qui ne manque pas d'intérêt de par sa thématique (le smartphone et ses dérives en définitive), mais aussi pour le pays qu'il nous fait découvrir: la Russie et ses méthodes pas très subtiles. On découvre que Petia, la victime, n'était pas le flic exemplaire qu'on pouvait croire, mais un flic corrompu). 

Au final, un roman intéressant sur un sujet fort actuel (les portables et leur dérive) qui nous intrigue une bonne partie du livre, mais qui a un petit bémol: certaines situations invraisemblables et un manque de souffle vers le milieu du livre. Mais je ne regrette pas cette lecture et la découverte de l'univers de Dmitry Gluckhovsky. 

Merci aux Editions l'Atalante pour cette découverte.

Dmitry Gluckhowsky: Texto, (Tekct), L'Atalante, 395 pages, 2019


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